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Faire le plein d’idées et de savoir-faire pour Madagascar

Faratiana Herline Minoarisoa parle parfaitement le français pour deux raisons : la fréquentation d’une école d’expression française, le collège les Cyprès et ses lectures permanente d’auteurs français.

Energie. Elève ingénieur venue de Madagascar, Faratiana Herline Minoarisoa cherche à mêler agriculture et énergie dans l’espoir de développer son île. Elle est en immersion en France pendant un an en passant par la Haute-Marne où une association de soutien vient de se créer.

Avec sa formidable énergie, son intelligence et son français parfait, Faratiana Herline Minoarisoa a séduit ses hôtes haut-marnais. Elève ingénieur, venue de Madagascar pour parfaire sa formation en matière d’agriculture et d’énergie durant un an (voir encadré), elle est génératrice d’un élan en faveur de son pays.

Fara, comme tout le monde l’appelle, raconte que son pays souffre « d’une vraie insuffisance énergétique ». Moins de 15 % de la population ont accès à l’énergie et, dans ce cadre, elle venue en France « chercher des solutions, avoir une vision de la méthanisation en France et adapter le système à Madagascar ». Avec Philippe Collin, exploitant à Colombey-les-Choiseul et gérant de la Sarl Eurek’Alias, elle le dit : « l’idée est d’acquérir un savoir-faire pas que l’on fasse à notre place ».

Par exemple, du fait de cette insuffisance énergétique, le simple fait de cuisiner est problématique à Madagascar. Comme l’électricité est extrêmement chère, les cuissons, une fois par jour, se font au feu de bois, créant une forte déforestation. D’ailleurs, l’île verte est désormais appelée l’île rouge. Fara parle d’un besoin de recherche d’énergies durables pour remplacer ce bois et les énergies fossiles.

Pour elle, cette dépendance au bois est un grand frein au développement du pays. En étudiant la méthanisation en France, elle souhaite pouvoir trouver des compromis, des idées et une nouvelle vision énergétique pour Madagascar. En l’absence d’un réseau électrique convenable, seuls 5 % des habitants ont l’électricité. La méthanisation semble être une solution pour mettre fin à cette difficulté.

Le levier agricole

Mais la jeune femme sait déjà que ce développement ne pourra se faire qu’avec, en parallèle, le développement de l’agriculture. Quelque 80 % des Malgaches sont aujourd’hui agriculteurs mais les productions sont très limitées en termes de quantité (souvent du fait de sécheresse et d’absence d’engrais) et en termes de diversité (riz et maïs principalement). Les famines sont nombreuses et, pour développer la méthanisation, il faut, au préalable ou en même temps, que Madagascar fasse sa révolution agricole. Par exemple, le digestat des méthaniseurs permettrait d’apporter à la terre la matière organique dont elle a besoin.

S’adapter au pays

Philippe Collin insiste : « l’idée n’est pas de déplacer les technologies de France vers Madagascar mais de faire avec l’existant et y mettre les technologies qui correspondent ». Le potentiel agricole y est important mais le travail essentiellement manuel et les mauvaises infrastructures routières forcent à s’adapter à la réalité du terrain.

D’ailleurs, depuis son arrivée en France, Fara est marquée par les magasins qui débordent de nourriture, du matériel agricole qu’elle « n’imaginait même pas » et de l’eau à profusion qui manque tellement à Madagascar du fait de la déforestation. « Vous avez tout » dit-elle, alors que Madagascar est restée figée dans son évolution.

f.thevenin@jhm.fr

Frédéric Thévenin

Elan de solidarité et création d’une association

L’obtention d’un visa d’un an

L’aventure de Faratiana Herline Minoarisoa a suscité un élan de solidarité autour d’elle et de ses objectifs qui mêlent agriculture et énergie. Une association vient tout juste d’être créée dont le président est Philippe Collin, le trésorier Jean-Marie Duhaut et le secrétaire Jean-Luc Vauthier.

Same52 se donne pour objectif d’aider Fara à remplir sa mission en récoltant des fonds, du matériel adapté aux conditions de vie à Madagascar et en cherchant des membres et des entreprises qui s’engagent dans le développement de l’agriculture et de l’énergie sur l’île.

Jean-Luc Vauthier souhaite que « lorsqu’elle repartira, dans un an, nous puissions lui apporter des biens et des savoir-faire. L’idée est de donner les moyens de faire ». Cela se traduit en petits matériels mais aussi en conseils comme pour, par exemple, diversifier les productions (ananas, ver à soie…) ou réactiver la coopération.

L’association veut créer une étincelle en mobilisant l’agriculture et bien au-delà de l’agriculture afin d’accompagner les « gasy » (habitants de Madagascar), les laisser prospérer et faire en sorte qu’ils vivent sereinement.

Contact : Same52 – Solidarité Agricole Madagascar Energie 52

Courriel : same52hf@gmail.com Tél. : 06.07.30.68.66.

Same 52 – Ferme de la Grivée – 52240 Colombey-les-Choiseul

En formation à l’école supérieure polytechnique de Tananarive, Fara s’est spécialisée dans l’énergie (ingénierie pétrolière) et, comme le biogaz l’intéresse, elle s’est tournée vers le lycée agricole de Bar-le-Duc qui développe des formations justement dans le biogaz. L’établissement y forme des jeunes qui peuvent accéder à un certificat de spécialisation sur les unités de méthanisation et donne accès à un diplôme universitaire pour entrer dans les bureaux d’étude.

Pour Fara, après les premiers contacts entre le lycée de Bar-le-Duc et l’école de Tananarive, un premier dossier est monté pour l’obtention d’un visa en mai 2021. Il est retoqué en mettant en avant les doutes autour des intentions de la jeune femme. Une deuxième demande est alors effectuée pour un visa étudiant. Il est également retoqué alors que le président de l’association des méthaniseurs de France s’est porte garant.

Ensuite, les interventions d’un ambassadeur et de la ministre de l’environnement de Madagascar auront été décisives. Le visa est délivré pour un an avec l’arrivée de Fara, à Paris le 7 décembre, son installation à Bar-le-Duc pour moitié de cours en théorie et moitié de stage partout en France et l’entrée dans la famille de Philippe Collin durant les fêtes de Noël. Son premier maître de stage sera Christophe Morlot, à Soulaucourt.

Fara a financé son voyage grâce à un emprunt mais le coût de cette formation (avec logement) est d’environ 16 000 €. L’association des méthaniseurs s’est engagée à hauteur de 6 000 €, GrDF pour 3 000 €, des entreprises pour 2 000 € et, peut-être la fondation Engie pour 5 000 €.

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