Collectif anti-méthaniseur : confiant mais décidé
Environnement. Le gros méthaniseur envisagé à Chamarandes-Choignes continue d’agiter ses détracteurs. Lancé dans une lutte sans merci, le principal opposant dresse un bilan du combat à une semaine de la fin de l’enquête publique.
Il en va toujours de même : d’arguments techniques et objectifs, l’enjeu de la lutte glisse toujours vers des postures plus subjectives. C’est propre aux combats, sous tous les cieux, et de toutes sortes. L’association « Stop-méthaniseur XXL Chaumont-Choignes » a engagé ses forces contre un projet dont l’opinion publique s’est emparée.
Passée la grande manifestation du 7 avril, les actions menées par Jean-Jaques Bailly, Jacques Rousselin et Thierry Gitton, à la tête de l’association, se placent désormais sur un terrain plus administratif. Et le groupe ne manque pas d’expertise : « Nous avons été rejoints par des gens très qualifiés, un spécialiste retraité de la Direction départementale des territoires, par exemple. Cette aide nous permet d’aller très profondément dans le dossier et de déceler beaucoup de défauts dans la procédure », explique Jean-Jacques Bailly.
Et la liste, en effet, est longue, de tous ces petits manquements, qui selon l’association peuvent constituer autant d’éléments entraînant la nullité de tout le parcours administratif.
« On a ainsi découvert que la société porteuse du projet, présentée comme un actionnariat entre des agriculteurs locaux majoritaires et Nature Energy filiale de Shell, est en fait détenue à 100 % par cette dernière ! », s’indigne Thierry Gitton.
Manque de transparence ?
Tromperie, cachotterie, opacité, désinvolture, « pédiculophilie » ? Chacun voit le curseur au niveau de ses espérances. In fine, la procédure suit son cours et il existe encore bien des étapes avant qu’une décision administrative ne valide ou ne condamne l’entreprise. « Nous en tout cas, on n’est pas dupe ! La confiance n’est plus là. Il y a trop de zones d’ombre, à commencer par le projet lui-même qui aurait pu passer inaperçu avant les premiers coups de pioche, faute de publicité », dénonce « stop méthaniseur ».
L’association continue sa mission d’évangélisation, et prêche de plus en plus de convaincus. La rencontre avec la préfecture la semaine dernière n’attendait évidemment pas de prise de position officielle, mais comme le précise Jacques Rousselin, « on a senti que la préfète s’emparait du sujet ; elle nous a promis de nous revoir après l’enquête publique ».
En l’occurrence, le commissaire enquêteur a déjà reçu près de 200 observations sur le registre ouvert en mairie de Chamarandes-Choignes, auxquelles s’ajoutent plus du double sur le site internet dédié. Il faudra en faire le tri, mais les avis déposés sont parfois très argumentés, preuve que le sujet pousse à une opinion experte.
Les municipalités concernées par le projet doivent rendre un avis avant le 10 mai, mais l’association de lutte contre le projet entend bien étendre l’appel à l’ensemble des communes du département et prévoit d’adresser un courrier en ce sens. Le Département, sollicité mais pas concerné par la procédure, n’a pas voulu entrer dans la polémique, estimant inutile d’en rajouter.
Pour le moment, le temps est à l’horloge administrative, mais on l’a bien compris : l’association, quoique de plus en plus confiante dans la victoire finale, ne désarme pas.
Renaud Busenhard