Eco-Hebdo : l’envie de changer d’air
Le chiffre parle à lui tout seul : en 2022, près de 36 % des actifs ont entrepris une transition professionnelle. Ils n’étaient que 26 % en 2016. L’explication de cette évolution est multiple. La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) nous fournit une piste dont on peut dire qu’elle est inquiétante derrière la froideur des chiffres.
On ne sera pas étonné d’apprendre que 86 % des salariés sous CDD ne sont pas satisfaits de leur situation. Impact de la précarité avec son corollaire : le désir de retrouver le socle d’un CDI. L’idée que le CDD est un choix en prend un coup.
Autre paramètre : le niveau d’insatisfaction est plus forte chez les jeunes : 59,5 % à 20 ans. Il faut y voir l’effet de facteurs plus subtils, moins mesurables. Certains experts s’y essaient. Pour résumer, la « valeur travail » n’est pas perçue de la même manière aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a quelques décennies.
Le sujet peut paraître purement philosophique mais il conditionne l’avenir de notre économie. Il met en relief l’absence de motivations dans les entreprises. Or par temps de mondialisation le secteur industriel ne pas se permettre ces baisses de régimes. L’encadrement n’est pas épargné : 30 % des cadres ne sont pas satisfaits de leur travail. Paradoxalement, les agriculteurs dont on connaît la colère, comme on l’a vu il y a quelques mois, ne sont « que » 13 % à se montrer insatisfaits.
Constater le niveau d’insatisfaction est une chose, le faire reculer en est une autre. Le bilan de compétences constitue l’une des (premières) solutions. Il permet au salarié de savoir où il en est, de connaître les formations auxquelles il a droit pour progresser. Pour l’entreprise, il permet d’évaluer le potentiel de ses salariés.
Patrice Chabanet