Il conte Versailles aux grands de ce monde

Enfant de la Haute-Marne où il revient régulièrement (il a grandi à Villiers-en-Lieu), Dominique Avart est depuis 34 ans le responsable du protocole du château de Versailles. Une fonction prestigieuse qui l’a amené – et l’amène encore – à guider des présidents américains, une princesse britannique, des stars d’Hollywood ou du rock… Il (ra)conte Versailles dans un livre paru ce mercredi.

« Venez me voir à Washington, on vous fera visiter la Maison-Blanche, il y a du mobilier français… » Celui qui a lancé cette invitation à ce Haut-Marnais était loin d’être un hurluberlu. Il s’agissait ni plus ni moins que d’un – ex – président américain alors en exercice. Pas de quoi déstabiliser Dominique Avart, qui y a répondu favorablement. Et pour cause : il a eu l’occasion, les années précédentes, d’entretenir, l’espace de quelques heures, des relations privilégiées avec une princesse britannique (Lady Di), une star d’Hollywood (Leonardi DiCaprio), une icône du rock (Prince), des chefs d’Etat en veux-tu en voilà… Pour quelle raison ? Ce Bragard de naissance n’est autre que le chef du protocole du château de Versailles. Un poste passionnant, qu’il occupe depuis 34 ans, et qui l’amène aujourd’hui à raconter – tout en respectant certaines clauses de confidentialité – quelques souvenirs marquants laissés par des visiteurs pas comme les autres (lire l’encadré).

« Concours administratif »

Et pourtant, rien ne prédestinait cet enfant de Villiers-en-Lieu, ce collégien de La Noue, ce lycéen de « Saint-Ex », à guider les grands de ce monde dans le symbole du rayonnement de la France. « Après avoir fait un peu de droit à Reims et mon service militaire à Bar-le-Duc, j’ai passé un concours administratif, parce que mes parents voulaient que je travaille », explique Dominique Avart. Et il s’est retrouvé en poste à Versailles. Dans la sécurité. Si ce métier ne le passionnait pas plus que cela, le Villarais était heureux : il travaillait dans le prestigieux château quadricentenaire, qu’il avait visité dans sa jeunesse et sur lequel il a beaucoup lu. Avant que sa carrière ne prenne subitement une autre tournure.

Un chef d’Etat s’annonce

C’était un midi, dans les années 90. Une personnalité sollicitait à l’improviste une visite du domaine du Trianon où le Haut-Marnais était de permanence. « A l’époque, il n’y avait pas de portable pour prévenir un conservateur ou un conférencier, et je ne pouvais pas laisser cet homme partir, raconte Dominique Avart. Alors j’ai pris l’initiative d’organiser sa visite. » Cet homme, c’était le président égyptien Hosni Moubarak. Et manifestement, il a été enchanté de cette découverte à improvisée. Car après d’autres expériences similaires, le Haut-Marnais s’est vu confier la mission de s’occuper du protocole, non plus du Trianon mais du château.

Objet haut-marnais

Autant dire que depuis trois décennies, Dominique Avart en a vu, du beau monde. L’occasion d’échanges qui l’ont évidemment marqué : avec Charles Aznavour, sur la culture japonaise, avec Leonardo DiCaprio, sur l’origine de son prénom – hommage maternel à Leonard de Vinci. Il n’oubliera pas non plus cette étrange visite de Cameron Diaz harcelée par « une horde de paparazzi ». Et puis cet autre instant inoubliable, à la Maison-Blanche, où il a remis à un président américain un objet ramené de Haute-Marne : « La pipe d’un soldat américain venu combattre en France en 1917 et qui est aujourd’hui dans son musée ».

Car son département, Dominique Avart ne l’a jamais oublié. C’est d’ailleurs à ses parents, Christian et Eliette, qu’il dédie ce livre, « Versailles intime », qui sort ce mercredi. D’ailleurs, « je viens très régulièrement en Haute-Marne, et j’y serai très prochainement », indique le « responsable du protocole » de Versailles. Qui, entretemps, aura fait visiter le domaine à une étoile de la chanson française.

Lionel Fontaine

« Versailles intime. Le Château comme vous ne l’avez jamais visité », Dominique Avart, Grasset, sortie le 17 avril 2024.

Bien plus qu’un livre d’anecdotes

« Ce sont les éditions Grasset qui sont venues me chercher », explique Dominique Avart. « Conteur », et manifestement passionnant, le Haut-Marnais l’est assurément. Mais écrivain, il n’en était pas certain… « J’ai écrit une dizaine de pages, en demandant à l’éditeur de me dire franchement si cela convenait, si cela valait le coup que je continue, explique humblement le Villarais. Il m’a dit : « « « Allez-y, foncez ! » » Le résultat : un ouvrage de 221 pages à l’écriture vive et plaisante. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Certes, l’auteur émaille son récit d’anecdotes de prestigieuses visites. Mais « Versailles intime », c’est d’abord une déclaration d’amour à ce joyau du patrimoine français, et c’est une plongée dans l’histoire des lieux puisée aux meilleures sources. Ce qui lui a valu d’être conseiller historique sur le film « Jeanne du Barry » et d’avoir été présent également sur le tournage du film de Sofia Copolla, « Marie-Antoinette ». Excusez du peu…