Retour des hirondelles, les pêcheurs devront aller ailleurs
Les hirondelles de rivage commencent à revenir tout doucement à Saint-Dizier. Notamment sur une partie du bord du canal entre Champagne et Bourgogne, seul endroit où cette espèce protégée niche, et où il sera donc interdit, durant plusieurs mois, de pêcher.
C’est une fois la giboulée de grêle terminée qu’elles ont pointé le bout de leur bec. Mardi 16 avril, deux hirondelles de rivage volaient au-dessus du canal entre Champagne et Bourgogne. Une réapparition toute récente après plusieurs mois d’absence en raison d’un voyage aérien de plusieurs milliers de kilomètres. « Elles migrent en Afrique sub-saharienne et elles remontent au début du printemps. Les quatre premiers oiseaux que j’ai vus, c’était le 1er avril », se remémore Etienne Clément, président de la LPO Champagne-Ardenne. « Elles vont rester jusqu’à fin juillet, mi-août. Si les conditions météo sont bonnes, elles vont faire une deuxième nichée. Une fois que les jeunes sont élevées, elles repartiront début septembre. »
Lorsqu’elles reviennent en cité bragarde, les hirondelles de rivage ne vont pas n’importe où. C’est uniquement sur une portion de bord de canal, aux abords de la rue Berthelot qu’elles s’installent. « Il n’y a vraiment qu’ici qu’elles ont la possibilité de nicher. Si on les dérange, elles ne pourront pas aller ailleurs. C’est un site qui sera perdu », explique le président de la LPO Champagne-Ardenne devant le cours d’eau.
C’est pour cela que le 8 mai 2021, des panneaux ont été installés devant la zone rappelant la loi aux pêcheurs souhaitant s’y poster pour taquiner le poisson. « Cette espèce est protégée par l’arrêté du 29 octobre 2009 qui précise qu’il est interdit de déranger intentionnellement les oiseaux, de porter atteinte aux hirondelles ainsi qu’à leurs nids et leurs couvées sous peine de sanctions », est-il possible de lire. En parallèle, l’association des Amis de la pêche a également sensibilisé ses membres et le message a pu être entendu par les passionnés. « Globalement, les pêcheurs « jouent le jeu », mais il peut y avoir quelques récalcitrants… », note à ce jour Etienne Clément.
Une espèce fragile
Si une attention particulière est portée sur la préservation de leur habitat, c’est parce que cette espèce d’hirondelle fait partie de celles « ayant un statut particulièrement défavorable en Europe ». D’ailleurs, ses congénères ne se portent guère mieux. Selon la LPO, en France, au cours de ces dix dernières années, l’hirondelle de fenêtre a perdu 33 % de sa population et l’hirondelle rustique 41 %. En cause, la destruction de leur habitat et la diminution du nombre d’insectes, éléments phares de leur régime alimentaire.