A Chaumont, en Haute-Marne, « la désindustrialisation n’est pas une fatalité » grâce à Lisi Aerospace
Lisi Aerospace a organisé des visites de chantier sur le site Plein’Est. D’une envergure impressionnante et dans le but de rester à la pointe de l’innovation, le projet va permettre d’atteindre une excellence opérationnelle. Dixit Emmanuel Vieillard, son PDG.
Mardi 6 juillet, la visite du chantier de Lisi Aerospace, sur la zone Plein’Est de Chaumont, a été l’occasion de prouver, une nouvelle fois, le gigantisme du projet. Les bâtiments d’une superficie de 24 000 m2 sont portés par la SEM Haute-Marne Immo-bail qui regroupe le Département, la Région, l’Agglo de Chaumont et le GIP Haute-Marne. L’investissement immobilier de 34,2 millions d’euros est accompagné d’un plan d’investissement industriel pluriannuel de 110 millions d’euros supporté par Lisi. L’objectif est affiché clairement : « atteindre l’excellence opérationnelle dans le domaine de la fabrication des pièces de structures aéronautiques ».
Pour Emmanuel Vieillard, son PDG, cet investissement marque l’intérêt de l’entreprise pour ce territoire. « Il est l’aboutissement d’une longue réflexion quant au savoir-faire présent sur place et la volonté de se distinguer ».
En 2014, les Forges de Bologne étaient dans une situation délicate et dégradée. Depuis le rachat par Lisi, « les progrès sont indéniables pour mener jusqu’à cette nouvelle ambition ». Emmanuel Vieillard l’assure : « malgré la crise, il faut maintenir le cap ». Il croit à la reprise du secteur aéronautique et à sa nécessité d’un point de vue souveraineté industrielle, culturel et environnemental. Il poursuit : « ce projet est la concrétisation d’une vision et d’un travail collectif. Il montre qu’il n’y a pas de fatalité dans la désindustrialisation de la France ».
Fatalité à laquelle ne croit pas, non plus, Jean Rottner, président de la Région. Il croit à « l’intelligence des collectivités pour accompagner les acteurs économiques susceptibles de s’installer en Haute-Marne. Il veut faire de son mandat une action ciblée sur les territoires. Il n’y a pas de fatalité dans la ruralité. Il faut aller chercher ses qualités, ses forces, ses atouts et ses savoir-faire ».
Pour la construction, GSE annonce un peu plus de 17 mois de travaux pour fournir « un projet industriel de grande ampleur clé en main ». La livraison des bâtiments est prévue pour l’été 2022.
Quant à Nicolas Lacroix, président du Conseil départemental, il a signalé l’effort et l’intelligence des maires de Bologne qui ont choisi de laisser partir les Forges dans l’intérêt de tous et de Bruno Sido, son prédécesseur. « Avec clairvoyance, ils ont contribué au maintien en Haute-Marne des Forges de Bologne, le premier employeur industriel du département ». Il se dit fier de participer à la concrétisation d’un travail collectif. « L’union rend possible les projets les plus innovants».
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr
Le principe de la « forge blanche »
Les bâtiments de 24 000 m2 se répartissent en trois zones : la zone Forge, le cœur de l’usine, la zone Préparation pour la maintenance et la gestion des matières premières et la zone Finition. Actuellement, 30 entreprises travaillent sur place avec des différences dans les matériaux employés pour les murs. Certains sont en béton. D’autres sont en paroi isolante selon la destination.
Huit presses et peut-être une neuvième rejoindront le site souvent appelé “forge blanche” pour la gestion maximale de tous les composants. Didier Argence, le directeur de Lisi, parle d’installation propre avec la gestion des lubrifiants, la captation et la filtration des fumées et la récupération des eaux accidentelles en cas d’incendie. D’ailleurs, les locaux sont sécurisés avec des cloisonnements entre chaque partie pour, en cas d’incendie, une protection des personnes et des équipements. A noter que les eaux chaudes générées seront utilisées pour le chauffage, que les eaux pluviales seront stockées et utilisée et qu’une station d’épuration bio est envisagée en plus de celle qui est envisagée.
L’amélioration des process
Lisi affiche sa volonté de développer l’activité finition des pièces “structure” et pièces “moteur” pour « proposer aux clients un produit fini après usinage ». Autre atout de ce nouveau site : le fonctionnement par îlot de produits et non pas par activité. Aujourd’hui, à Bologne, une même pièce, entre l’entrée et la sortie, parcourt 10 km. Demain, sur le nouveau site grâce aux regroupements, la pièce ne fera plus qu’un kilomètre voire 100 mètres. Le tout pour un gain de temps, d’argent et de sécurité.