Procès reconstitué et lycéens enjoués
Acteurs d’un procès impliquant trois mineurs, des élèves du lycée Bouchardon de Chaumont ont pris place en salle d’audience afin de mieux percer les secrets du système judiciaire. L’intérêt pédagogique du projet s’est mêlé à une enrichissante expérience artistique.
“Si n’est censé ignorer la loi, qui la connaît vraiment ?” Animés de cet adage, les bénévoles et militants de l’Association pour la protection de la citoyenneté des enfants et des jeunes (APCEJ) multiplient sur le territoire national des actions visant à présenter de manière ludique et pédagogique les bases et grands principes d’un droit porteur de sens. L’APCEJ propose ainsi de prêter son concours à des équipes pédagogiques de collèges et lycées afin d’organiser des reconstitutions d’audience mêlant découverte du système judiciaire et éveil à la pratique théâtrale.
Participant à un développement particulièrement perceptible dans le département de manifestations et de structures dédiées à l’accès au droit, le projet mené de concert par élèves de seconde professionnelle Gestion-Administration du lycée Bouchardon, professeurs et membres de l’APCEJ s’inscrit dans un processus global de découverte du système judiciaire. Après avoir participé à la remarquable et remarquée manifestation Ciné-Justice et ainsi profité de la projection du long métrage Présumé coupable, film suivi d’un débat rassemblant magistrats, avocats et autres acteurs de la sphère judiciaire, les lycéens ont notamment rencontré un commissaire de police et un fonctionnaire de l’administration pénitentiaire au cours de l’année scolaire. Forts de ces enseignements, les élèves ont pu se plonger, en collaboration avec l’APCEJ, au cœur d’un projet visant à reconstituer un procès présenté devant le tribunal pour enfants.
Dans la peau des hommes de loi
Favorisant une prise de conscience de l’importance de l’institution judiciaire dans un pays démocratique, cette reconstitution grandeur nature a permis aux lycéens d’associer un indéniable enrichissement de connaissances à une dimension purement artistique. Après un temps de préparation, vêtus des – coûteuses – robes seyant aux hommes de loi, les élèves ont pris la place en salle d’audience et endossé les rôles habituellement dévolus à juge, procureur, greffier ou avocat. Maîtrisant leurs textes sur le bout des doigts, trois élèves auront, quant à eux, joué les rôles de prévenus répondant de faits de violence commis à l’encontre d’un de leurs camarades. Magie de l’art théâtral, une adolescente aura ainsi pu interpréter le rôle d’un apprenti caïd de banlieue affichant une masculine et délictuelle propension à la violence.
Présidés par Gérard Elinas, juge au tribunal pour enfants de Bobigny et membre actif de l’APCEJ, les débats – inspirés de faits réels – ont permis de décrypter les rouages de l’appareil judiciaire et les mécanismes propres à la justice des mineurs. Occupant les fonctions de représentante du Ministère public, une lycéenne aura porté haut l’accusation avant d’essuyer les plaidoiries d’avocats en herbe. Les lycéens auront manifestement pris un malin plaisir à se prêter à un jeu riche en enseignements.