Un peu de friture sur la ligne chez les pêcheurs haut-marnais
Les associations agréées pour la pêche et la protection des milieux aquatiques (AAPPMA) du département ont été invitées à mettre la main au porte-monnaie pour financer les charges exceptionnelles de leur fédération. Une contribution qui a suscité quelques remous lors de l’assemblée générale, ce samedi 6 avril à Bologne.
Il y avait un léger vent de fronde, ce samedi 6 avril, à la salle des fêtes de Bologne où se déroulait l’assemblée générale de la Fédération départementale de pêche, au moment d’aborder le budget prévisionnel pour l’année en cours.
Celui-ci est légèrement en hausse compte tenu de l’inflation des charges de fonctionnement incompressibles. La Fédération doit trouver 30 000 € pour boucler son budget et a envisagé de mettre les AAPPMA à contribution.
Les membres du conseil d’administration ont échafaudé plusieurs pistes qui selon Michel Rémond, le président de la Fédé 52, devraient permettre de faire face à la situation actuelle d’inflation généralisée « sans risque sur la pérennité des AAPPMA ». Cette ponction est évaluée entre 120 et 1 300 € par exercice en fonction du nombre d’adhérents de chaque AAPPMA. Une mesure sur trois ans qui devrait permettre de revenir à l’équilibre, sauf nouveau coup de Trafalgar.
Cette perspective n’a pas été du goût d’une partie des responsables présents. Chacun a avancé ses arguments et ses griefs : le prix des cartes de pêche en augmentation constante ces dernières années sans que les AAPPMA en soient bénéficiaires et alors que le nombre de pêcheurs est lui aussi en hausse, les retards dans le versement des subventions qui leur sont dues… Après quelques échanges francs, le budget prévisionnel a été approuvé à la majorité des 31 AAPPMA présentes (un vote contre et douze abstentions).
Sur tous les fronts pour les pêcheurs
Si l’argent est plus que jamais le nerf de la guerre, les instances haut-marnaises de la pêche se montrent optimistes quant à l’évolution de leur loisir.
Avec 11 199 adhérents l’an dernier, toutes catégories confondues (hausse de 2,37 %), la pêche reste de loin la première force associative de Haute-Marne. « Comparé au nombre d’habitants, nous pouvons dire que nous sommes dans un département de pêcheurs », s’est félicité Michel Rémond.
L’engouement des jeunes pour ce loisir de plein-air ne se dément pas non plus. Ils représentent 32 % des effectifs. « A nous de les accompagner pour les maintenir dans nos associations car ils quittent très tôt notre système », constate le président des pêcheurs du 52 qui a salué la reconduction de la convention avec le Conseil départemental. Celui-ci prend en charge une partie du coût des cartes (5 €) pour les moins de 18 ans à condition que le précieux sésame soit délivré par un dépositaire.
Le bilan d’activités a permis de rappeler l’investissement des personnels de la fédération tant en direction des jeunes, par le biais d’animations diverses, qu’en terme d’aménagements et de suivi des milieux aquatiques. Une part essentielle de ses missions en ces temps où la ressource en eau subit des agressions qui ne sont pas toutes dues au réchauffement ambiant, comme on a pu le constater dernièrement sur La Mouche où une pollution sur le secteur de Noidant-le-Rocheux a décimé une partie des populations piscicoles.
Anicet Seurre
Menaces multiples sur la pêche de loisir
Il y a la problématique liée à la présence du cormoran qui provoque des dégâts considérables sur les populations piscicoles « sans que le législateur ne prenne en compte cette situation. Il est toujours impossible de les réguler », peste Michel Rémond. Ce problème est vieux de plusieurs décennies, quand l’interdiction du prélèvement des œufs de cormoran dans les pays scandinaves a été décrétée.
Aujourd’hui plusieurs menaces supplémentaires pèsent également sur ce loisir. « La pêche au vif est, pour le moment, toujours une pratique légale, encadrée et qui se fait dans le respect des règles en vigueur mais un projet de loi déposé par le groupe LFI à l’Assemblée nationale vise à l’interdire », souligne encore le président des pêcheurs du département.
Certaines associations de protection des animaux vont même jusqu’à prôner une interdiction pure et simple du rempoissonnement avec des poissons de pisciculture et trouvent écho auprès de municipalités écologistes.
Pour Michel Rémond, le monde associatif doit rester vigilant « car c’est la suppression pure et simple de la pêche de loisir qui est visée ».