Printemps : que fait-on au jardin ?
Avec l’arrivée du printemps – quoique le soleil se fasse attendre – l’envie de s’affairer au jardin et de remettre de l’ordre au potager se fait de plus en plus pressante. On fonce ou on attend ? Et par quoi commence-t-on ? Des spécialistes aident à y voir plus clair pour ne pas commettre d’impair.
La fin de l’hiver est douce et ces dernières semaines, la nature s’éveille à vitesse grand V. Des pousses par ci, des bourgeons par là, la pelouse qui s’allonge et… les mauvaises herbes qui grignotent, voire envahissent. Les mois de mars et avril sont la période idéale pour remettre de l’ordre, nettoyer et… commencer à planter. Mais pas n’importe comment.
Préparation des sols du jardin : on aère, on amende
Un hiver (très) pluvieux s’achève en Haute-Marne. Les sols sont comme lessivés, appauvris. C’est le bon moment pour les préparer, en commençant par les aérer, décroûter les surfaçages et, tout de suite après, les amender. « Les renourrir, c’est important. On va pour cela leur apporter du fumier déshydraté, à base de fientes de volailles ou de fumier de cheval. On compte en moyenne 105 à 115 g par m2 », conseille Emmanuel Duhoux, l’un des spécialistes du Comptoir du Jardinier, à Villiers-le-Sec. « Il faut privilégier les engrais organiques et pas chimiques, azotés, qui vont entraîner une croissance très rapide mais un flétrissement ensuite », complète Pascal Thenail.
Attention, aérer les sols, c’est en surface. « Pas de bèche mais une griffe, une bio fourche ou une sarcleuse. On ne retourne pas les sols au printemps, sinon on va remonter en surface la terre la plus riche et le temps qu’elle redescende, il faut trois mois. C’est uniquement avant l’hiver que cette étape se fait ». Dans le même ordre d’idées, les pieds de rosiers, de framboisiers et de groseillers adoreront aussi être enrichis. Sans cela, leur production sera limitée. « Des pieds de végétaux amendés, c’est comme un marathonien qui court avec les bonnes chaussures », image Emmanuel Duhoux. Pour parfaire la préparation, on pourra, dans un deuxième temps, apporter du compost. Mais toujours en surface.
Potager, fruitiers et bulbes : on n’hésite pas
Les bulbes à fleurs, type dahlias, glaïeuls, cana ou lys, peuvent être plantés maintenant. Idem pour les plantes vivaces, qui ne craignent pas les petites gelées matinales pouvant encore survenir, et même les plantes de printemps, comme les pensées ou les primevères. Au potager, c’est aussi le moment de lancer la saison. S’il faut encore attendre pour les tomates, les courgettes ou tout légume du même genre, salades, choux, plantes aromatiques et même fraises et pommes de terre peuvent d’ores et déjà trouver leur place.
« Pour le reste, on est encore en période de semis, en godets, en terrines, mais pas en pleine terre », insiste Florian Chrétien, en charge des annuelles et du potager à Villiers-le-Sec. « Attention, pendant la levée des semis, il ne faut pas d’écart de température », prévient Manu, son collègue.
Enfin, en ce qui concerne la plantation de fruitiers, lavande, arbustes ou plantes de terre de bruyère, il n’y a pas de contre-indication à planter dès à présent.
Rosiers, lavandes, arbustes : on taille et on soigne
Pour la taille des haies, chez les particuliers, c’est OK. Par ailleurs, une dérogation a été accordée à de nombreux départements, dont la Haute-Marne, pour prolonger, pour les professionnels et les agriculteurs, cette autorisation d’un mois, jusqu’au 16 avril (au lieu du 16 mars), en raison des fortes intempéries des derniers mois.
En revanche, au jardin, on peut rafraîchir tout un tas d’autres végétaux. C’est notamment le cas de la lavande, mais aussi des hibiscus, des arbres à papillons, voire de la glycine (pour les grosses pousses qui n’auraient pas été faites à l’automne), et bien sûr des rosiers. Pour ces derniers, on procède à une coupe courte, « même si des pousses sont déjà apparues », insiste Pascal Thenail. « Ceci va favoriser la production de nouveaux rameaux et redonner de la vigueur au rosier. Globalement, on laisse entre trois et cinq bourgeons des bois de l’année précédente ».
Attention également à l’apparition des insectes, comme les pucerons, sur le chèvrefeuille, les boules de neige ou encore les rosiers. Au besoin, il faut traiter pour ne pas épuiser les plantes.
Annuelles, plantes en pots : on attend
Les gelées matinales leur seraient fatales. Pour les annuelles, il est encore bien trop tôt pour se rendre en jardineries. La tradition veut qu’on attende les « saints de glace », autour de la mi-mai. « Les clients ont tendance à se précipiter mais nous les mettons en garde. Dans la majorité des cas, leurs plantations vont survivre, mais une gelée un peu forte les obligera à tout recommencer et à tout racheter. C’est tout de même un risque à mesurer », prévient Florian Chrétien. Raisonnablement, il faut donc patienter un peu, au minimum jusqu’à fin avril.
Pour les plantes en pots ou les arbustes fragiles, type oliviers ou autres plantes méditerranéennes, la prudence et la surveillance sont de mise. Si les journées peuvent être clémentes, les nuits sont encore fraîches. On n’hésite donc pas à ôter le voile d’hivernage le jour, pour limiter le développement de maladies et et à le remettre pour la nuit. Dans un registre différent, il faut aussi s’assurer d’un bon arrosage des plantes en pots à cette période de l’année, ainsi que des végétaux plantés à l’automne.
Delphine Catalifaud