Arthur Diliberto, mémoire à trous
DANS LA VOITURE DE… Mercredi 17 avril, jhm quotidien a embarqué dans la voiturette de golf d’Arthur Diliberto, pratiquant depuis sa tendre enfance et employé du golf de Combles-en-Barrois (Meuse). Une balade entre les trous, pour l’interroger sur certains préjugés inhérents à ce sport.
Ici plus qu’ailleurs, il faut s’accommoder de la météo. C’est dans le cadre franchement époustouflant du golf de Combles-en-Barrois, en Meuse, que nous retrouvons Arthur Diliberto, originaire de Saint-Dizier, mercredi 17 avril. Employé de la structure depuis deux ans, il est un peu inquiet. « De mémoire, je n’ai jamais connu une saison qui démarrait aussi tard », grince-t-il, dans son ensemble de golfeur impeccable.
Avec la pluie, une partie des terrains est, sinon inondée, bien trop grasse pour permettre aux amateurs de venir y jouer. D’ici le début du mois de mai, ça devrait être réglé, soit un mois de retard sur le calendrier espéré. « Généralement, fin mars, tous les trous sont ouverts », poursuit le jeune homme de 26 ans, qui fréquente le golf « depuis toujours ». Et qui connaît chaque trou sur le bout des doigts.
« Les repas en famille du dimanche, c’était au golf », rembobine celui qui prend toujours plaisir à jouer avec sa grand-mère, malgré leur différence de niveau. L’index d’Arthur est de 0, soit le meilleur niveau possible pour un amateur. « Pour rendre les parties équitables, une personne avec un handicap de 18 aura le droit de faire 18 coups de plus que moi sur une même partie », explique-t-il. Ainsi, jouer avec son aïeule est tout à fait possible. À condition que le temps soit de la partie.
Arrosage raisonné, surtout quand il fait chaud
Le golf, en général, a largement été pointé du doigt lors des étés caniculaires passés, puisque certains maintenaient un arrosage quasi-permanent. Là-dessus, Arthur Diliberto ne botte pas en touche : « Nous arrosons très peu, seulement les zones de départ et les greens. C’est avant tout pour des raisons économiques, mais quand il fait trop chaud, on s’adapte. » Embarqués dans la voiturette, on peut aisément s’imaginer l’impossibilité de maintenir les 50 hectares du golf verdoyants lorsque le mercure s’emballe.
À Combles-en-Barrois, seul golf 18 trous de Meuse, le terrain est laissé tranquille. « Ça crame et ça revient », constate le golfeur. Sauf les greens, dont le sous-sol sableux paralyserait le site pendant plusieurs mois si l’herbe de surface venait à brûler. Heureusement, ils ne représentent qu’une infime partie du golf, qui comprend aussi 10 hectares de forêt. Mais tous ne sont pas si rigoureux. « Il y a des mauvais élèves, notamment aux États-Unis, et on en pâtit… », se désole Arthur.
Rajeunir le public, mission complexe pour Arthur
Lors de notre visite, la météo était capricieuse. Une averse a précédé notre balade ensoleillée lors de laquelle notre guide a fait montre d’un certain talent, club en main (nous avons pour notre part été catastrophiques). Malgré cela, un certain nombre de visiteurs étaient présents. « Nous avons plus de personnes en semaine que le week-end », constate Arthur. Et qui sont-ils, justement, ces golfeurs amateurs ?
« Nous avons beaucoup de retraités, et des fonctionnaires, devant les cadres », assure Arthur. Pas simple de rajeunir le public du lieu, car si l’école de golf marche bien, la frange des 18 – 40 semble déserter les parcours. « Parce que nous sommes excentrés, à leur majorité, ceux qui jouaient partent faire leurs études à Reims, Nancy, Paris… », explique le jeune golfeur, qui admet lui-même avoir arrêté de golfer quelques années, pendant ses études.
Lucide, il ajoute que « le golf ne sera jamais le foot, quelqu’un au RSA, avec deux enfants, ne pourra pas venir jouer ». Le tour du parcours touche à sa fin, la voiturette électrique manque de caler alors que nous amorçons une montée. Arthur se marre : « C’est vraiment naze ces trucs, ça tombe tout le temps en panne ! » Revenus à l’entrée du golf, une pensée nous traverse l’esprit : on l’a échappée belle.
Dorian Lacour