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A Couvrot, les salariés de la cimenterie Calcia en grève depuis un mois

Déjà trente jours de grève pour une centaine de salariés du site Calcia, à Couvrot, dans la Marne.

Depuis déjà 30 jours, plus d’une centaine des 142 salariés de la cimenterie Calcia, à Couvrot dans la Marne, sont en grève. Un combat usant pour obtenir des embauches supplémentaires et une prime de 1 500 €. Et ce n’est pas terminé.

« Ces gars-là sont l’honneur du monde du travail, des modèles pour le pays entier. » A l’instar d’Eric Bardot, professeur à Saint-Dizier et membre de Solidaires, ils étaient plusieurs haut-marnais présents à Couvrot, à côté de Vitry-le-François, mercredi 4 octobre. Un soutien, comme tant d’autres, envers les salariés de la cimenterie Calcia appartenant au groupe allemand Heidelberg Materials (neuf usines en France). Depuis 5 heures du matin le 6 septembre, soit déjà un mois, plus d’une centaine d’entre eux (sur les 142 du site) sont en grève.

Contexte

Leurs revendications ? Des embauches supplémentaires et une prime de 1 500 € par salarié au titre des efforts fournis depuis des années. « On ne demande pas la mer à boire. Les conditions de travail se détériorent depuis un an à cause d’un manque de personnels et de considération. Le climat social s’est aussi fortement dégradé, entre des pressions, des avertissements et des contestations d’arrêts maladie », synthétisent Fabrice et Fred, délégués CGT, respectivement 18 et 24 ans de boîte.

Des demandes restées vaines, malgré sept réunions avec la direction, que nous n’avons pas réussi à joindre en dépit de nos sollicitations. « Ils sont complètement fermés. A défaut de création de postes, on assiste à un recouvrement par glissement. Concernant la prime, on nous dit que « les objectifs ne sont pas atteints » », poursuivent les syndicalistes. Selon les grévistes, les pertes s’élèveraient à 500 000 € par jour pour l’entreprise, alors que les primes demandées représentent 213 000 €. 

Détermination

Outre les Hauts-Marnais, les employés ont reçu dès les premiers jours, la visite du député de la circonscription Liot Charles de Courson, de la député européenne LFI Marina Mesure, d’une dirigeante nationale de la CGT Céline Verzeletti, ou encore le soutien de Jean-Luc Mélenchon. Sans oublier des collègues d’autres sites de Calcia qui ont débrayé en soutien. « La politique du chiffre, la politique managériale et la disparition de l’encadrement de proximité et une politique sociale où les salariés et représentants ne sont pas écoutés », c’est tout ce que dénonce un camarade venu du site de Beaucaire (Gard).

Ce mercredi 4 octobre, de nouvelles propositions ont été formulées avec une série d’outils pour l’amélioration du climat social : enquête sur les risques psycho-sociaux, présence d’un psychologue, renforcement des référents harcèlement moral… La veille, une rencontre a eu lieu entre 70 salariés et la direction. A travers un communiqué, cette dernière aurait affirmé, selon nos confrères de l’Union, la mise en place d’un « plan d’actions associant management et salariés ». Une assemblée générale était prévue ce jeudi après-midi pour décider de la suite des actions à mener : « On a réfléchi, on a peut-être d’autres solutions à vous proposer. On va continuer cette grève pour la gagner », conclut Pascal, délégué CGT du site marnais.

Louis Vanthournout

l.vanthournout@jhm.fr

La visite du député François Ruffin

Député Picardie Debout/LFI de la Somme, François Ruffin était de passage à la cimenterie ce mercredi 4 octobre, en fin d’après-midi. Une visite officielle en tant que rapporteur du budget de la sécurité sociale sur les maladies professionnelles, durant laquelle l’élu a posé des questions et pris note des témoignages d’une dizaine de personnes. « Je vois en face de moi des hommes qui sont costauds, dont les tâches sont physiques. Et au fond, pourtant, c’est par le psychique que ça vous fait craquer en face », analyse l’élu, rappelant le chiffre sorti par Xavier Bertrand, jadis ministre du Travail, qui évaluait le coût du mal-travail à 4 % du PIB.

« Bien vivre de son travail et bien vivre son travail », tels sont les deux axes que François Ruffin veut porter. « Tout ça n’est pas une fatalité. Les pays avec le même profil socio-économique que nous ne sont pas dans la même situation. On a besoin d’avoir un travail respecté dans notre pays. Je porte une proposition à la conclusion de mon rapport : une demi-journée par mois, entre salariés, sans la direction, pour discuter de notre travail, comment l’améliorer et que les délégués portent ça ensuite à la direction : une espèce de « Me Too » du travail. »

Concernant la situation des salariés de Calcia, le député LFI les soutient dans leur combat. Il leur a promis de mettre en lumière de leur cas quand l’occasion se présentera lors de ses prises de parole publiques. En parallèle, il les invite à se rendre à Paris, « la capitale du capital, où le pouvoir économique et médiatique est présent ». Des déclarations vivement applaudies, précédées par la requête formulée par un délégué syndical au nom de tous ses collègues : « François, ce que l’on veut, c’est que tu portes nos revendications haut et fort en haut lieu, que tu cries là-haut. »

Paroles de salariés

A l’occasion du passage du député François Ruffin dans le cadre de sa mission de rapporteur (et en guise de soutien), plusieurs salariés de la cimenterie se sont exprimés pour partager leur quotidien, avec une certaine émotion. Extraits de trois d’entre eux.

Laurent, du service électrique : « Quand il fallait brûler les farines animales, l’État était content de nous trouver ; combien de collègues ont vomi au doseur, c’était l’horreur. Mais en ce moment, on ne les voit pas. Je suis fils et petit-fils de cimentier, mes enfants ne travailleront pas ici, j’espère bien. Un homme ici a été coupé par le train, un autre s’est fait écraser en carrière, et mon copain est décédé à 33 ans. On était une super société, on était heureux. Dans mon service, on a plus de 55 ans. On était quatre, on n’est plus que deux, ils ne veulent pas les remplacer, mais on a beaucoup plus de pannes. J’espère qu’on va gagner, autrement, ça va être la misère pour nous. »

Alain, du service maintenance, 38 ans d’ancienneté : « Dans l’atelier combustible, pour réduire la consommation de charbon, on brûle tout un tas de produits dont on aimerait connaître la provenance et savoir ce qu’il y a dedans. On nous a pondu une belle installation, vous appuyez sur le bouton, ça démarre, mais on n’a pas fait un test. Au péril du matériel, mais surtout du personnel ; les camarades récupèrent toutes les petites erreurs, des problèmes de régulation. Par exemple, on a un grappin automatisé qui vient prendre et mettre en stock ; la dernière boulette, théoriquement c’était impossible, mais la machine a choppé la benne du camion. Ça aurait été une personne là, c’était pareil, on aurait eu un mort. Il faut vivre avec les problèmes. »

Un mécanicien, peu habitué des caméras : « On bouffe de la merde, on respire du CO, des gaz inconnus. On demande des analyses, jamais rien n’est fait. Les panneaux d’évacuation pas fonctionnels, on ne voit pas notre collègue ou par où sortir, on est comme une souris dans une nasse. J’ai eu au moins quatre ou cinq accidents de travail, plus un ou deux maquillés par les grands là-haut. J’ai pas envie qu’il y ait des morts, une petite stèle comme dans le bureau à côté de Mr le directeur. Depuis la nouvelle tour, les procédures d’évacuation ont été gommées, oubliées, pas mises à jour. On a tous envie de faire avancer la sécurité, mais on ne nous écoute pas. »

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