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Juste un mot : Rien ne cloche (1)

C’est un peu cloche, mais la Tzar Kolokol et ses 202 tonnes n’ont probablement jamais décollé du sol.

Les cloches ne sont pas arrivées de Rome un matin de Pâques, on nous a menti. Présentes sur tous les continents, elles sonnent chez nous à toute heure et en tout lieu.

Les Irlandais sont soupçonnés d’avoir amené en Europe continentale le mot (cloc, chez eux, par analogie au son qu’elle produit). Désignée par clocca en bas-latin, la cloche du français est probablement cousine avec la glocke du germain.

Pour fabriquer un des seuls outils de communication de l’époque, les techniques de fonderie se sont rapidement fixées sur l’airain, théoriquement composé de cuivre et d’étain dans la proportion 78/22. On a toutefois mis en évidence la présence d’autres éléments dans le métal de certaines cloches : plomb, zinc et arsenic notamment*. Il faut dire que la matière première (minerai, lingots, outils métalliques divers, pièces cassées…) était achetée sur place et qu’il n’était pas facile d’en contrôler la composition précise.

Nombre d’ouvrages existent sur les fondeurs du Bassigny lorrain, des artisans renommés qui ont sillonné l’Europe. Le Breuvannais Pierre Guillemin, par exemple, a fondu des cloches pesant jusqu’à cinq ou six tonnes en Normandie, à Verdun, en Wallonnie**…

Au son de la cloche

Le jardinier utilise des cloches pour protéger et stimuler ses plantations. Celles-ci étant en verre, on n’entendra pas le même son de cloche que chez le concierge ou le réceptionniste, qui ont chacun la leur. Ils accourent d’ailleurs dès qu’elle tinte pour ne pas se faire sonner ce que vous savez. Le cuisinier méticuleux gardera au chaud sa préparation sous une autre cloche, jadis d’argent, à présent d’inox. Le maître d’hôtel en soulèvera une différente encore pour présenter la ronde des fromages à ses clients, venus précisément pour se taper la cloche. Et ses dessous.

Tenez, à la Bourse de Paris, comme au marché de Chaumont, on ne démarrait pas les affaires avant que le doyen n’ait fait retentir la cloche. C’est elle aussi qui arrête les paris à l’hippodrome et lance les chevaux dans les concours hippiques, et pas forcément pour le dernier tour, comme au stade. Il fut un temps où elle mettait en rangs les écoliers, appelait les ouvriers à l’usine et réveillait les marins pour leur quart. Les embarcations, justement, sont baptisées avant usage, comme les cloches des églises. Enfin, pas toutes… Clochettes en tous genres, sonnailles et clarines, bataillons garnissant les carillons n’ont pas ce privilège. Les cloches, les grandes, portent un nom. Celui de leur marraine, ou d’un saint, ou de ministres ayant coupé le ruban. On peut par exemple lire, sur la grosse cloche du carillon de Chambéry, les noms de Jack Lang, Louis Besson et Michel Barnier.

La reine des cloches

Dans un numéro daté de 1834, Le Magasin pittoresque nous montre la Tzar Kolokol, ou Reine des cloches (notre illustration), commandée par l’Impératrice Anna Ivanovna en 1737. Elle est toujours considérée comme la plus grosse cloche du monde, avec ses 202 tonnes et ses six mètres de hauteur. Même si quelques écrivains ont prétendu qu’elle avait été élevée en 1737 et que sa charpente avait brûlé la même année, il semble que le monstre n’ait jamais pu quitter le sol du Kremlin où elle gît toujours, au pied du clocher d’Ivan le Grand. On se plaît à rappeler aux visiteurs que deux douzaines d’hommes étaient nécessaires pour déplacer le battant. L’illustration montre cette manœuvre, imaginée par un dessinateur anglais. La silhouette de la cloche représentée n’est d’ailleurs pas conforme à celle de l’instrument original, photographié des milliers de fois.

De notre correspondant Florent Desprez

* https://www.ars-metallica.fr/wp-content/uploads/2022/12/Patrimoine_campanaire.pdf

** Dictionnaire des fondeurs de cloches du Bassigny, Henry Ronot, Editions Faton, 2001

En vrac

A toute volée

Nombreux sont les lycéens à s’être approprié l’anecdote du professeur, à qui ses élèves indiquaient que la sonnerie indiquant la fin du cours venait de retentir, et qui aurait clamé : « Ici, la cloche, c’est moi !!!» .

Maudit

Le quarillon était à l’origine un groupement de quatre éléments (quatre soldats, quatre pages…). Il a aussi désigné un ensemble de quatre cloches permettant de jouer une petite mélodie. Le carillonneur (maudit soit-il !) en a fait les frais dans une chanson.

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