Frelon asiatique, varroa : ces ennemis des apiculteurs
Lors de l’assemblée générale du Groupement pour le développement de l’apiculture haut-marnaise, les apiculteurs ont évoqué le plan de lutte contre deux ennemis de la ruche : le varroa, bien connu, et le frelon asiatique qui prolifère depuis cinq ans.
L’assemblée annuelle du Groupement pour le développement de l’apiculture haut-marnaise (GDAHM) a permis aux adhérents « apiculteurs de loisir ou professionnels » de cette entité désormais unique dans le département de se rassembler. Ils sont plus de 300 – représentant 18 000 ruches – à y adhérer. La rencontre s’est tenue ce samedi 23 mars, au lycée agricole Pisani, à Choignes.
Tout au long de la journée, les apiculteurs des quatre coins de Haute-Marne ont échangé sur leur passion commune. Et tout ce qui la met en péril était au cœur des préoccupations. Comme le varroa, « un dévastateur bien connu depuis les années 1980 », comme le rappelait le président du GDAHM, Jean-Marie Mouton.
Varroa : la bataille se poursuit
L’un des deux vétérinaires mobilisés dans le plan sanitaire d’élevage (PSE), le docteur Michel Pottiez, a fait un point sur une méthode pour lutter efficacement contre le varroa en alternant régulièrement les molécules employées. Formateur et intervenant dans de nombreuses structures nationales, il est également apiculteur et connaît très bien les rouages des structures. Ce dernier est d’un conseil précieux pour l’association.
Cette rotation, a pour objet « d’empêcher le parasite de devenir résistant », mentionne le vétérinaire qui réside à Neufchâteau. Il en existe plusieurs qui sont efficaces. « Donc comme on a le choix, on change au bout de quelques années », reprend l’expert. L’idée étant d’en faire tomber autant que possible pour préserver abeilles et ruchers.
Cette présentation de Michel Pottiez était aussi l’occasion de prodiguer les bonnes pratiques : on traite au moins une fois par an, généralement en fin de saison, et toujours en dehors de la miellée, voire plusieurs fois si c’est nécessaire. Sa pédagogie constructive et ses conseils avisés ont été unanimement applaudis par la centaine d’apiculteurs venus écouter ses propos sur la santé de l’abeille.
Le docteur Vincent Desbarax, de la clinique Thiers de Chaumont, est le suppléant du docteur Pottiez.
Le frelon asiatique pullule
Outre le varroa, un autre prédateur se révèle de plus en plus menaçant en terres haut-marnaises. Le frelon asiatique, présent depuis environ cinq ans, prend ses aises. Et après l’hiver très doux que l’on vient de connaître, les experts redoutent que les fondatrices ne soient très nombreuses.
Une étude haut-marnaise menée par Pauline Margerard, pharmacienne à Froncles, permet de réfléchir « sur les bonnes pratiques en matière de piégeage et de lutte contre cet insecte classé en deuxième catégorie en tant qu’espèce envahissante », détaille Jean-Marie Mouton.
Le développement est conséquent et un plan de lutte a été défini en Haute Marne puisque le nombre d’insectes a doublé depuis l’année dernière. « Le piégeage est une bonne chose, reprend Jean-Marie Mouton, mais la destruction des nids pose un sérieux problème, car il n’y a pas de possibilité d’intervenir sur des espaces privés sans autorisation. »
Le travail concerté avec les maires haut-marnais est l’un des points d’entrée de cette lutte. Un plan national a été construit et diffusé. Toutes les informations sont accessibles sur le site Internet du GDAHM 52.
Les frelons causent d’autres gênes pour ne pas employer un terme plus fort. En dehors du fait qu’un nid de frelons asiatiques peut consommer 11 kg d’insectes pollinisateurs sur une saison (dont 60 % d’abeilles), ils génèrent des dégâts en s’attaquant aux fruits… de la vigne, du verger ou des étals des marchands de fruits. Ils sont par ailleurs dangereux, notamment pour les allergiques.
S. C. S.
s.chapron@jhm.fr
Une lutte efficace contre le frelon
Le GDAHM œuvre depuis trois ans, avec les destructeurs de nids de frelons asiatiques, contre le développement de cette espèce envahissante qui impacte l’entomofaune et la biodiversité.
Le cycle biologique du frelon asiatique à pattes jaunes en France est annuel. Seules les femelles fondatrices de la nouvelle génération survivent à l’hiver. Elles se mettent en hivernage dans des endroits abrités et émergent au printemps pour fonder de nouvelles colonies.
Le piégeage de printemps dans les massifs fleuris et les fruitiers est important pour capturer des fondatrices. L’appât est à renouveler tous les dix jours. Il est recommandé de mettre le piège au réfrigérateur, ce qui va engourdir les frelons et permettre un tri sélectif. Car piéger le frelon : oui. Mais cela ne doit pas se faire en détruisant de nombreux autre pollinisateurs !
Auprès des ruches et dans les arbres fruitiers, le piégeage en cas de nid à proximité est utile en août pour capter un maximum de frelon et affaiblir les nids.