Permis à 17 ans et assurance : une liberté bridée…
Depuis le 1er janvier 2024, les jeunes de 17 ans peuvent passer leur permis de conduire pour leur donner plus d’autonomie. Mais pour rouler, encore faut-il une assurance. Or, il semble que sur cette question, le dispositif a des “trous dans la raquette”…
Permettre aux jeunes de 17 ans de gagner en autonomie pour se rendre au lycée ou sur leur lieu de stage ou d’apprentissage, l’idée est bonne. Et du point de vue des parents, qui sont souvent obligés de faire le taxi, c’est soulageant. Soulageant mais jusqu’à un certain point car il se pose vite la question de l’assurance. Sans cette fameuse carte verte pas moyen de rouler, or, selon les textes, un mineur ne peut, normalement, pas contracter d’assurance à son nom propre… Démarre alors ce qui ressemble à un parcours du combattant.
C’est justement ce qu’a découvert une famille résidant dans une commune du Grand Langres et qui a deux fils, dont Corentin. En apprentissage dans le secteur de l’agriculture, il a trouvé un patron à 10 km de son domicile. « Nous avons tout de suite vu le côté positif, car cela nous déchargeait de devoir l’emmener tous les matins au travail », explique Sabrina, sa belle-mère. Corentin obtient du premier coup son permis et les parents déclenchent donc les démarches pour qu’il soit assuré. « Je suis allée voir notre assureur qui m’a dit qu’il ne n’assurerait pas de mineur si la voiture fait plus de 4 cv et que pour assurer Corentin il fallait que la carte grise de la voiture qu’il allait conduire soit à son nom. » Le véhicule de la famille est une Clio qui ne dépasse pas les 4 cv exigés, mais pour la carte grise, il leur a fallu faire les mêmes démarches qu’une vente ou une cession. « Nous avons dû repasser le contrôle technique et payer 75 € ; fournir des attestations d’hébergement, du statut d’apprenti de Corentin et des exigences de notre assureur que nous avons envoyées en préfecture et payer la nouvelle carte grise, soit 125 €. » Une fois toutes ces étapes passées, retour chez l’assureur et, là, nouvelle surprise. Corentin est jeune conducteur et mineur donc la prime d’assurance, en tous risques, se monte à 1 670 € pour l’année !
La solution de la conduite accompagnée
« Si on fait le calcul, nous en sommes à plus de 3 000 €, coût du permis compris. Heureusement nous avons bénéficié d’une aide de 500 € du CFA. L’assureur nous a dit que si Corentin avait fait la conduite accompagnée, il y aurait eu moins de difficulté pour l’assurer, mais nous l’ignorions. Pour le deuxième qui a 16 ans, on l’a inscrit d’office à la conduite accompagné. »
Un choix qu’avaient fait les parents de Majdeline. « J’ai suivi le parcours mais ensuite j’ai été obligée de valider cinq heures de conduite pour pouvoir passer l’examen », explique la jeune langroise. En août, elle passe et obtient son permis, mais la loi n’est pas encore inscrite au Journal officiel donc elle ne peut pas conduire seule. « J’ai dû attendre janvier et mes parents ont dû se pencher sur la question de l’assurance. » Cette fois, la famille décide de faire apparaître leur fille sur leur contrat. « Nous l’avons déclarée comme deuxième conducteur et cela n’a posé aucun problème. Elle avait fait la conduite accompagnée donc gagné en expérience, ça joue toujours en sa faveur. Depuis Majdeline peut prendre la voiture quand elle en a besoin et elle gagne en autonomie », sourit sa maman.
Reste que Corentin et Majdeline ont pu bénéficier du soutien de leurs parents mais quelles solutions sont proposées pour les jeunes qui n’ont pas cette chance ?
Patricia Charmelot