A Chaumont, ville du graphisme, que penser de l’affiche des JO 2024 ?
L’affiche des JO de Paris 2024 a fait couler beaucoup d’encre. Jean-Michel Géridan, directeur du Signe, centre national du graphisme nous livre ses impressions sur cet objet de communication internationale (ou pas).
L’affiche des Jeux olympiques de Paris 2024 a fait le tour du monde. Aussi bien en négatif pour dénoncer l’absence des symboles français qu’en positif avec sa multiplicité de scènes et de couleurs.
Loin des polémiques, Jean-Michel Géridan donne son avis d’expert sur l’aspect purement graphique. Celui qui dirige le Signe depuis six ans, commence : « C’est une très belle œuvre d’art, mais ce n’est pas une affiche avec une valeur de communication, c’est un poster qui peut-être collectionné dans une chambre d’adolescent. On est presque dans un jeu de piste style « Où est Charlie ? ». » Pour lui, cette œuvre est inspirée « du monde du pixel art, des Sims et de la science-fiction, mais aussi de l’univers de Jean Giraud alias Mœbius. » Ce dernier était d’ailleurs connu pour être l’un des dessinateurs francophones majeurs du XXe siècle.
Le but de cette affiche et de ces jeux, c’est « d’être unis le temps d’un moment. On est sur une France apaisée ». Une multitude de détails se mélangent, les bateaux de la Seine, la Marina de Marseille, le Trocadéro, la vague tahitienne de Teahupo’o et bien sûr la Tour Eiffel. Un véritable jeu de regard d’un endroit à l’autre se crée lorsque quelqu’un regarde le « poster ».
Sur l’affiche, la couleur rose prédomine. « C’est super beau, je trouve la nuance de teinte très belle avec du rose bonbon, c’est assez équilibré. Mettre le Stade de France percé par la dame de fer, c’est bien vu. Les valeurs qui s’expriment sont l’optimisme et la séduction. »
2 000 heures de travail nécessaires pour cette affiche des JO 2024
Le créateur de ce « poster » est Ugo Gattoni, un artiste d’Île-de-France de 35 ans. Son affiche a été dévoilée au musée d’Orsay en mars dernier et a nécessité un travail manuel de 2 000 heures, un véritable diptyque où les deux affiches assemblées donnent d’un côté les olympiques et de l’autre les paralympiques. Une fois assemblée, elle permet de découvrir une ville-stade où les couleurs et les détails se mélangent sous le regard de 40 000 personnages et 47 sports représentés.
« L’idée, c’est que cette affiche ait un rayonnement international, elle a une vision fantasmée de la France. Il y a aussi la Tour Eiffel qui est l’essence même de la France. »
Côté reproches, il regrette l’absence de lieux symbolisant la Bretagne ou le Nord de la France. Et le fait que l’affiche « soit très bavarde, il y a un peu trop de contenus, on s’y perd. » Affiche où te caches-tu ? « Après le problème, c’est qu’on ne la voit jamais dans les rues. Le but, pourtant, est de se retrouver dans l’espace public. Alors que dans ce cas, elle va plutôt se retrouver dans une chambre d’adolescent vu que c’est un poster. »
Une affiche des JO 2024, des polémiques
« Pas assez chrétienne » pour certains « pas de drapeau français » pour d’autres : l’affiche des Olympiades a déchaîné la toile depuis sa révélation début mars. Pourtant, le Comité olympique interdit formellement la présence de drapeau et de tous les signes religieux. Si on se fie aux affiches des jeux précédents, aucun drapeau ni religion ne sont présents.
Pourtant, de nombreux « responsables » politiques surtout d’extrême droite en ont profité pour parler d’un « mépris pour notre drapeau tricolore » ou encore de « la cancellisation de notre patrimoine chrétien » pour ne reprendre que Jordan Bardella, président du Rassemblement national.
Julien Voirin