A cœurs vaillants rien d’impossible
Ce soir (21 h), à Francfort, les Bleus vont une nouvelle fois devoir faire
un gros match s’ils veulent faire chuter le Champion du Monde en titre, le Brésil. Difficile mais pas impossible. Haut les cœurs !
Comme il n’y a pas de mal à se faire du bien, nous allons faire un rapide retour dans le passé, juste pour le plaisir. Première étape en 1986, le 21 juin exactement. Ce jour là, à Guadalajara, au Mexique, les Bleus, pour le compte des quarts de finale de la Coupe du Monde, rencontrent le Brésil. Au terme d’une partie passionnante et indécise, les deux équipes sont à égalité (1-1). La terrible séance des tirs-au-but va devoir départager les deux formations. S’élance alors le jeune Luis Fernandez qui, plein de culot, ne tremble pas et envoie les bleus dans le dernier carré (4-3 aux t.a.b). Superbe !
La seconde séquence est encore meilleure. Nous sommes le 12 juillet 1998, jour de la finale de la Coupe du Monde en France. Les Bleus affrontent les redoutables Brésiliens. Zinédine Zidane, de deux coups de tête, met les Tricolores sur la voie d’un premier titre mondial. Emmanuel Petit inscrit le troisième et dernier but ; les Français sont Champions du Monde !
Les plus pessimistes, eux, ne manqueront pas de rappeler que le 24 juin 1958, en Suède, un certain Pelé a fait mordre le gazon à Just Fontaine et ses coéquipiers, au stade des demi- finales de la Coupe du Monde (5-2).
La France mène 2-1
C’est vrai mais, au total, sur trois affrontements lors de phases finales de la Coupe du Monde, les Bleus mènent deux victoires à une et toute la France espère que le dicton “jamais deux sans trois” se vérifiera. Si la tâche s’annonce difficile, elle n’est pas impossible, loin s’en faut. Même le Roi Pelé en personne a des craintes : «Je n’aime pas partir favori. J’ai de mauvais souvenirs de ça. A chaque fois que des équipes sont allées en Coupe du Monde en tant que favorites, elles ont perdu.» Pelé a raison. Sur les cinq trophées, les Brésiliens n’ont finalement assumé leur standing que deux fois, en 1962 et 1970.
En Allemagne, si les hommes de Carlos Alberto Parreira veulent décrocher une sixième étoile, ils vont devoir hausser leur niveau de jeu et ce dès ce soir. «Vous êtes durs avec eux, déclare Raymond Domenech. Vous dites qu’ils jouent mal et ils gagnent 3-0, je veux bien être aussi mauvais et me présenter face à vous avec une victoire 3-0 !»
Ronaldinho fatigué, Ronaldo critiqué
Certes, mais force est de constater que les Brésiliens nous ont habitué à mieux, à commencer par Ronaldinho. Sans aucun doute fatigué par sa saison à Barcelone, le Maestro de la “Seleçao” manque de souffle et d’inspiration. Il faut juste souhaiter que le Ballon d’Or ne retrouve pas son jeu si brillant face à la France…
Quant à la défense, elle a eu la chance de tomber sur des adversaires un peu trop respectueux et surtout très maladroits, même si Thierry Henry est plus nuancé. «Ils vont sans cesse de l’avant, automatiquement tu t’exposes plus.» Paradoxalement, le seul à répondre aux attentes est Ronaldo. Critiqué à longueur de temps, il n’en reste pas moins que l’attaquant brésilien, face au Ghana, a inscrit son 15ème but en Coupe du Monde, ce qui en fait le meilleur buteur de l’histoire devant l’Allemand Gert Müller (14). Respect. Thierry Henry sait que “El Fenomeno” est «dangereux et peut punir une équipe à tout moment.»
Faire bégayer l’histoire
Si les Brésiliens, comme les Français face aux Espagnols, sont capables de retrouver toutes leurs qualités ce soir, il n’en reste pas moins évident que cette “Seleçao” est prenable. Et si la formation capable de faire tomber les Brésiliens de leur piédestal s’appelait la France ? A n’en pas douter, si Zinédine Zidane et ses partenaires refont le même match que mardi face à l’Espagne, la victoire pourrait bien être au bout, même si Lilian Thuram pense «qu’il faudra encore plus élever le niveau de jeu face à une équipe beaucoup plus forte que les Espagnols.» Quant à Thierry Henry, il est formel
«quand nous aurons le ballon, il faudra bien l’utiliser.» En clair, il ne faudra pas le rendre trop vite aux Brésiliens et quand il sera devant leur but, il faudra faire preuve de réalisme. Vaste programme…
Ce soir, à Francfort, les hommes de Raymond Domenech vont tenter de faire bégayer l’histoire. A cœur vaillant rien d’impossible. Allez les Bleus, le monde vous regarde !
Reportage en Allemagne : Yves Tainturier