A Châteauvillain, « j’ai vu passer une antilope »

Vu le réchauffement climatique, c’est peut-être une phrase qui pourrait être prononcée dans quelque temps… Mais pour l’instant il s’agit du nom donné à la nouvelle œuvre de l’artiste argentin Pedro Marzorati, qui va rejoindre le parcours d’art à ciel ouvert de la Belle balade à Châteauvillain.

Cette œuvre, qui interpelle déjà par son nom (“J’ai vu passer une antilope”), questionne aussi par son histoire peu banale. Malheureuse et heureuse quand même. « Cette œuvre est née à cause de l’incendie de la ferme de Dominique Guenat », raconte Pedro Marzorati. On se souvient effectivement de toute cette série d’incendies durant l’été 2022. On se souvient plus particulièrement de ce fait divers qui a marqué localement : celui de l’embrasement de la ferme de Dominique Guenat située au hameau de la Forge à Châteauvillain. Coiffant également la casquette de bénévole actif au sein de l’association Simone, Dominique Guenat est, de ce fait, proche des artistes qui vont et viennent sur le camp d’entraînement artistique de chez Simone. Des artistes qui ont été touchés par cette histoire.

Parmi eux, Pédro Marzorati y a puisé une certaine source d’inspiration. Lui, qui met toujours au centre de ses œuvres cette problématique du réchauffement climatique avait malheureusement matière à faire. Ce réchauffement qui provoque des incendies, ce réchauffement qui donne naissance à nombre de réfugiés climatiques, humains comme animaux. Voilà que, par le biais de ce bois calciné, l’artiste a trouvé matière à faire et à dire. La matière parlant déjà d’elle-même. « J’ai récupéré des poutres de bois brûlé de neuf mètres de long de l’ancien bâtiment agricole. Il s’agit d’une matière parfaite, si on peut dire, de par sa longueur et sa résistance. » Pour Dominique Guenat, cette œuvre permettra une « mémoire supplémentaire ».

Une œuvre à histoires multiples

De toute cette histoire, est née cette œuvre monumentale qui se construit depuis cet été dans les ateliers artistiques du site Le Chameau ; mais qui a été pensé bien en amont. Et cette semaine il s’agissait de mettre le dernier coup de turbo pour que tout soit prêt pour l’inauguration du 10 septembre. Pour ce faire une certaine ébullition était de mise. Les trois artistes des trois œuvres s’affairaient à apporter les derniers détails à leur œuvre respective. A savoir “Qui vive” de Pauline de Chalendar ; “L’œuf” de Jérôme Leyre et “J’ai vu passer une antilope” de Pedro Marzorati.

En fin de semaine, les œuvres ont progressivement quitté les ateliers du site Le Chameau pour être installées sur le parcours de la Belle balade et rejoindre la dizaine de créations artistiques déjà présentes. Un parcours qui fera l’objet d’une inauguration pour le grand public, dimanche 10 septembre, à 15 h. Le départ sera donné au Val-Mormant, au parking situé au-dessus du centre équestre de Châteauvillain.

De notre correspondante

Catherine Jeanson

« Ces œuvres ont été choisies suite à un appel à projet. Nous avons fait une première sélection et le choix final s’est fait conjointement avec le Parc national », explique Anne-Laure Lemaire, directrice artistique de Simone. Pauline de Chalendar est une artiste venant de Chambéry ; “Qui vive” se compose de deux grandes gravures de deux mètres de haut qui se feront face et aborde la notion du triptyque homme-nature-animaux. Jérôme Leyre, un artiste qui vient du Puy-en-Velay, installera “L’œuf”, une œuvre constituée de petits bois ajourés d’un peu plus de deux mètres de haut. Cette œuvre à la fois massive et légère offre la symbolique de la vie et des origines. Pedro Marzorati, artiste argentin, est l’artiste pilier de cette aventure artistique pour laquelle il crée de nouvelle œuvre chaque année.