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Mauvaise fortune

Abusé par un antiquaire-brocanteur criblé de dettes, un richissime haut-marnais au quotient intellectuel des plus limités a acquis pour plus de 15 000 euros de vulgaires copies de statues en bronze. Invité à rembourser un important préjudice matériel, l’escroc a été condamné à six mois de prison avec sursis.

 

Abuser de la faiblesse de personnes vulnérables est devenu une pratique courante dans un département comptant de nombreuses personnes âgées. Acculé par les dettes, Octave Mouret, antiquaire-brocanteur installé dans le Sud de la France, pensait réaliser l’affaire de sa vie en escroquant un Haut-Marnais disposant d’une importante fortune personnelle.

Héritière de deux grandes familles de fondeurs du Nord du département, la proie présente les caractéristiques communes aux personnes abusées par margoulins et autres escrocs à la petite semaine. Interné en Suisse dans son enfance suite à une affection cérébrale, le sexagénaire affiche un niveau de connaissances proche d’un élève de classe de sixième. L’expertise présentée par le juge Thil aura notamment mis en évidence un statut quasi infantile, des conduites naïves accentuant la vulnérabilité de la victime.

L’affaire débute à l’occasion d’une rencontre. Après un premier contact dans une foire organisée à Ancerville, un couple de Haut-Marnais se lie d’amitié avec un antiquaire-brocanteur. Quelques jours plus tard, l’homme est convié à un dîner. Le supposé expert en objets d’art prend alors contact avec un richissime sexagénaire. «J’ai rencontré cette personne à l’occasion de ce repas, cet homme collectionnait des bronzes anciens, soulignait le prévenu. J’ai été invité à me rendre à son domicile, j’ai présenté mes pièces et monsieur a été émerveillé. Au-delà d’être la deuxième fortune du Nord-Est, cet homme était attachant et généreux.»

Généreux : le mot est parfaitement choisi ! En l’espace de quelques semaines, l’aigrefin met la main sur 20 600 euros. La victime est ainsi amenée à acquérir pour la somme de 5 000 euros une vulgaire copie acquise quelques centaines d’euros chez un grossiste. D’autres pièces seront vendues. Octave Mouret ira jusqu’à demander, Gazette Drouot en mains, un complément de paiement pour un bronze censé avoir été cédé à perte à la victime. A ces ventes s’ajoutent diverses avances et 1 800 euros perçus pour de calamiteux travaux d’élagage effectués par le prévenu. Plusieurs milliers d’euros seront également prêtés à l’escroc. Parent de la victime, le maire de Joinville finira par découvrir le pot aux roses.

Générosité

Acculé par une série de faits avérés, le prévenu aura tenté de faire entendre une supposée bonne foi. «Monsieur me donnait un prix, j’étais surpris, mais j’acceptais tout en indiquant qu’il s’agissait d’objets de décoration, soulignait Octave Mouret. Monsieur laissait de gros pourboires au restaurant et payait les chariots des personnes démunies au supermarché. Il m’a également expliqué qu’il voulait dépenser l’argent de son deuxième héritage parce qu’il émanait d’une personne condamnée pour des faits de pédophilie.»

La bonhomie du prévenu n’aura pas convaincu Géraldine Moré. Dénonçant les actes du supposé professionnel, la représentante du Ministère public s’interrogeait sur la gestion des sommes encaissées, aucune trace de ces paiements ne transpirant de divers documents destinés aux services fiscaux.

L’avocat de la victime mettait également en évidence la malhonnêteté du prévenu. «Quand on présente un bronze signé Moreau, on ne parle à aucun moment de copie», soulignait le conseil.

Membre du barreau d’Avignon, l’avocate du prévenu a, quant à elle, mis en avant les difficultés rencontrées par son client. «Monsieur a perdu un enfant mort de noyade et son autre fils est décédé d’une maladie dégénérative, plaidait la femme en noir. La profession d’antiquaire est très contrôlée et monsieur n’a jamais été condamné en 32 ans d’activité. Je n’ai pas la preuve que mon client ait pu prendre conscience de la vulnérabilité du prévenu. Monsieur rencontrait des difficultés financières, un client généreux lui est tombé dessus et il s’est contenté de sauter sur l’occasion.»

Déclaré coupable, Octave Mouret a été condamné à six mois de prison avec sursis. L’antiquaire-brocanteur devra également s’acquitter de 14 950 euros de préjudice matériel et de 700 euros de préjudice moral.

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