L’entreprise et le sport, partenaires particuliers

Même – surtout ! – en Haute-Marne, les clubs sportifs sainement ambitieux se rapprochent ostensiblement du monde de l’entreprise pour adosser à de nouveaux partenariats leurs projets, leur avenir. Illustration avec les volleyeurs du CVB et les footballeurs du CFC.

Lorsqu’ils parlent de moyens, c’est-à-dire d’argent, les acteurs du sport ne se cachent plus depuis longtemps derrière un petit doigt pudique en surjouant les vierges effarouchées. L’amateurisme cher à Coubertin est mort depuis bien des olympiades pour qui aborde l’univers de la compétition. Dans quasiment toutes les disciplines, il faut de l’argent pour évoluer à bon ou haut niveau. L’État ne saurait y pourvoir. Tous les regards se tournent donc vers les entreprises.

Mercredi 27 mars, le Chaumont Football Club (CFC) qui évolue en Régionale 1 organisait à dessein une soirée partenaires à Palestra. On sent bien depuis quelques saisons que le club chaumontais renforce sérieusement son jeu dans ce registre. Lancé en 2020, le club partenaires compte aujourd’hui 89 adhérents. 89 entreprises qui s’engagent dans un partenariat avec un club sportif. Dans quels desseins ?

Formellement, en contrepartie à ce partenariat financier, le club propose essentiellement à ses partenaires de la visibilité : les identités des entreprises s’affichent sur des banderoles, sur les carrosseries des quatre bus, au stade, sur les maillots des différentes équipes, etc.

Les partenaires proposent aux licenciés du club des réductions sur leurs prestations et y gagnent a priori quelques clients.

Enfin, des soirées partenaires sont organisées régulièrement, autour de coupes pleines de bulles, chez justement l’un d’eux. Cela favorise les rencontres, qui peuvent se transformer en prospects. Mais à Chaumont, ils se connaissent souvent déjà.

En fait, les entreprises, en devenant partenaires, peaufinent leur image ; l’entreprise est sportive ; l’entreprise est toute proche. La jeunesse, la vitalité, et la proximité sont d’éminentes valeurs de notre époque. Et réunies au sein d’un “club” partenaires, et non pas d’une “association” (le terme est plus vieillot…), elles jouent ensemble. Le ticket d’entrée au sein du club partenaires donne un vernis de modernité et toujours de proximité. Cela vaut bien d’autres formes de com.

La soirée de la semaine dernière était animée par un ancien journaliste devenu spécialiste des réunions de chefs d’entreprise. Il a l’habitude des congrès de patrons. Le monde de l’entreprise n’était pas qu’invité, mais aussi acteur.

« je vous invite au prochain match ; et ensuite, on échange »

Saurait-on citer Palestra sans évoquer le CVB ? Le club phare du département, comme tous les clubs ayant une équipe professionnelle, cherche évidemment à développer ses budgets par le Partenariat ou Mécénat.Et cela dans un contexte qui voit les institutions réduire régulièrement la voilure alors que l’on devine que l’après J. O. sera encore plus compliquée.

Bruno Soirfeck (Photo ci-dessus) n’a pas attendu pour mettre en place une stratégie commerciale et des offres en conséquence. Le CVB propose aux entreprises des offres de visibilités : panneaux Leds, stickers au sol, soirée parrainée, maillots, etc. …), le tout accompagné de places VIP. Les prestations “Loges” correspondent à une autre demande. À cela s’ajoute le mécénat.
Comme le CFC, Le CVB a aussi son business club. Le dispositif mis en place s’adosse au club pour créer du réseau et du business. Les choses sont claires.
Ce Business Club met en place des moments d’échanges professionnels, des présentations et des conférences sur des thèmes propres aux entreprises.
Bruno Soirfeck travaille aussi le “naming” et cherche des solutions qui permettraient de vendre à une entreprise le nom de la salle ou du club. La réflexion est en cours ; le marché et le monde de l’entreprise ont évolué sur ce sujet.
Toujours en lien avec l’entreprise, les axes RSE, expérience VIP, interventions en milieu pro et autres missions d’intérêt général sont prisées par le club de volley.
Cette année, le CVB compte 80 partenaires (public et privés). Ils peuvent payer 3000 euros une soirée parrainée. La prestation peut dépasser 30 000 euros en cumulant plusieurs prestations de visibilité cumulées.

Cette stratégie globale et une adaptation permanente de l’offre permettent au club de volley de voir augmenter globalement ses partenariats privés, ce qui permet juste de compenser la part publique, qui, elle, diminue tout en restant conséquente.
Pour faire face à l’inflation de ses charges, de ses coûts, le club déplace une part toujours plus importante de son énergie sur le secteur commercial. Bruno Soirfeck est le plus emblématique des commerciaux de la structure. Dans cette mission l), il est accompagné (« bien accompagné » insiste-t-il) par des membres du comité de pilotage qui se trouvent être… des chefs d’entreprise ! Eux aussi font marcher leurs réseaux, ouvrent les bonnes portes. Pour convaincre de nouveaux partenaires, ils disposent d’une méthode qui a fait ses preuves : « je vous invite au prochain match ; et ensuite, on échange ». Une victoire qui vient ponctuer un beau match facilite les choses. Le commercial Bruno Soirfeck le reconnaît : « L’effet CVB52, ses valeurs, ses performances et son ambiance font souvent la différence ».
Dominique Piot