“B.I.P” : ou bon sens, intelligence et poésie
Education. Dans agri il y a culture, alors rien d’étonnant à ce que la compagnie Thearto revendique avec fierté sa résidence collaborative de trois ans au sein du lycée Edgar-Pisani. De cette cohabitation est né “B.I.P”, spectacle éco mais surtout logique.
Dans le cadre de l’éducation socio-culturelle dispensée au lycée Edgard-Pisani, la compagnie chaumontaise Thearto s’est greffée aux travaux des professeurs Christophe Rémy et Yvan Reynaud et a œuvré avec les élèves à l’oralité, mais aussi l’écriture, la vidéo, la photo… ce durant une résidence de trois ans. La résultante de ce travail, un spectacle intitulé “B.I.P”, pour Bulletins d’Informations Positives , a été présentée mercredi 17 avril à l’équipe pédagogique.
Pendant 30 minutes, les comédiens-journalistes enchainent des bulletins aux couleurs très variées : météo du ciel, météo des cœurs, météo intérieure… Et parler climat, ou plutôt urgence à sérieusement s’en préoccuper, ce à l’aide de réparties bien tournées puisque l’humour reste une bouée de sauvetage quand les arbres manquent ou prennent l’eau. « Les arbres communiquent grâce à leur carte cime », dit-on dans le spectacle. A l’aide de petits reportages, d’extraits d’entretiens, bribes de spectacles, photos et vidéos, le tout prend un air de JT enjoué et drôle malgré nos forêts qui ont réellement « la gueule de bois ».
Les jeunes futurs agriculteurs abordent leurs préoccupations, louent l’humanisation des grandes surfaces par « la figuration sur les briques de lait du nom du producteur, son territoire et la race laitière », par exemple.
« Montrer ce qu’il se passe dans une exploitation »
Les jeunes ont conscience que par soucis de sauvegarde environnementale certaines méthodes de production doivent s’adapter, mais « on ne peut pas tout changer du jour au lendemain. Au début, il faut deux ans et demi pour produire un pot de yaourt. La terre a ses rythmes ». Les jeunes ont conscience que les fermes doivent « s’ouvrir pour montrer ce qu’il se passe sur une exploitation » et affirment que c’est du ressort de leur génération.
Dans “B.I.P.”, un bulletin culinaire : la recette du poulet au myosotis. Prendre un beau poulet plein air, cueillir quelques fleurs de myosotis, une cuillère de miel, une pincée de vent et un zest de soleil. Mettre les fleurs dans un vase bleu, et déguster le miel en regardant le poulet tendre picorer sur la pelouse. Ou encore, allons enfants de 1980 : les femmes obtiennent alors seize semaines de congés maternité, quand les femmes d’agriculteurs, autrefois déclarée sans profession, devront attendre 2017 pour avoir pareille mesure. « Sans profession ? Jardins, papelards, compta, poules, conserves ? Sans profession ? T’as qu’à te débrouiller pauv’con. »
Remontée de bretelles ou en prendre plein la cote en bonne et due forme. Prévue pour se produire en salles de classe, cette création est une bouffée d’air pur pleine d’intelligence. On y croisera aussi un chasseur qui se prend dans ses propres pièges, une serpillère en plastique qui lave du plastique, et une ode à « l’amour, encore et toujours. »
Elise Sylvestre