Tour de France 2001
Reportages réalisés sur le route du Tour lors des éditions 2001, 2002, 2003, 2004 et 2005 en compagnie de Rémi Bourrières, Richard Zampa et Laurent Génin.
Archives 2003 et 2004 en cours de traitement.
Tour de France 2001
7 juillet – Prologue (Dunkerque)
Victoire de Christophe Moreau. Membre de l’équipe Festina, le Français prend le maillot jaune. Lance Armstrong termine troisième d’un prologue de 8,2 kilomètres.
8 juillet – 1ère étape (Saint-Omer – Boulogne-sur-Mer)
Victoire au sprint de l’Allemand Erik Zabel. Christophe Moreau conserve le maillot jaune.
9 juillet – 2ème étape (Calais – Anvers)
Le Belge Marc Wauters s’impose à Anvers et endosse le maillot jaune.
10 juillet – 3ème étape (Anvers – Seraing)
Erik Zabel remporte sa deuxième victoire. L’Australien Stuart O’Grady s’empare du maillot jaune.
11 juillet – 4ème étape (Huy – Verdun)
Laurent Jalabert remporte la troisième victoire de sa carrière à Verdun. Stuart O’Grady conserve le maillot jaune.
12 juillet – 5ème étape (Verdun – Bar-le-Duc)
L’équipe du Crédit agricole remporte haut la main le contre-la-montre par équipes. Stuart O’Grady conserve le maillot jaune.
Comme au bon vieux temps du Tour
Ceux qui pensaient que le Tour de France subirait un fatal retour de manivelle suite aux affaires révélées ces dernières années en sont pour leurs frais. La Grande boucle reste toujours aussi populaire auprès d’un public fidèle et généreux.
Bar-le-Duc. Il y a quasiment un an, Chaumont se préparait à honorer le passage des controversées âmes d’un Tour menacé. Si l’édition 2001 n’a pas retenu la Haute-Marne sur son tableau de route, le public du Nord du département a pu jouer la carte de la proximité, à Bar-le-Duc et ainsi pu profiter d’un spectacle de haute volée. Comme toujours, les plus téméraires se sont pressés aux abords métalliques de la ligne d’arrivée.
Roue dans roue, de Tour en Tour, les fous de la petite reine observent toujours la même frénésie. Au beau milieu de la ligne d’arrivée, Jean-René Godard savoure sa popularité avant qu’un vieux de la vieille ne lui remémore sa mythique chute de moto survenue au cours d’une étape alpestre ô combien relevée.
Mais c’est lorsque que les petits préférés se profilent à l’horizon qu’une ligne d’arrivée de Tour de France révèle son âme. Jacky Durand, l’homme de toutes les échappées, est l’objet de la première ovation de mass. Emoustillé par sa récente victoire d’étape, Laurent Jalabert déchaîne les passions et les cœurs. En l’absence de Richard Virenque, Jaja est assurément le nouveau chouchou du public français.
Derrière la ligne d’arrivée, la plage
A l’occasion de ce contre-la-montre par équipes, le public a eu l’immense privilège de pouvoir approcher les coureurs de très près. Une fois une zone réservée aux personnes accréditées traversée, une par une, toute les équipes ont emprunté un petit chemin boisé pour rejoindre leurs staffs ? Tout au long de ce chemin, les amoureux du Tour ont pu accompagner du regard ceux qui émerveillent depuis bien longtemps déjà la France et ses juilletistes. Jacky Durand n’aura pas hésité à taper la causette avec plusieurs spectateurs. Dans leur grande majorité, les coureurs, pourtant amoindris par l’effort et les conditions climatiques, n’ont pas hésité à se plier au jeu des autographes. Dans une nuée de directeurs sportifs, soigneurs, mécaniciens et journalistes venus du monde entier pour la France et son Tour, très éprouvées, les stars du cyclisme mondial ont ensuite retrouvé le confort de Tourbus rutilants.
Le Tour, ton public est ta force
Si Lance Armstrong et Jan Ullrich sont plus que jamais dans la course au frileux maillot jaune de l’Australien Stuart O’Grady, d’autres ont énormément perdu sur la Voie sacrée reliant Verdun à Bar-le-Duc. Les mines dépitées n’étaient pas rares aux abords de la ligne d’arrivée, mais aucun n’aura véritablement songé à l’abandon, tant la cohésion entre coureurs et spectateurs fut motivante. Dopante diront certains…
A Strasbourg et ailleurs, le rituel sera respecté, chaque soir, sur la ligne d’arrivée. En signe d’offrande, les spectateurs assureront une ovation aux 185 galériens de la Grande boucle. Au fil des vagues sportives et judiciaires, au gré des scandales, le cyclisme et ses pontes ont manqué de percuter l’iceberg fatal. Serein, de génération en génération, le public parvient à lui seul à entretenir la superbe d’une épreuve chère à plusieurs millions de spectateurs. La France ne serait pas tout à fait la même sans ses paysages, son histoire, son vin et son Tour…
13 juillet – 6ème étape (Commercy – Strasbourg)
L’Estonien Jaan Kirsipuu enlève au sprint la sixième étape. Stuart O’Grady conserve le maillot jaune.
Simon est à surveiller
Si l’équipe Bonjour a mis l’accent sur la jeunesse, Jean-René Bernaudeau, en directeur sportif éclairé, a ouvert les portes de son équipe à François Simon. En 1992, ce coureur était déjà au premier plan suite à sa victoire dans la 15ème étape du Giro. De critérium en critérium, l’Aubois, sacré Champion de France en 1999, est devenu un vieux brisquard du peloton. Entre deux autographes, François Simon s’est livré au petit jeu des questions-réponses sans détour, avec le dopage pour seul tabou.
Strasbourg. Journal de la Haute-Marne : Vous évoluez aux côtés de nombreux jeunes coureurs à l’image de la présence de Sylvain Chavanel au sein de votre équipe. Avez-vous un rôle spécifique auprès d’eux ?
François Simon : «Ces jeunes ont parfois besoin d’être rassurés. Sylvain Chavanel participe à son premier Tour, il lui reste encore pas mal de travail à accomplir. Dans deux ou trois ans, il sera possible d’apprécier s’il est en capacité de gérer la suite.»
JHM : Les craintes devaient être plus particulièrement nombreuses à l’aube du contre-la-montre par équipes. Comment avez-vous géré cette étape particulièrement délicate ?
F. S. : «Ce type d’étape est très agréable pour le public, mais les coureurs appréhendent beaucoup le contre-la-montre par équipes. On a toujours un peu peur de rencontrer des difficultés. Le vélo est un sport individuel et collectif, il ne faut pas l’oublier. Notre chrono a été satisfaisant.»
JHM : D’un point de vue individuel, à quel niveau jugez-vous votre forme actuelle ?
F. S. : «Je suis bien depuis un mois. Depuis le début du Tour, je roule toujours avec les cinquante premiers. En montagne, je vais prendre du retard, sans doute quinze minutes, mais mon objectif est avant tout de remporter une étape.»
JHM : Avez-vous une étape particulière en tête ?
F. S. : «Je n’ai absolument rien prévu. Toutes les occasions sont bonnes. Tout dépendra des opportunités qui se présenteront.»
14 juillet – 7ème étape (Strasbourg – Colmar)
Laurent Jalabert remporte sa deuxième victoire d’étape depuis de départ du Tour. Jens Voigt s’empare du maillot jaune.
15 juillet – 8ème étape (Colmar – Pontarlier)
Erik Dekker s’impose au sprint. Stuart O’Grady reprend le maillot jaune.
16 juillet – 9ème étape (Pontarlier – Aix-les-Bains)
Le Russe Serguei Ivanov s’impose au pied des Alpes. Stuart O’Grady conserve le maillot jaune.
17 juillet – 10ème étape (Aix-les-Bains – L’Alpe d’Huez)
Lance Armstrong s’impose au sommet de l’Alpe-d’Huez. Le troyen François Simon revêt le maillot jaune.
Armstrong des cols à la lune
Après une longue absence, le Tour a renoué avec l’Alpe d’Huez et son mythe. Si Coppi, Hinault, Bugno et Pantani ont tour à tour enchanté la station de sport d’hiver dressée à 1 860 m, Lance Armstrong a signé l’une des plus belles pages de la Grande boucle.
L’Alpe d’Huez. Le Tour 2001, en ébullition depuis Dunkerque, restera dans bien des mémoires d’amoureux de la folle saga de juillet. Après le doublé de Laurent Jalabert, la folle échappée de l’étape Colmar-Pontarlier, l’Ale d’Huez et sa terrible ascension de 1 125 mètres ont fait basculer le coureur aubois François Simon en tête du Tour de France.
Après deux ans d’absence, l’Alpe d’Huez renouait avec un glorieux passé notamment marqué par les victoires de Coppi et Hinault en 1952 et 1987. Comme tous les ans, les Alpes, plus radieuses et indécises que jamais, ont été le théâtre d’un immense moment de sport. L’acteur américain Robin Williams, Jean-Claude Guessot et les invités de prestige de Jean-Marie Leblanc n’ont pas eu le temps de pavoiser. Dès les premiers kilomètres, l’heure était à l’attaque. Le cyclisme a été fêté de mètre en mètre, de spectateur spectateur 209 kilomètres durant.
La montagne et ses hommes
Dès le col du Frêne (41ème km), les galériens du Tour ont reçu le bonjour des hommes de la montagne rassemblés d’un virage à un autre autour de glacières copieusement garnies. Noire de monde, sous le tintement assourdissant de vaches fraîchement descendues des alpages, Albertville l’olympique a dessiné de sa foule la route vers le col de la Madeleine. Au sommet, une fois les 2 000 m atteints, la pression du public s’est imperturbablement intensifiée à l’ombre du Mont Blanc.
Lancés à plus de 80 km/h dans la descente vers Saint-Etienne-de-Cuines, les coureurs ont petit à petit pris conscience que le pire les attendait, que le col du Glandon (1 924 m) et les pentus virages de l’Alpe d’Huez étaient prêts à décider de la destinée de chacun.
Longue de 25 kilomètres, l’ascension vers le col du Glandon s’est avérée terrible pour coureurs et suiveurs rivalisant d’audace sur une route extrêmement étroite. Au détour d’un virage, Haut-Marnais, Belges, Allemands, Suisses, Hollandais ou Américains étaient là. Nul n’aura manqué d’adresser un bonjour amical à la voiture suiveuse du Journal de la Haute-Marne. Alors que le père de Laurent Jalabert profitait des rayons copieusement garnis d’une épicerie perdue au cœur du Glandon, la montagne aux dents longues désignait ses premières victimes.
Dans les têtes, les sensations se superposaient, les émotions devenaient cruelles, l’histoire du Tour et de ses grimpeurs ouvrait une nouvelle page de son imposant ouvrage. Maîtres de l’Alpe d’Huez depuis les doublés de Bugno (1991 et 1992) et Pantani (1997 et 1999), les Italiens ne sont les rois de la pédale. L’ombre de Richard Virenque ne plane plus que sur ces pancartes aux messages peu élogieux. Nouveau maître de l’Ale d’Huez, un Américain a illuminé le Tour de France.
Lance Armstrong sur sa planète
A 60 kilomètres de l’arrivée, le public n’en avait que pour François Simon, émérite Aubois virtuellement promis au maillot jaune. Tentant d’accrocher l’inaccessible étoile, Laurent Roux ne pouvait imaginer le coup de tonnerre venu s’abattre sur sa vaillante et courageuse personne. Lance Armstrong avait décidé de se plonger dans l’irrationnel et de rentrer dans l’histoire du Tour. Tel un missile, l’Américain s’est dirigé vers sa cible. Accablé par la fatigue, touché de plein fouet, Laurent Roux n’a pu que frémir, Lance Armstrong dynamitant l’Alpe d’Huez. Investie par plus de 50 000 spectateurs, la route aux virages assassins a vu un homme triompher. La victoire de Lance Armstrong aura éclipsé le coup de force de François Simon. Un Aubois est en jaune ! A l’occasion d’un contre-la-montre, Lance Armstrong aura 32 kilomètres pour côtoyer les étoiles et priver la Champagne-Ardenne d’une nouvelle journée illuminée d’un soleil au zénith. De l’Aube à la lune…
18 juillet – 11ème étape (Grenoble – Chamrousse)
Victoire Lance Armstrong. François Simon conserve le maillot jaune.
Armstrong remet le couvert
Après s’être imposé au sommet de l’Alpe d’Huez, l’Américain Lance Armstrong a poursuivi sa chasse au maillot jaune de Grenoble à Chamrousse tout en distançant, une nouvelle fois, l’Allemand Jan Ullrich. Héroïque, l’Aubois François Simon est parvenu à conserver la tête du classement général. La journée de repos arrive à point nommé !
Chamrousse. Avant de pouvoir profiter d’une journée de repos tant attendue, les 166 forçats de la folle saga de juillet ont enduré un terrible contre-la-montre, l’épreuve confirmant la tonitruante marche en avant de Lance Armstrong lancée du côté de l’Alpe d’Huez. En parfaite condition physique, le Texan a imposé son style si particulier pour s’imposer devant son principal rival, l’Allemand Jan Ullrich concédant une seconde à un Lance Armstrong des grands jours.
Séparés par Beloki et Moreau, Armstrong et Ullrich se sont livrés un combat à distance de toute beauté. Si au 6ème kilomètre, les deux hommes affichaient des temps similaires, dès les premiers mètres de l’ascension vers Chamrousse, longue de 18 kilomètres et forte d’une moyenne d’inclinaison de 7,1 %, Lance Armstrong s’est replongé dans l’irrationnel en assénant plus de 100 coups de pédales à la minute. En retard de 11 » au treizième kilomètre, Jan Ullrich, pourtant insolant de facilité, n’est jamais parvenu à parer la foudre d’un Américain étincelant.
En moins de huit kilomètres, le leader de la Deutsche Telekom a tout simplement perdu 36 ». Secoué, le Champion olympique s’est lancé dans un violent et vain effort, Lance Armstrong écrasant le chronomètre. A trois kilomètres de la flamme rouge, Armstrong, limitant pourtant sa cadence infernale, comptait encore 42 » d’avance sur Ullrich.
Armstrong cloue Ullrich, les Français gardent la cadence
A l’arrivée, après 1 h 08′ 27 » de course, l’Allemand pouvait rêver d’un autre sort, le leader de la Deutsche Telekom prenant éphémèrement la tête du classement devant l’Espagnol Roberto Laiseka, particulièrement en vue lors de ce contre-la-montre. Derrière, Moreau confirmait son excellente forme avant que Beloki ne vienne ravir la troisième place au Français. Le temps était compté pour Ullrich. Armstrong en terminait avec son show. Une fois la ligne d’arrivée passé, l’Américain s’emparait de la victoire d’étape, Armstrong affichant une minute d’avance sur Ullrich, rival réduit à un triste second rôle.
Lance Armstrong ne sera pas parvenu à voler la vedette à des Français ovationnés 32 kilomètres durant. A peine remis de sa géniale échappée de la veille, Laurent Roux a littéralement été porté par le public jusqu’à la ligne d’arrivée. Inquiet avant le départ, Michel Gros, directeur sportif de l’équipe Jean Delatour, a vite été rassuré sur les capacités de récupération de son champion. Quarante-deuxième de l’étape, Laurent Roux a limité la casse et ainsi confirmé son emprise sur le classement du meilleur grimpeur.
Partis l’un derrière l’autre, Laurent Jalabert et Didier Rous se sont également distingués. Onzième de l’étape, Didier Rous est passé de la 15ème à la 12ème place au classement général. Dix-huitième du contre-la-montre, Laurent Jalabert le précède d’une petite place. Les deux Français ont notamment profité de la défaillance de Marcos Serrano.
Simon avec ses tripes
Alors que Stuart O’Grady voyait s’échapper le podium mètre par mètre (112ème de l’étape, l’Australien est passé de la 3ème à la 10ème place au général), rassuré par sa 11 place à l’Alpe d’Huez, Andreï Kivilev, dauphin de François Simon, s’élançait avec pour unique objectif de grappiller de précieuses secondes à l’homme en jaune.
Parti une minute après Kivilev, l’Aubois a très vite affiché le stigmates de la fatigue. Porté par un public que seul le Tour est capable de rassembler, François Simon s’est déjoué du piège qui lui était tendu. En vieux grognard du peloton, l’Aubois s’est accroché tout en gérant parfaitement son effort. Au final, Simon n’aura perdu que 50 petites secondes sur un Kivilev comptant désormais 11′ 11 » de retard sur le courageux leader.
Si le Français jouit encore d’une avance confortable sur ses poursuivants, ses jours en jaune sont plus que jamais comptés. L’Aubois devrait plus particulièrement être mis à rude épreuve dans les Pyrénées où Armstrong et Ullrich promettent de se livrer un duel au sommet.
Le Tour ne fait que commencer
Lors de la conférence de presse tenue à Chamrousse, Lance Armstrong, désormais 3ème à 13′ 07 » de François Simon, n’a pas laissé planer l’ombre d’un doute. «La prudence et n’économie d’énergie» prônées par l’Américain ne l’empêcheront pas de frapper à nouveau un grand coup à Saint-Lary-Soulan ou Luz-Ardiden. Confiant, l’Américain sait que son salut viendra d’une nouvelle débauche d’efforts en montagne.
Relégué à la cinquième place à 16′ 41 » de François Simon et éprouvé par une saison bien plus remplie que celle d’Armstrong, Jan Ullrich sera toutefois un challenger de poids. Les partenaires du leader de la Deutsche Telekom pourraient être d’un précieux secours face à un Lance Armstrong voyant les membres de son équipe peiner au fil des jours.
Si Armstrong semble être l’homme providentiel de ce Tour 2001, l’Américain devra se méfier de Jan Ullrich. Le danger pourrait également venir de Kivilev et Beloki, coureurs coupables de briller dans les Pyrénées. Le Tour ne fait que commencer !
20 juillet – 12ème étape (Perpignan – Ax-les-Thermes)
Victoire d’étape du Colombien Félix Cardenas. François Simon conserve le maillot jaune.
21 juillet – 13ème étape (Foix – Saint-Lary-Soulan)
Lance Armstrong remporte l’étape et endosse le maillot jaune.
Les Pyrénées, offrez les frappées
Avec le retour du soleil, le Tour de France a pris un coup de fouet populaire. De Foix à Saint-Lary-Soulan en passant par l’Espagne, les montagnards ont réservé un accueil dantesque aux galériens de la Grande boucle. De tablée en tablée, d’anecdote en anecdote, gros plan sur les Pyrénées, son tour et son public.
Saint-Lary-Soulan. Si les historiens du Tour ont tendance à mettre en avant les étapes alpestres, les Pyrénées, accidentées et tortueuses, ont écrit à elles seules nombre de pages et chapitres de l’encyclopédie de la Grande boucle. Le soleil aidant, emporté par la foule, le Tour a vécu une journée historique, plusieurs centaines de milliers de spectateurs saluant des forçats portés au rang de héros des temps modernes.
Partis à 10 h 22, les coureurs se sont engouffrés dans une haie d’honneur longue de 194 kilomètres. Devant, bien devant, responsables de course, invités et journalistes ont pu profiter de la chaleur humaine “ovalesque” des Haut-Garonnais avant d’aller à la rencontre des hommes de la montagne lors de l’ascension du col du Portet d’Aspet. Résidant dans les environs, le russe Botcharov était chaleureusement applaudi. Puis, plus loin, l’heure était à l’émotion et au recueillement. Naturellement, les gens du coin étaient venus en nombre peupler les abords de la stèle dédiée à Fabio Casartelli, ancien partenaire de Lance Armstrong tragiquement décédé le 17 juillet 1995 suite à une chute terrifiante.
Jalabert comme au bon vieux temps
L’année 1995 a également été marquée par les performances d’un certain Laurent Jalabert. Vainqueur de Paris-Nice, de Milan-San-Remo, de la Flèche wallonne et de la Vuelta, le Français s’était adjugé le maillot vert et la quatrième place du Tour. Comme en 1995, à peine marqué par une terrible chute d’échelle survenue cet hiver, Jaja s’est battu pour son public et pour la gloire d’un cyclisme français tirant sa force d’un savoureux mélange de jeunes loups et vieux grognards.
Informé de la folle et délicieuse échappée de Jalabert & Co lancée au km 27, le public est entré en ébullition sous un soleil de plomb. Dans une atmosphère lourde et pensante, les Hautes-Pyrénées se sont dressées, les hommes de la Vallée de l’ours faisant honneur à un savoir-vivre célébré à l’occasion du passage de la Grande boucle. Légèrement en avance sur les échappés, les suiveurs n’ont pas hésité à respecter une halte des plus conviviales. Autour d’un verre, à l’ombre d’un jambon, jamais à cours d’anecdotes, spectateurs et suiveurs ont refait le Tour.
Un coup de Jaja et ça repart
Le coup de Jaja ingurgité, les dents curées, les poignées de mains serrées et les coureurs à proximité, les suiveurs s’élançaient dans l’incertaine descente du col du Portet d’Aspet, là où Laurent Jalabert décidait quelques minutes plus tard de prendre la poudre d’escampette. Massé dans l’ascension du col de Menté, le public saluait la nouvelle estocade du chouchou de messieurs et dames. Issu des cépages de Cahors, un curieux et revigorant élixir coulait d’une gourde de berger. Entre deux gorgées, les plus anciens évoquaient la chute de Luis Ocana, mésaventure offrant la victoire du Tour 1971 à Eddy Merckx. Un acharné s’égosillait. «Un coup de rouge et rien ne bouge» : Jaja pointait déjà le bout de son tarin. Le héros de la folle saga de juillet filait vers l’Espagne.
La pression s’intensifiait dans le col du Portillon. Orphelins de Miguel Indurain, Catalans et Basques trépignaient pendant que le peuple de France se prenait à rêver d’une victoire de Laurent Jalabert.
Jacques Goddet et son Tourmalet
Le rêve ne tarda pas s’éteindre. Après une éprouvante ascension du col de Val-Loron-Azet, Jaja se mettait à peiner. Derrière, les favoris partaient en chasse avant d’en découdre dans l’ascension menant au Pla d’Adet, la difficulté la plus coriace de ce Tour 2001 (10 300 m d’ascension à une moyenne de 8,3 %). Après avoir salué un public en liesse 162 km durant, Laurent Jalabert craquait face à Lance Armstrong.
Beaucoup seront restés interloqués face à la débauche d’énergie du Texan. Si Jaja et le public du Tour demeurent assurément et profondément humains, Lance Armstrong ne peut «venir que d’une autre planète ou jouir d’un organisme génétiquement modifié», comme l’affirment certains, tant sa nouvelle démonstration de force est apparue inhumaine. Hier, Laurent Jalabert et les Pyrénées étaient bel et bien les deux seuls héros, les seules et uniques sensations pures d’une étape titanesque et ô combien conviviale.
Le Tour a désormais rendez-vous avec Jacques Goddet, feu amoureux du Tourmalet. Le temps d’un instant, devant la stèle érigée en son honneur en juin dernier, chacun aura une pensée pour Monsieur Jacques, l’âme d’un tour, l’homme ayant offert à la France, la plus profonde soit-elle, la plus populaire des manifestations sportives.
22 juillet – 14ème étape (Tarbes – Luz-Ardiden)
Victoire d’étape de Roberto Laiseka. Lance Armstrong devance Jan Ullrich de 5′ 05 » au classement général.
Happyrénées pour les Basques
Luz-Ardiden. «Gagner si près du Pays basque est quelque chose de grandiose. Cette victoire restera la plus grande de ma carrière.» Cette déclaration de Roberto Laiseka traduit à elle seule l’immense sensation née de l’échappée belle du leader de l’équipe Euskatel-Euskadi. Déjà très en vue dans les Alpes, notamment lors de l’étape menant le Tour à l’Alpe d’Huez, le Basque d’origine et de cœur a fait vibrer toute une région… Tout un pays oserait-on dire.
Dès le col d’Aspin, plusieurs dizaines de milliers de supporters basques attendaient un exploit de leur idole, cet homme incarnant l’espoir et la fierté d’une région. Plutôt Basque qu’Espagnol, le petit grimpeur n’a pas fait dans le compromis en saluant devant micros et caméras ses supporters «basques», ignorant de fait Catalans et Madrilènes.
Une équipe identitaire
L’Equipe Euskatel-Euskadi ne s’est jamais cachée de porter les couleurs du Pays basque. Dans la droite lignée de la politique portée par les dirigeants de l’Athletic Bilbao, club de football brillant à l’échelle européenne, les responsables de l’équipe Euskatel-Euskadi imposent un principe identitaire en privilégiant les coureurs nés au Pays basque. L’équipe dirigée par Julian Gorospe ne comprend ainsi qu’un seul étranger en la personne du Vénézuélien Unai Etxebarria.
Ne pas briller aurait été un véritable affront à une région toute entière. Massés en petits groupes oscillant de cinq à vingt membres, éveillés à coups de Calimoutcho, mélange de mauvais vin rouge et de soda, les supporters de Roberto Laiseka ont avant tout affiché des revendications identitaires malheureusement ternies par exécutions sommaires et attentats commandités par l’ETA, branche politico-terroriste de la noble lutte des indépendantistes basques.
Vêtus aux couleurs du drapeau basque, les supporters-militants de Roberto Laiseka & Co ont longtemps craint une cruelle désillusion.
L’échappée d’un grand champion, la victoire de l’Espagne
Dans le Tourmalet, Roberto Laisaka avait bien tenté de s’échapper, mais Sven Montgomery s’était montré le plus fort. Tout d’orange et de vert vêtus, les supporters basques ont dû attendre l’ultime ascension pour entrer dans un état de liesse. Fier, Laiseka s’est dépassé afin de s’octroyer la plus belle des ces trois victoires dans une épreuve majeure. En offrande pour son peuple, Laiseka s’est littéralement déchiré. Héroïque, sa victoire restera dans l’histoire du Tour et dans la légende d’un Pays basque indépendant en manque de héros.
L’Espagne s’est pourtant servie la plus belle part du gâteau ! Avec cinq de ses représentants aux premiers postes (Laiseka, Héras, Beloki, Sevilla et Gonzales Galdenao), l’Espagne a remis en avant son éternel réservoir de grimpeurs. Ecrasé par l’épineuse mise en avant de l’identitarisme basque assurée par l’équipe Euskatel-Euskadi, ce succès collectif est à lui seul la première réponse à apporter à celles et ceux venus renier leur patrie sur les bords de la route du Tour.
La seconde, bien plus symbolique, est venue des deux plus grands champions de ce Tour 2001, Lance Armstrong et Jan Ullrich franchissant la ligne d’arrivée main dans la main. Si la région est culture et identité, le monde est monde…
Un Tourmalet dédié à Monsieur Jacques Goddet
Si la mort tire son essence de la vie, il est parfois difficile d’accepter cette loi naturelle si cruelle. Le temps d’une étape et d’un hommage, les mots et la passion de Jacques Goddet, l’homme du Tour, cet Albert Londres de la petite reine, n’ont cessé de parcourir l’esprit des plus anciens comme des plus jeunes.
Journaliste, éditorialiste inégalé, Jacques Goddet, à la manière de Blondin, l’alcool en moins, s’est plu tout au long de sa vie à narrer le Tour et ses exploits à la France entière, au fil des colonnes de L’Equipe, le journal de sa vie, de son œuvre, L’Equipe, ce digne héritier de L’Auto-journal, quotidien où Victor Goddet occupa les fonctions de maître administrateur.
Habité par son devoir de transmission de l’information, épris de symboles, appelé au secours de Jean-Marie Leblanc par son ami Jacques Chirac en 1988, année de tortueux épisodes du Tour, Jacques Goddet n’est plus depuis décembre dernier, mais son empreinte sur la Grande boucle s’est révélée à toutes et tous dans une ambiance de recueillement, au pied d’une stèle où trônera à jamais le buste d’un des plus fidèles serviteurs de la grande saga de juillet.
Celui qui se disait volontiers inculte, celui qui avait traversé, impuissant, la propagation du dopage restera à jamais gravé dans les mémoires de ses compères journalistes tant il incarnait l’idéal d’une profession tant exposée à la tentation et la compromission.
Le temps d ‘un hommage, l’ambiance était au spleen du côté du Tourmalet. Il en est ainsi de l’histoire du Tour. De Tour en Tour, des vies se bouclent. Fidèle à ses hommes, la saga de juillet continue de faire son cirque. En équilibriste du mot et de ce qui s’en suit, Jacques Goddet avait fait du Tour l’organe principal de son existence. Désormais, un Tour sans passage au Tourmalet ne sera plus véritablement un Tour. La roue tourne, mais les souvenirs demeurent. Il ne pourrait en être autrement.
24 juillet – 15ème étape (Pau – Lavaur)
Victoire du Belge Rik Verbrugghe. Lance Armstrong trône en tête.
25 juillet – 16ème étape (Castelsarrasin – Sarran)
Jens Voigt s’impose à Sarran. Lance Armstrong voit la vie en jaune.
26 juillet – 17ème étape (Brive – Montluçon)
Le Belge Serge Baguet décroche la victoire d’étape. Le règne de Lance Armstrong se poursuit.
27 juillet – 18ème étape (Montluçon – Saint-Amand-Montrond)
Lance Armstrong impose son insolente domination en remportant le deuxième contre-la-montre individuel du Tour 2001. L’Américain compte 6′ 44 » d’avance sur Jan Ullrich.
28 juillet – 19ème étape (Orléans – Evry)
L’Allemand Erik Zabel s’impose au sprint. Lance Armstrong attend son sâcre.
29 juillet – 20ème étape (Corbeil – Paris)
Victoire sur les Champs-Elysées du Tchèque Jan Svorada. Troisième victoire de Lance Armstrong sur le Tour.
Petite histoire d’un Tour
De Dunkerque aux Champs-Elysées, le Tour 2001 n’a pas manqué de faire son cirque devant un public toujours aussi fidèle à la ténébreuse saga de juillet. Si Lance Armstrong est entré dans la légende du Tour, la France s’est remise à rêver devant les exploits d’un cyclisme tricolore retrouvé. Retour sur trois semaines pas comme les autres.
Paris. Le Tour 2001 ne pouvait mieux commencer. Le 7 juillet, à Dunkerque, Christophe Moreau ouvrait la 88ème Grande boucle en remportant le prologue devant Goldeano, Armstrong et Ullrich. Une fois sur le podium, tout de jaune vêtu, Christophe Moreau n’avait plus qu’à partager son bonheur avec sa compagne, préposée à la remise de la plus prestigieuse tunique que le cyclisme connaisse.
Le coureur de l’équipe Festina s’est fait voler la vedette, le lendemain, de Saint-Omer à Boulogne-sur-Mer. Longue de plus de 200 km, l’échappée de l’éternel Jacky Durand, parti une énième fois dans une folle aventure aux côtés de Christophe Oriol, restera un des grands moments de ce Tour 2001. Bloqués trois minutes pas un passage à niveau, les deux compères, condamnés à être rejoints par le peloton, ne purent qu’admirer la victoire au sprint de Zabel, l’Allemand mettant ainsi un terme à un long et inquiétant passage à vide.
Tout de jaune vêtu, Christophe Moreau n’a pu résister à la chevauchée fantastique de Wauters lors de la deuxième étape. Arrivé à Anvers, le Belge pouvait savourer son triomphe d’un jour, une victoire lui offrant la première place au classement général.
Parti sur un train infernal, le Tout a fait ses premières victimes lors d’une troisième étape sillonnant de Anvers à Seraing un Plat pays haut en couleur. Tandis que Casagrande perdait tout espoir, Zabel remettait le couvert au sprint. Non loin de lui, l’Australien O’Grady se révélait au public en prenant la tête du Grand cirque.
Jaja assure le feu d’artifice
De retour en France, le Tour a savoué son premier coup de Jaja, un coup de force au tanin prononcé savouré à discrétion le 11 juillet. C’est un Laurent Jalabert d’une grand cuvée qui a illuminé, de Huy à Verdun, un ciel capricieux. O’Grady conforta son emprise sur le Tour, le lendemain, en menant l’équipe du Crédit agricole vers la victoire lors du contre-la-montre par équipes. De passage à Saint-Dizier au terme de cette étape si particulière, François Simon avouait au Journal de la Haute-Marne son intention de frapper un grand coup.
Après une victoire de Kirsipuu, rares étaient ceux à espérer une victoire française en guise de célébration du 14 juillet. Six ans après sa victoire à Mende, quatre ans après l’exploit de Laurent Brauchard à Loudenvielle, Laurent Jalabert s’est lentement laissé glisser vers une douce et profonde ivresse. Vainqueur de l’étape, plus vrai que jamais, Jaja, deuxième au général derrière Voigt, n’avait plus qu’à assumer son statut de chouchou des Français?Cet exploit fut malheureusement terni par un illuminé lancé à grande vitesse au volant de son véhicule sur la foule massée aux abords de la ligne d’arrivée. Rapidement interpellé par les forces de l’ordre, ce déséquilibré avouera avoir «reçu un massage de Dieu lui ordonnant d’aller embrasser Laurent Jalabert.»
Puis vient le jour du désormais mythique “coup de Pontarlier”. Dekker est le premier à rallier le chef-lieu du canton du Doubs. Un petit groupe d’échappés le suit à un peu plus de 2′, plus loin, bien plus loin, à 35′, Armstrong, Ullrich et le gros du peloton passaient la ligne hors délais. Condamné à excuser ce retard, Jean-Marie Leblanc pouvait jubiler, le Tour 2001 s’annonçait grandiose après seulement huit étapes. Cinquième de l’étape, O’Grady retrouvait le maillot jaune, dauphin de l’Australien et petit dernier d’une famille chère au cyclisme français, l’Aubois François Simon n’avouait qu’à demi-mots se prendre à rêver d’une vie en jaune.
Simon en jaune, Armstrong des cols vers la lune
Après la victoire de Ivanov lors de la neuvième étape, les Alpes, fières et généreuses, ont ouvert leurs portes aux itinérants de la petite reine. D’Aix-les-Bains à l’Alpe d’Huez, en passant par les cols du Frêne, de la Madeleine et du Glandon, Laurent Roux ouvrait la voie. Durant 198 km, le Français occupait le rôle de premier de cordée avant se se faire rejoindre en pleine ascension vers l’Alpe d’Huez par un Armstrong époustouflant d’énergie, l’Américain réduisant Ullrich à concéder 1′ 59 ». François Simon, émouvant de courage, passait la ligne en 29ème position, loin devant un O’Grady en manque d’oxygène. Le Français prenait ainsi, pour la première fois de sa vie, le maillot jaune, l’Aubois devançant Kivilev de 11′ 54 » au général.
Long de 32 km, le contre-le-montre entre Grenoble et Chamrousse a illustré la suprématie d’un homme venu d’ailleurs. A plus de cent coups de pédales à la minute, avec un style inqualifiable, Armstrong, le ressuscité, s’emparait de la 11ème étape une minute devant un Ullrich courageux, mais incapable d’éradiquer le phénomène Armstrong.
Après une première journée de repos, Cardenas s’emparait de la 12ème étape, théâtre de la terrible chute de De Groot.
Des Pyrénées bien frappées
Le samedi 20 juillet, Laurent Jalabert tirait sa dernière cartouche en signant une mémorable échappée en haute montagne qui vaudra, au rouleur et descendeur invétéré, un inespéré maillot à pois du meilleur grimpeur. Après une chute avant l’entame de la dernière ascension de la journée, Jaja pouvait laisser filer la fusée du programme Appolo 11, Armstrong imposant un rythme infernal. Jamais Ullrich, deuxième à 1′, et Beloki, troisième à 1′ 46 », n’auront pu contester la suprématie du Texan. Héroïque, François Simon, 31ème de l’étape, cédait son maillot jaune à Armstrong.
La 1’ème étape offrait au Grand cirque le paysage lunaire du Tourmalet où , à proximité du sommet, trône depuis juin dernier la stèle de Jacques Goddet, l’une des âmes perdues du Tour et du journalisme. Crevasses, pitons, mamelons, traînées et cirques, tout était présent pour la lune de miel de Laiseka, heureux jeune marié venu épouser la ferveur de tout un peuple. Le Basque, figure charismatique d’une région, d’une identité, d’une culture et d’un indépendantisme exacerbé s’est démené afin d’offrir à son public une sublime victoire au sommet de Luz-Ardiden. Respectueux l’un de l’autre, Armstrong et Ullrich passaient la ligne d’arrivée main dans la main. Le Tour était déjà bel et bien joué.
Le 23 juillet, après une journée de repos, Verbrugghe faisait parler la poudre alors que Waugther était contraint à l’abandon. Piqué à l’oeil par une guêpe, le coureur n’aura pu recevoir le traitement adéquat basé sur l’injection de corticoïdes figurant sur la liste des produits interdits. Dans le même temps, Jean-Marie Leblanc prenait connaissance de huit cas positifs rapidement écartés suite à la production d’ordonnances médicales de provenance douteuse.
Vite oublié, cet épisode laissait place à la victoire de Voigt lors de la 16ème étape. Cette étape menant la Grande boucle de Castelsarrasin à Sarran ne restera pas dans les annales pour la visite de prestige de Bernadette Chirac, mais bel et bien pour la terrible chute impliquant une bonne partie du peloton et plus particulièrement le Suisse Montgomery, contraint à l’abandon. Le lendemain, le Belge Baguet remportait la décision à Montluçon.
Armstrong pour l’honneur, O’Grady et Zabel pour le vert
Le contre-le-montre programmé à l’occasion de la 18ème étape, traversant le Petit Bois de Saint-Amand cher à Barbara, mettait une fois de plus en avant l’homme de ce Tour 2001. Avec 1′ 24 » d’avance sur Goldenao, 1′ 39 » sur Ullrich et 2′ 25 » sur Didier Rous, impressionnant Champion de France, Armstrong s’imposait pour l’honneur.
Le lendemain, alors que le Français Jérôme Chiotti, ancien Champion du monde de VTTn déclarait «Armstrong dégage une trop forte sensation d’aisance, ça me rappelle mes années EPO», Zabel s’imposait devant O’Grady, l’Allemand se rapprochant ainsi du maillot vert porté par l’Australien.
Hier, sur les Champs-Elysées, Svorada s’imposait sur la plus belle avenue de la planète alors que Zabel s’emparait du maillot vert sous les yeux d’un Laurent Jalabert, tout de pois vêtu et honoré par le Prix de la combativité et une remarquable troisième place au classement par points.
De bons enseignements
De son côté, comme depuis trois éditions, Armstrong, focalisé sur le Tour, pouvait déambuler la bannière étoilée en main et ainsi cultiver une image toujours aussi frileuse comme l’illustre l’attribution du Prix citron décerné par un collège international de journalistes.
Malgré certains épisodes délicats, ce Tour 2001 a marqué l’achèvement, bien prématuré, de la préoccupante question du dopage. Le public, simple et chaleureux, a oublié Richard Virenque et s’est tourné vers Monsieur Laurent Jalabert, nouvel ambassadeur du cyclisme français. Ce dernier peut envisager sereinement sa prochaine retraite, Laurent Roux ou le jeune Sylvain Chavanel ayant fait montre à plusieurs occasions de leurs indéniables capacités. Ce Tour 2001 restera également unique pour la Champagne-Ardenne, le rêve jaillissant du courage et de la ténacité de l’Aubois François Simon.
Hier, sous les coups de 17 h, les acteurs de la Grande boucle avaient la gueule de bois. Sous un ciel déserté, le Tour 2001 s’est évaporé tel un parfum perdu. Rendez-vous en juillet 2012.