Commentaires (0)
Vous devez être connecté à votre compte jhm pour pouvoir commenter cet article.

Mauvais Français

Déclarés coupables de faits d’injure publique envers un particulier en raison de sa race, de sa religion ou de son origine, Philippe Bridau, Ivan et Fiodor Karamazov ont été condamnés à hauteur de l’horreur de leurs actes.

 

Assisté de Maître Gromek, Olivier Molinier aura eu le courage de se présenter à la barre… Répondant de faits de violence n’ayant entraîné aucune incapacité de travail, le jeune homme n’en est pas moins victime. Victime de la déchéance intellectuelle de ses semblables. Des hommes dotés de jambes, de bras, d’une tête et d’un cerveau.

Philippe Bridau, Ivan et Fiodor Karamazov n’auront, quant à eux, pas jugé utile de faire face à leur stupidité. Survenus à Chalindrey, haut lieu de l’histoire ces chemins de fer français, les faits perpétrés par cette bande de nazillons en herbe constituent une véritable insulte à la mémoire des cheminots et résistants engagés, au péril de leur vie, dans une lutte acharnée contre collaborateurs et occupants. Les réquisitoire du procureur de la République et la plaidoirie de Me Gromek auront suffit à éclairer les débats d’une profonde certitude : Fiodor Karamazov et ses comparses ont fait honte à leur propre pays.

«Vive Hitler !»

Le rappel des faits a plongé le juge Charbonnier et ses assesseurs au coeur de la sombre journée du 20 mai 2010. Olivier Molinier joue au football en compagnie d’un ami d’origine maghrébine sur un terrain situé au coeur de la commune de Chalindrey. A bord de leur véhicule, Philippe Bridau et les frères Karamazov ont choisi de s’adonner à un jeu d’une autre teneur : le trio affirme sa virilité en enchaînant des dérapages sur la place jouxtant le terrain de football.

Olivier Molinier et son ami ont le teint mat. La différence n’est pas du goût de Philippe Bridau et des frères Karamazov. Les trois hommes assènent des insultes d’une ignoble bassesse. «Dehors les Bougnoules, la France aux Français» surgissent au pays de Voltaire et Hugo. A ces propos racistes se marie l’horreur. Après avoir verbalement fait état de leur admiration pour le Führer, le trio adresse aux victimes plusieurs saluts hitlériens. Les propos racistes laissent rapidement place aux coups. Fiodor Karamazov met une claque à l’ami accompagnant Olivier Molinier. Ce dernier perd son contrôle et adresse un coup de pied à hauteur du visage de l’agresseur.

Prison ferme

Le procureur Launoy n’aura pas manqué de tenir compte d’un contexte des plus nauséabonds dans le cadre de ces réquisitions. «Au sujet du coup porté par monsieur Molinier, une peine d’amende me semblerait adaptée, soulignait le représentant du Ministère public. En ce qui concerne les autres prévenus, je suis consterné. “Les préjugés sont plus difficiles à détruire que les atomes” disait Einstein… Courageusement absent aujourd’hui, Fiodor Karamazov, ce soit-disant bon Français criant “La France aux Français” a déjà été condamné pour vol. Je demande donc une peine de deux à trois mois de prison ferme à son encontre. En ce qui concerne Ivan Karamazov et Philippe Bridau, je requiers des peines de prison avec sursis.»

Après avoir pris connaissance de la juste plaidoirie de Me Gromek, le juge Charbonnier a condamné Olivier Molinier à une amende de 50 euros avant de prononcer des peines fortes en symbole à l’encontre des trois autres prévenus. Fiodor Karamazov a été sanctionné à hauteur de deux mois de prison ferme. Philippe Bridau et Ivan Karamazov ont, quant à deux eux, été condamnés à deux mois de prison avec sursis. Les trois condamnés devront par ailleurs s’acquitter de 600 euros d’amendes. A cette somme s’ajoutent 800 euros de dommages et intérêts en réparation du préjudice enduré par Olivier Molinier. Aucune obligation de soins n’a été prononcée à l’encontre des condamnés.

 

«Une véritable culture s’est instaurée»

«Une véritable culture s’est instaurée comme le prouve la découverte d’une cassette dans le véhicule des prévenus» : les mots du procureur Launoy renvoient à l’émergence de groupes identitaires dans plusieurs départements de l’Est de la France. Différents groupuscules de la culture “White power” ont sévi dernièrement à Nancy, Strasbourg, Reims et Toul. A l’image de la situation dénoncée par les autorités de l’Aisne, plusieurs départements sont ainsi frappés par l’émergence de mouvements nationalistes composés de jeunes militants répondant à certains codes témoignant d’une lointaine ou réelle appartenance à des groupuscules identitaires. Interdits dans les établissements scolaires allemands, les vêtements affublés de la marque Pitt Bull Germany sont ainsi apparus dans de nombreux collèges et lycées. Facilitée par Internet, la diffusion des productions de groupes de la scène musicale nationaliste “Gabber” participe également à la sectarisation de jeunes radicaux à la recherche d’un exutoire.

La cassette retrouvée dans le véhicule des prévenus renvoie aux messages, photos et vidéos diffusés sur de nombreux sites Internet et autres réseaux sociaux. Les enceintes du véhicule occupé par Philippe Bridau et les frères Karamazov crachaient un morceau d’une extrême violence. Signé par Claude Barzotti, ce morceau intitulé “La France aux Français” est détourné de son sens originel par de nombreux militants d’extrême droite. En signant ce texte, l’auteur-compositeur souhaitait simplement exprimer son dégoût du racisme dont il fut victime, en France, à une époque où “Ritals” et “Cannellonis” essuyaient les insultes de bons Français. Philippe Bridau et les frères Karamazov auront trouvé un autre sens à ce morceau.

Sur le même sujet...

Reconnu coupable d’agression sexuelle, il écope de 36 mois de prison dont 12 mois avec sursis
Abonné
Langres
Reconnu coupable d’agression sexuelle, il écope de 36 mois de prison dont 12 mois avec sursis
Tribunal correctionnel

Un homme de 38 ans a comparu détenu mardi 23 avril devant le tribunal judiciaire de Chaumont, pour agression sexuelle sur sa compagne dont il était une nième fois séparé(...)

Gifles à son épouse, avant de la poursuivre : « j'étais dans un tourbillon »
Abonné
Chaumont
Gifles à son épouse, avant de la poursuivre : « j’étais dans un tourbillon »
Tribunal correctionnel

Un quadragénaire a comparu devant le tribunal correctionnel pour violences conjugales, lundi 22 avril. Fini, le verbe, sa colère explosive s’était notamment traduite par des gifles à son épouse, le(...)

Violences aggravées sur sa mère : « je ne me croyais pas capable de faire ça »
Abonné
Valcourt
Violences aggravées sur sa mère : « je ne me croyais pas capable de faire ça »
Tribunal correctionnel

Une fille à laquelle des faits de violences aggravées sur sa mère sont reprochés. En récidive. À qui la justice a proposé un encadrement pour se libérer d’addictions délétères. À(...)