Malgré le « lobby du nucléaire », le Cedra ne lâche rien
Est-ce le retour du (tant attendu) soleil ou l’expression d’une forme de fatalisme face au nucléaire ? Ce samedi 6 avril, la fréquentation de l’assemblée générale du Collectif contre l’Enfouissement des Déchets Radioactifs de Haute-Marne (Cedra 52), dans la salle Marcand de Joinville, a enregistré une nette diminution par rapport aux exercices précédents.
Ce samedi 6 avril, à Joinville, seules 25 personnes étaient présentes à l’assemblée générale du Collectif contre l’Enfouissement des Déchets Radioactifs de Haute-Marne (Cedra 52), contre plus d’une quarantaine l’an passé. « En ces temps où il y a clairement un consensus politique pour la relance du nucléaire, on a de plus en plus de difficultés à faire entendre nos arguments », a déploré Jacques Leray, l’un des porte-parole du collectif.
Pour autant, ni résignation ni détermination en berne dans les rangs. Si la « lutte devient de plus en plus compliquée en raison de prises de position autoritaires voire répressives de l’Etat », les membres du Cedra continuent de multiplier les actions contre le nucléaire.
En tête de liste, le projet Cigéo, à Bure. Dans toutes les instances, par tous les moyens, le Cedra, qui s’entoure d’experts et d’avocats spécialistes, travaille à « retarder la mise en place du projet ». Et Juliette Geoffroy, la salariée du collectif, de lister toutes les actions menées pour y parvenir. Le bilan d’activités fait ainsi état d’interventions nombreuses, partout en France, mais évidemment fort implantées localement. Conférences, réunions publiques, organisation d’événements pour convaincre ou sensibiliser, comme cette distribution de bandes dessinées à la sortie des établissements scolaires de Haute-Marne, journées d’actions thématiques, recours juridiques, présence dans les festivals… Personne ne ménage ses efforts pour convaincre et défendre ses positions.
« Faciliter la relance du nucléaire en grignotant sur la sûreté »
Mais dans ce contexte « de surenchère du nucléaire », indique-t-elle, les motifs d’inquiétude ne manquent pas. Au sujet d’Unitech, dont le projet de laverie nucléaire « est endormi mais pas mort » à Suzannecourt, mais aussi en ce qui concerne, plus globalement, le vote tout récent de la fusion de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). « Cette fusion s’inscrit dans une volonté de faciliter la relance nucléaire, en grignotant sur la sûreté », estime ainsi Juliette Geoffroy. Une relance dans les discours, mais « pas encore opérationnelle », se rassurent les membres présents.
A Saint-Dizier, le Cedra prend également très au sérieux la Bamas, cette base de maintenance d’EDF dédiée à l’entretien de l’outillage de maintenance du parc nucléaire, tout comme il s’inquiète de la forme de fatalité qui se serait emparé du secteur de Soulaines-Dhuys, dans l’Aube, qui abrite le plus grand centre de stockage en surface de déchets radioactifs au monde. « Quelles sont ses conséquences sanitaires ? Quid d’une enquête épidémiologique pour les déterminer ? », s’interroge le collectif. Il le reconnaît : il lui faudrait aujourd’hui réussir à mutualiser ses forces avec d’autres collectifs citoyens pour peser plus lourd.
Delphine Catalifaud