Bruno Soirfeck (président du CVB 52) : « Dix saisons de carré final »
Après l’élimination du CVB 52 par Tours, mercredi, en demi-finales, le président depuis seize ans, Bruno Soirfeck, revient sur les éléments forts de cette saison et les petites déceptions, avec aucun titre au bout. Il déclare aussi que l’effectif sera à moitié renouvelé pour la saison 2024/2025.
jhmquotidien : Comment avez-vous trouvé l’hommage à Daniel McDonnell ?
Bruno Soirfeck : « Daniel est un élément récurrent du CVB, d’un professionnalisme exemplaire et il était normal de lui rendre hommage. On est heureux que sa fin de carrière, symboliquement, était à Chaumont. Il a été acteur du titre en 2017. Cela fait partie des choses importantes et des valeurs que l’on a, même quand ce ne sont pas des joueurs de chez nous, de féliciter, d’honorer. S’il y avait un Hall of fame du CVB, il en ferait partie. »
jhmquotidien : Comment jugez-vous cette fin de saison ?
B. S. : « Si je commence par le moins bien, on ne décroche pas de titre cette année. Nous sommes au minima des objectifs que l’on s’était fixés. Nous sommes dans le Top 4. Mais nous sommes sortis au premier tour en coupe d’Europe, on a perdu en Supercoupe. Pareil en coupe de France où nous perdons directement à Poitiers. On a souffert, non pas dans la technique, la fiabilité du groupe, homogène, solidaire, mais il y a eu un petit souci mental, qui nous a amenés à être moins fiables dans le “money-time”, où on a souffert. Le positif, c’est que l’on a fini premier de la saison régulière. J’y tenais car cela nous a permis de décrocher au moins une coupe d’Europe, la CEV. On verra si le “ranking” nous permet d’offrir la compétition ultime, la Ligue des champions, à Palestra. »
jhmquotidien : Que pouvez-vous dire du visage de l’équipe l’an prochain ?
B. S. : « Sans dévoiler les noms, car on attend de tout finaliser, on est de l’ordre du 50/50 entre les départs et les arrivées. Nous n’avons pas réussi à retenir, pour des raisons financières, certains joueurs. Mais une grosse partie de la colonne vertébrale sera là l’année prochaine. Des joueurs majeurs ont “performé” et ils nous ont renouvelé leur confiance. Nous avons fait ce qu’il fallait pour les conserver. Et aussi renforcer des postes quand on a des éléments majeurs qui partent. On aura un effectif de treize joueurs. Sur le staff, on est en discussions avec Silvano Prandi. Stefano Mascia, son adjoint, a signé en Républiqué tchèque. Antonello Adriani, qui n’était plus chez nous, mais qui était là, ce samedi, va être coach-adjoint à Monza. Les parcours, commes les joueurs, de nos salariés, démontrent leurs qualités. »
« De la frustration »
jhmquotidien : Quel regard portez-vous sur Tours, seulement 4e, qui vous a battu en demi- finale ?
B. S. : « Le volley a cette particularité d’avoir une saison régulière et des “play-off”. Cela nous est arrivé de finir dans la partie basse et d’aller plus loin. A part la surprise du chef, Saint-Nazaire (7e), finaliste, les équipes comme Montpellier, Tourcoing, Chaumont, Tours, sont là. Je ne cherche pas d’alibi. On a de la frustration. Notre équipe pouvait aller jusqu’au bout. Le sport et les matches en ont décidé autrement. A Palestra, pour moi, on doit gagner. Il y a la bascule aux 2e et 3e sets qui peut se faire à Tours. On fait des mauvais choix. C’est la récurrence du volley-ball. Il ne suffit pas de gagner un set, mais le match. »
jhmquotidien : Vous avez eu peu de blessures. Pourquoi ?
B. S. : « Nous avons un staff élargi, l’un des plus conséquents. On l’a vu cette année, avec peu de blessures. L’année de la Ligue des champions, nous avons fait 49 matches sans pépin physique. »
jhmquotidien : Retenez-vous la cohésion du groupe cévébiste ?
B. S. : « Silvano Prandi l’a souligné ce samedi et aussi lors du repas avec les joueurs et le staff, vendredi. Pour faire une grosse équipe, il faut que les hommes de banc soient des valeurs sûres, acceptent leur réalité de remplaçant, mais qui doivent être présents à tout moment. Je remercie l’ensemble du groupe et pas seulement les six sur le terrain. »
jhmquotidien : Comment jugez-vous le remplissage de la salle cette saison ? Qu’est-ce qui peut être amélioré ?
B. S. : « La fréquentation moyenne est plus élevée. Je suis fier de ce que l’on est devenus. Je suis fier de la récurrence au plus haut niveau, avec dix saisons de carré final. Tout ne se fait pas par le fuit du travail. Certes, nous avons plus perdu que gagné de finales. D’un point de vue des supporters, cela veut dire que l’on propose du spectacle à Chaumont. Après, tout peut être amélioré. Il y avait du monde à Tours. Cela fait plus “chaudron”. Mais on est aussi un des seuls club qui se déplace partout. »
Centre de formation et société « en mode attente »
jhmquotidien : Le contexte économique n’est pas simple. Comment le gérez-vous ?
B. S. : « Nous sommes dans une période d’économies, notamment la subvention publique. Pas seulement dans le volley. C’est plus en diminution. Nous devons avoir nos propres ressources. Pour “performer”, il faut de l’argent. Les résultats doivent nous permettre de convaincre. Je tiens à remercier les partenaires institutionnels et privés. Beaucoup sont là depuis un grand nombre d’années. Ce n’est pas avec l’opération du Saint-Esprit d’en arriver là. »
jhmquotidien : Est-ce que vous allez passer en société ?
B. S. : « Le centre de formation et le passage en société sont en mode attente. Je vais organiser bientôt un Conseil d’administration là-dessus. Nous avons été rattrapés par la DNACG sur notre situation. Les réserves que l’on avait ont été mangées. Nous devons être dans la sobriété. Nous avons pris des décisions dans le staff, la masse salariale. On doit travailler mieux, en cherchant des valeurs sûres. On est une association mais aussi une entreprise. Quand on fait des milliers de kilomètres, que l’on prend des nuits d’hôtel, plus les billets d’avion, même si nous l’avons peu utilisé, cela coûte de plus en plus cher. Nous sommes à la tête de 18 appartements, avec des charges qui augmentent. Nous ne pouvons pas prendre des joueurs qui coûtent plus cher. Nous devons être plus malins, attentifs, travailleurs, perspicaces. Et trouver des pépites, des éléments en devenir. »
jhmquotidien : Silvano Prandi va-t’il rester ?
B. S. : « C’est notre homme-clé. On est en pourparlers et sa signature est en bonne voie. Grâce à lui, cet homme de talents, cela nous permet d’aller chercher des joueurs en devenir et pas forcément aboutis. Et ceux qui partent de chez nous sont meilleurs grâce à eux-mêmes et au “cuisinier” Silvano. Il permet de répondre à une actualité économique moins favorable qu’à Tours, Tourcoing ou Montpellier, qui ont des ressources plus élevées que nous. »
Recueillis par N. Chapon