Des flots de population
LES MURS ONT LA PAROLE. Débutons un cycle consacré à de grands évènements langrois, ceux qui firent vibrer la population par leur engouement ou leur retentissement… Imaginez, nous sommes le 25 mai 1873. Tous les regards sont tournés vers la colline des Fourches.
Ce 25 mai 1873 est un jour mémorable. Du haut de la chapelle où elle trône depuis peu, l’imposante statue de Marie va voir défiler des milliers de personnes, car voyez-vous, on inaugure la chapelle Notre-Dame de la Délivrance ! Cette chapelle est bâtie à l’extérieur de la ville, au sommet de la colline des Fourches. Elle est un “ex voto” qui doit commémorer la période troublée de la guerre de 1870. Une période durant laquelle les Langrois, sous la menace d’une attaque, se tournent vers Marie et font un vœu public pour protéger la cité d’un siège, de l’incendie et de la ruine. Et les Langrois tiendront parole, car une fois la paix revenue, le projet financé par une souscription est lancé.
Lors de l’inauguration, Monseigneur Guerrin, l’évêque de la cité est le maître de cérémonie. « Dès le matin, toutes les routes qui aboutissent à la ville versaient des flots de population venus des villages de plusieurs lieues à la ronde. On peut évaluer à dix mille au moins le nombre des étrangers circulant dans nos rues et nos promenades ». Au matin, la cathédrale est parée de ses plus beaux atours, 200 religieux se massent dans le chœur et la foule se presse dans les vaisseaux de l’édifice. A la sortie, la musique du 21e Régiment d’Infanterie (21e R. l.) anime l’événement depuis le square Henryot et accompagne la mise en place de la procession.
Procession solennelle
Le départ est donné au son du canon et du gros bourdon de la cathédrale. Encadrés par les soldats pour éviter tout débordement, les groupes se mettent en marche. La procession solennelle passe ainsi par la porte de l’Hôtel de Ville qui est ornée, comme toutes les maisons qui jalonnent le parcours. Cette procession est si longue, que sa tête arrive sur la colline alors que les derniers participants sortent seulement de la cathédrale. « Les longues files blanches des jeunes filles se détachaient des lignes sombres du reste des fidèles ; des centaines d’étendards et de bannières flottaient au vent ; des chants pieux retentissaient dans les rangs et la musique du régiment, alternant avec les tambours et les fanfares, jouait des marches harmonieuses et triomphantes ».
À l’arrivée, un énorme bouquet est posé sur les marches de la chapelle devant Mgr Guerrin. La bénédiction terminée, la musique du 21e R.l. reprend, accompagnée par les chants de la Maîtrise et des deux séminaires. La procession repart alors en direction de la cathédrale. Le soir, les maisons de la ville s’illuminent de lanternes vénitiennes. Et pour conclure en beauté, le feu d’artifice prévu ce jour dans le cadre d’un concours régional et d’une exposition industrielle est tiré près de la chapelle. « L’artificier avait eu l’idée heureuse et universellement applaudie de donner à une de ses pièces la forme du nouveau monument ».
De notre correspondante Angélique Roze