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Couverts de Mouroux : un travail d’orfèvre

Jadis, plus la maison était riche, plus elle achetait de couverts habillés d’argent. Une Entreprise du Patrimoine Vivant perpétue en Haute-Marne cette tradition d’excellence. De la fourchette à la cuiller cerise à l’extrémité du manche savamment ouvragé, moult couverts d’exception des palaces parisiens viennent d’ici.

Certes Mouroux n’est pas en Haute-Marne, mais les couverts du même nom : si !

C’est donc bien du Bassigny que proviennent moult couverts argentés utilisés par les plus grands palaces. Petit retour en arrière avant de visiter l’usine.

Créée il y a près de 150 ans, en Seine et Marne, à l’initiative d’un groupe d’Orfèvres Parisiens qui souhaitaient mutualiser des moyens de production extrêmement couteux, Couverts de Mouroux fabrique les couverts argentés que l’on se doit de retrouver à l’époque dans toute maison aristocratique ou bourgeoise. La ménagère devient le cadeau familial, statutaire par excellence.

Dans les années 80, les habitudes de consommation ayant énormément évolué, de nombreux orfèvres, habitués à produire d’une façon qui ne correspond plus aux besoins de l’époque se retrouvent en difficulté. C’est le cas, entre-autres, de Couverts de Mouroux.

André Mailley, industriel Nogentais spécialisé dans les ciseaux se passionne pour les couverts de luxe, et voit dans cette branche une opportunité pour prendre le relai de la production de ciseaux en voie de disparition du fait de l’importation à bas coût. Il acquière l’entreprise

Couverts de Mouroux rachète dans les années suivantes plusieurs de ses clients, tous orfèvres renommés, en particulier Orfèvrerie de Chambly situé dans l’Oise, Orfèvrerie Deetjen à Strasbourg et Orfèvrerie de France dans l’ouest de la France. Ces maisons, plus que centenaires, ont chacune une riche histoire et un important patrimoine artistique, mais une fabrication peu rationnelle.

Toute la production est ramenée des divers lieux de production et centralisée dans deux usines existantes dans les Vosges et en Haute-Marne. Des moyens de production plus modernes (bien que restant très artisanaux) et une gestion rigoureuse permettent à l’entreprise de s’adapter aux nouvelles règles du marché, puis à passer le choc de la pandémie de Covid.

Il y a encore un an, les deux sites forgeaient les couverts, mais la hausse faramineuse des couts de l’énergie, ainsi que des contraintes réglementaires ont amené Pierre Mailley, actuel propriétaire de l’entreprise, à une nouvelle répartition des phases de production. A Darney dans les Vosges, la forge, et à Mandres-la-Côte, l’argenture, la logistique et le commercial.

Les couverts qui sortent des presses de Darney, sont soit vendus en « marque blanche » à d’autres orfèvres (30%), soit transportés sur le site haut-marnais pour y recevoir leur habit de noblesse.

Parallèlement, Couverts de Mouroux s’oriente majoritairement vers les marchés hôteliers et fait de sa marque ORFEVRERIE DE FRANCE, bien connue dans le secteur de la restauration haut de gamme, sa marque commerciale unique.

La vraie richesse de l’entreprise reste son incroyable savoir-faire. Les collaborateurs de Pierre Mailley sont des artistes ; les clients exigent d’eux un travail d’orfèvre.

Reconnaissant ce savoir-faire exceptionnel, l’état français a décerné à Couverts de Mouroux, le label Entreprise du Patrimoine Vivant, et ce, dès sa création. Elle le détient toujours.

L’avenir va encore être industrieux. En effet, même si l’entreprise est d’ores et déjà pourvue d’équipements sécuritaires et économes en eau (bacs de rétention, utilisation de l’eau en circuit fermé…), des investissements importants vont être réalisés au bénéfice de la sécurité, de l’environnement et des économies d’énergie.

Les couverts que vous sortez pour les grandes occasions de leurs écrins ou que vous rencontrez sur les plus grandes tables françaises accompagnant de leur élégance les meilleurs mets, viennent peut-être du Bassigny.

1,8

Couverts de Mouroux a développé en 2023 un chiffre d’affaires de 1.8 million d’euros.

70 % de ce chiffre est réalisé avec l’hôtellerie-restauration de luxe. 30 % est vendue à d’autres orfèvres ou à des particuliers.

Les matières premières, nobles s’il en est, représentent environ 1/3 du prix de revient d’un couvert. Les 2/3 restant sont liés à la main d’œuvre.

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