L’air étonné – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il fut un temps où La France insoumise avait un potentiel pouvoir de séduction. Une époque où le côté Robin des Bois pouvait agir comme un aimant auprès des électeurs, qu’ils soient de gauche, bien sûr, du centre, pourquoi pas, de droite, soyons fous. Quelques années où tout semblait vouloir réussir au tribun Jean-Luc Mélenchon. Après tout, l’ex-socialiste avait suffisamment pratiqué les politiques pour en éviter, à son tour, les travers. Suffisamment, aussi, exercé au sein des hautes sphères pour savoir ce qui était bon pour la France.
Ça aurait pu marcher. Ça a failli marcher. Et patatras, les masques sont tombés. Ou pour le moins, les propos ont été suffisamment mal maîtrisés, et cela à répétition, pour que le regard change radicalement sur cette LFI passée de phénomène de société, presque – à phénomène de foire, quasiment. Une machine à buzz.
Alors que Jean-Luc Mélenchon avait réussi le tour de force, apparemment en tout cas, d’unir les gauches au sein de la Nupes, le voilà qui réussit désormais l’exploit de se lancer dans une outrance systématique. Celle qui fait parler à chaque fois. Mais à chaque fois pour enfoncer un peu plus une France insoumise devenue une caricature. Les positionnements de LFI, notamment sur la question du Hamas et le refus de qualifier clairement ses membres de terroristes, n’en finissent pas de lui attirer des ennuis. Jean-Luc Mélenchon en a fait les frais, au moins médiatiquement dès après le 7 octobre. Puis Rima Hassan. Et Mathilde Panot, ces deux dernières ayant été convoquées dans le cadre d’une enquête pour apologie du terrorisme. La faute à des discours jamais loin du dérapage. Mais l’occasion pour l’extrême gauche de dénoncer, bien évidemment, une persécution supposée de la part de la justice.
Ou comment, donc, jouer avec le feu très souvent et finir par se brûler parfois, en en ayant l’air étonné, systématiquement.