Les écoliers sur le terrain du sport adapté

Dans le cadre de la semaine paralympique (du 2 au 6 avril), Anne-Laure Guillaume-Marius, enseignante à l’école faisant partie du regroupement pédagogique intercommunal (RPI) de la Vallée de la Mouche, a proposé, vendredi 5 avril, une nouvelle expérience très enrichissante, après l’accueil de la Flamme académique, à ses élèves de CE2 et CM1.

Sensibiliser à la différence et démystifier le handicap passent par la découverte de situations auxquelles chacun peut un jour se trouver confronté.

Cathy Goirot, déficiente visuelle, est venue témoigner de son quotidien et expliquer aux enfants les adaptations nécessaires afin de vivre le mieux possible.

Son époux, Sylvain, bénévole au Comité départemental handisport de Haute-Marne, est venu animer trois ateliers successifs de sport adapté aux personnes handicapées ou à mobilité réduite.

Ainsi, les élèves ont découvert et pu pratiquer le tir à la carabine-laser, le tir à l’arc adapté et la boccia. Boccia signifie boule en italien. C’est une sorte de pétanque pratiquée par des sportifs ayant des troubles mentaux ou moteurs. Les joueurs en fauteuil roulant peuvent être accompagnés d’un aidant qui oriente la rampe de lancement de la boule afin de viser au mieux le “jack”, la boule blanche équivalent au cochonnet lorsque la personne ne peut lancer elle-même ses boules. Deux équipes s’affrontent sur un terrain rectangulaire de 12 m sur 6. Le jeu consiste à placer les boules (bleues ou rouges selon l’équipe) au plus près de la boule blanche afin de marquer des points.

En fin de séance, l’enseignante a remercié chaleureusement le couple Goirot pour la richesse et la qualité de leur intervention ainsi que le Comité départemental handisport pour le prêt gracieux du matériel dont ont bénéficié les élèves. Au-delà de cette animation, des ateliers de sport adapté seront proposés aux visiteurs lors de la journée “Sport et nature”, programmée début octobre, au fort du Cognelot à Chalindrey,

« Tout est organisé »

Ayant perdu 95 % de sa vision, Cathy Goirot a développé des stratégies pour rendre sa vie quotidienne la moins compliquée possible. Ainsi, « le rangement est très minutieux pour pouvoir retrouver rapidement mes affaires. Tout est organisé et doit le rester afin de ne pas risquer une mise en danger », précise-t-elle. « De même, je compte par exemple les escaliers lorsque je me rends dans un immeuble afin de savoir à quel étage je me trouve ou, bien encore, je me repère aux sons que je perçois. »

Capable de se déplacer seule dans les rues de sa petite ville pour aller chercher le pain ou faire ses courses, Cathy Goirot reste néanmoins confrontée à de nombreux obstacles parfois imprévus ou invisibles pour elle : un lampadaire installé au milieu du trottoir, une voiture stationnée sur ce trottoir, ce qui l’oblige à descendre sur la chaussée pour contourner le véhicule ou encore un cycliste circulant sur le trottoir. Les voitures électriques sont aussi facteur de danger car Cathy Goirot ne les entend qu’au dernier moment et peut sursauter au risque de trébucher. Si elle perçoit les gens à environ 50 cm d’elle, Cathy Goirot distingue mal les couleurs, en confond certaines et n’apprécie pas les nuances. Elle doit sans cesse s’adapter. Par ailleurs, elle utilise un agrandisseur pour lire mais cette activité demande beaucoup d’efforts visuels et provoque vite de la fatigue, donc les moments de lecture sont brefs.

Malgré tout, Cathy Goirot s’efforce de bouger et pratique des activités adaptées. Si elle s’adonne régulièrement à la randonnée, elle a pu, dernièrement, skier à nouveau grâce à un guide accompagnateur. Ce fut un vrai plaisir et une journée très agréable avec le sentiment immense de « vivre comme tout le monde », se réjouit-elle.