Le bouvreuil ne suit plus les bœufs
NATURE. Le bouvreuil pivoine (pyrrhula pyrrhula) tiendrait son nom d’une époque où il suivait l’attelage du bouvier afin de picorer dans les labours de sa charrue.
Passereau de la taille d’un moineau, mais plus trapu et à la tête massive aux yeux noirs, le bouvreuil pivoine mâle présente des joues, une gorge, et un ventre rouges-rosés vif. Son dessus est gris cendré, avec une calotte et un menton noirs, tandis que son bec sombre est épais et conique. Ses ailes et sa queue sont noires également, mais son croupion est blanc. Quant à la femelle, plus terne, son dessus est gris-beige et son dessous d’un beige rosé discret. Le juvénile, dépourvu de calotte, ressemble à la femelle mais avec un plumage nuancé de roux. Ce magnifique oiseau calme et timide, au vol onduleux, a développé neuf sous-espèces en Eurasie. Il émet un cri doux et plaintif, de basse tonalité, un “iou” descendant qui permet à un groupe de garder le contact. Son chant s’étoffe d’une combinaison de sifflets simples, atténués, lents et discontinus. Le bouvreuil pivoine se complaît l’été dans les forêts montagnardes riches en fourrés, qu’elles soient peuplées de conifères, de feuillus, ou mixtes. Il affectionne également les parcs, jardins, vergers, haies, pour y trouver des graines et des bourgeons, voire quelques insectes. Les bouvreuils pivoine ne fréquentent pas assidûment les mangeoires l’hiver, tandis que leur parade nuptiale du printemps est discrète : l’espèce est monogame. La femelle, qui domine le couple, construit son nid dans les arbres ou les buissons, à une hauteur assez basse d’au moins deux mètres. Elle utilise des brindilles, de la mousse et du lichen. Elle y dépose deux pontes entre avril et juin, de quatre à cinq œufs d’un bleu pâle tacheté de roux, qu’elle couve durant deux semaines, aidée et alimentée par le mâle. Les parents nourrissent les jeunes au nid, deux bonnes semaines supplémentaires, à l’aide d’un mélange d’insectes et de graines. Hors du nid, les juvéniles dépendent encore des parents durant une quinzaine de jours.
Le remembrement a pénalisé l’espèce
Sédentaire en France, mis à part les populations du Nord qui migrent partiellement en automne, le bouvreuil pivoine est assez rare dans le Midi et la Corse. En hiver, ses effectifs sont renforcés par ses cousins d’Europe nordique, reconnaissables à leurs cris à la tonalité plus élevée. La politique de remembrement des terres agricoles, au XXe siècle, a pénalisé l’espèce. Une meilleure gestion des haies, des ripisylves (végétation rivulaire) et des lisières de forêt, paraît nécessaire pour limiter la baisse des populations. Or celle-ci est aggravée par le réchauffement climatique, le bouvreuil étant surtout septentrional.
De notre correspondant
Un couple de bouvreuils pivoine, au dimorphisme sexuel évident, se laisse tenter par une mangeoire dans un jardin de Chatonrupt (près de Joinville).
Le bouvreuil pivoine juvénile, ici dans une mangeoire d’un jardin de Chatonrupt, ressemble à la femelle mais est dépourvu
de calotte.