À Ferro, « la direction est dans les cordes »
Vendredi 5 mai, une partie du personnel de Ferro, où 48 postes sont toujours menacés de suppression, s’est réunie à la maison des syndicats de Saint-Dizier. L’occasion de faire le point avec trois experts sur le plan de sauvegarde de l’emploi espéré par la direction.
Très vite, le ton est donné. « La direction va décaler le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), parce qu’elle est dans l’incapacité de fournir les documents nécessaires », claironne l’avocat Ralph Blindauer. Face à plus de 60 personnes, employées de Ferro Saint-Dizier et donc menacées par un plan de licenciements voulu par l’entreprise, trois experts sont venus expliquer plus en détails la situation dans laquelle se retrouve la direction.
Alors que la volonté première des dirigeants est de lancer un PSE. Celui-ci est empêché par divers manquements, selon Ralph Blindauer. Les experts, pédagogues, expliquent les thématiques sur lesquelles ils se sont penchés avant de rendre leur rapport à la direction de Ferro – sans bien sûr en divulguer quoi que ce soit. Pour faire simple : le motif économique justifiant le PSE, et les éventuels risques sanitaires en cas de mise en place de ce dernier.
Le PSE ne sera pas négocié
« La DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités, ndlr) contrôle les risques. En face de chaque risque, il faut une solution. Or ce n’est pas le cas ! », tempête Me Blindauer, à propos du rapport d’expertise sur les conditions de travail à Ferro.
Pour ce qui est du motif économique, la direction semble aussi manquer de munitions. « Ils ne seront jamais en mesure de démontrer que la compétitivité est moindre en maintenant les emplois ici, ni que la délocalisation en Espagne sauvera cette compétitivité », souffle Ralph Blindauer. Ainsi, aucune négociation sur le plan de sauvegarde de l’emploi n’est amorcée. « On ne va pas discuter le bout de gras sur un PSE, l’objectif est qu’il n’y en ait pas », ajoute l’avocat.
Et de conclure : « On ne va pas s’arrêter en si bon chemin, la direction est dans les cordes. L’objectif reste de torpiller le plan, d’être à zéro licenciement. » Pour l’heure, 48 postes risquent toujours d’être supprimés chez Ferro, dont 36 licenciements.
Dorian Lacour
La mobilisation continue devant les locaux bragards
Malgré la pluie, ils étaient là. Ce mardi 9 mai, aux alentours de 12 h, plus d’une vingtaine de salariés se sont donnés rendez-vous devant les locaux bragards de la multinationale afin de protester, une fois encore, contre le plan de licenciements annoncé par l’entreprise Ferro. Une grève qui devrait durer jusqu’au 11 mai, à midi.
« À moins que la direction retire son plan », précise Alexandre Leboeuf, délégué syndical CFDT de l’entreprise. Dans le cas contraire, par la suite, les grévistes prévoient d’ores et déjà d’autres actions : un déplacement au siège de la DREETS à Strasbourg, mais aussi un concert solidaire qui sera donné courant, voire fin mai. Un bras de fer économique bien parti pour durer donc.
Dominique Lemoine