A Chaumont, un chef sert sur un plateau des repas aux soignants pour le bien-être de tous
Derrière l’acte de solidarité du Château de Courban au profit des soignants de l’hôpital, le propriétaire pense également à ses équipes. En se mettant dans l’action, il veut éviter les dérives psychologiques. Pour lui, le moral de chacun est désormais plus important que l’aspect financier.
Un peu de douceur dans ce monde brutal. Dimanche, le Château de Courban a renouvelé l’opération qu’il avait mené au printemps dernier en livrant 60 repas gratuits aux soignants du centre hospitalier de Chaumont.
Toutes les personnes qui en ont bénéficié avaient pleinement conscience de leur chance. Le repas a été entièrement concocté par le chef Takashi Kinoshita. En souvenir de « ses plats d’enfance », il a proposé une salade mousseline à la japonaise, une salade de Wakamé et navet Daikon, un teriyaki-don ou un tiramisu yuzu.
Frédéric Vandendriessche, le propriétaire du Château de Courban, explique le principe de solidarité qui s’est mis en place et qui a permis, avec d’autres établissements, de distribuer 2 000 repas. « Nous offrons un menu aux soignants pour deux menus achetés à 28 € ».
Un pour deux
Ces menus sont commandés par téléphone par les clients, avant 19 h et, le lendemain, ils les retirent dans des points de retrait. A Chaumont, il s’agit du rond-point de l’avenue de la République, le samedi, de 16 h 45 à 17 h 45. A Arc-en-Barrois, le rendez-vous est fixé le dimanche, de 11 h 30 à 12 h 30.
L’opération a été reconduite de manière naturelle en constatant que « la vie des soignants est toujours aussi rude » d’après Frédéric Vandendriessche. Mais, avec ce geste, le chef et lui pensent aussi à eux. Il leur est devenu indispensable de travailler et d’aller au contact des autres. A l’hôpital, voir le sourire du personnel leur a donné une bouffée d’oxygène.
Etat psychologique
L’homme estime ne pas pouvoir se plaindre des aides apportées au secteur de la restauration par l’Etat français. « Je ne peux que les remercier. Les autres pays sont moins bien lotis ».
Mais, il leur manque l’essence même du métier et cette situation influe sur l’état psychologique de chacun. L’homme parle des incertitudes face à l’avenir et des arrêts d’activités sans réelles perspectives.
Frédéric Vandendriessche pense aux dirigeants de restaurants mais aussi aux salariés et, pour lui, « ce type d’opération fait un bien fou ». Elle permet de reprendre une activité. Derrière l’acte de générosité se cachent le rapport aux clients, les sourires, les contacts directs.
Si cette période qui s’éternise est l’occasion d’effectuer des travaux au Château de Courban, « l’opération permet de retrouver une dynamique ». D’ailleurs, le propriétaire du Château se souvient comme d’un traumatisme de ce que tout ce que les restaurateurs ont dû vivre en un an. Il parle de claques successives, de la fermeture administrative, à 20 heures, en mars dernier, « comme si la nourriture servie n’était pas bonne », à la fermeture le 25 octobre dernier sans jamais connaître la date de réouverture.
Frédéric Vandendriessche le dit : « nous avons besoin d’espoir dans cette crise unique. Nous avons besoin de retrouver de la positivité, de donner un coup de pied aux gens pour qu’ils remontent ». A ce sujet, d’ailleurs, il s’inquiète de la main-d’œuvre en restauration qui était déjà fragile. Il craint une fuite de ce métier encore plus forte.
En attendant, le Château de Courban multiplie les activités afin de ne pas rester inerte. Il a pour projet d’aller, avec le chef, dans les écoles pour transmettre leur passion aux plus jeunes.
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr