Jean-Baptiste Duvoisin, aumônier-conseiller de l’Empereur
Denis Diderot, Jeanne Mance, Sabinus… Des Langrois ont su marquer l’histoire de leur empreinte. Mais, à côté, ils ont été nombreux à avoir une grande carrière dans leur domaine, tout en restant inconnus, ou presque, à Langres. Aujourd’hui, Mgr Jean-Baptiste Duvoisin.
Officiellement, Jean-Baptiste Duvoisin fut un prélat avec une très honnête carrière ecclésiastique, conclue en tant qu’évêque de Nantes. Officieusement, il fut bien davantage, aumônier du couple impérial sous l’Empire, et conseiller de l’ombre de Napoléon Ier sur les questions religieuses. Né à Langres le 19 octobre 1744, rue du Grand-Bie, de Didier Duvoisin, maître coutelier, et de son épouse Marie, le mystérieux Jean-Baptiste Duvoisin fait preuve très tôt d’une appétence particulièrement développée pour la théologie, et d’une foi catholique sans borne. Entré au collège des Jésuites de Langres, il avait déjà, à 14 ans, soutenu avec brio plusieurs thèses théologiques.
Très impressionné, l’évêque de Langres, Mgr Gilbert de Montmorin de Saint-Hérem, décide de financer la poursuite des études de Jean-Baptiste, qui entre au séminaire de Saint-Nicolas de Chardonnet, puis à La Sorbonne. Il y est si brillant que la prestigieuse école l’embauche directement une fois ses études accomplies pour lui confier la chaire de théologie. A ce poste, Jean-Baptiste Duvoisin publie de nombreux ouvrages qu’il situe en opposition à son compatriote Denis Diderot et aux Lumières, comme “Essai sur la religion naturelle” (1780) ou “L’Autorité du Nouveau Testament” (1775). Il est ensuite nommé grand vicaire à l’évêché de Laon.
La « confiance aveugle » de Napoléon
Opposé à la Révolution, il s’exile en tant que prêtre réfractaire en 1792 et ne masque pas son royalisme. Il se rallie cependant avec enthousiasme au bonapartisme et, à l’issue du Concordat, est nommé évêque de Nantes en 1802 par le Premier consul Napoléon Bonaparte. Un Napoléon qui, très vite, repère Mgr Duvoisin, aux capacités intellectuelles si remarquables. Nommé tout d’abord aumônier de l’impératrice Marie-Louise, il occupe ensuite la même fonction auprès de l’Empereur lui-même. Napoléon, par ailleurs, le nomme parmi les quatre évêques chargés d’assister le pape Pie VII, alors emprisonné en France.
A cette époque, Mgr Duvoisin fait alors figure de conseiller de l’ombre de Napoléon, exerçant une énorme influence quant à la politique de réconciliation nationale menée avec le clergé. Sans qu’aucune preuve n’existe réellement de son supposé entregent, tant le prélat langrois cultive la discrétion. C’est finalement Napoléon lui-même qui authentifiera a posteriori ce rôle, en écrivant dans ses Mémoires, rédigés à Sainte-Hélène : « [Mgr Duvoisin] était mon oracle, mon flambeau. Il avait ma confiance aveugle sur les matières religieuses ».
Jean-Baptiste Duvoisin meurt le 9 juillet 1813.
Nicolas Corté