Pigeons : dératiser les airs ?
Animaux. La présence des pigeons en ville est une source inépuisable de prise de bec entre exigence sanitaire et bien-être animal.
On reparle des pigeons. Le sujet est cyclique et revient comme une volée de bizets sur la Place Saint-Marc de Venise. Dernier épisode au début du mois, où l’association PAZ a voulu alerter la presse locale, dont jhm quotidien : « Nous avons appris que la Mairie de Chaumont effarouche et capture les pigeons ! », se scandalise l’association. Paris animaux zoopolis (PAZ) a été fondée en 2017 pour « faire gagner la cause des animaux », précise le site internet qui souligne aussi que l’expertise de l’association réside dans sa « capacité à mettre au premier plan médiatique les intérêts des animaux ». Nous voilà ciblés comme un canard de champ de foire.
L’indignation de PAZ a trouvé à la mairie une réponse experte par la voix Floriane Bussière, cheffe du projet One Health et dont la mission est de « prendre en compte les enjeux de santé globale, tant pour les animaux que pour les êtres humains et l’environnement, dans ses politiques publiques ». Belle ambition qui se traduit en la matière par des prises de positions explicites, comme ce rappel sur la régulation des pigeons à Chaumont qui « repose sur deux méthodes : l’effarouchement et le piégeage ». C’est précisément ce dernier procédé qui ulcère les ultra-citadins de PAZ qui lui préférerait un succédané chimique avec du maïs contraceptif.
Enjeux sanitaires, aussi
Si la Mairie se dit consciente « des enjeux de bien-être animal » au point « d’engager une réflexion sur l’évolution de ces pratiques », elle fait aussi valoir que « dans un souci de protection de la santé publique, notamment en ce qui concerne la propagation de zoonoses. Nous cherchons à réduire la présence des pigeons en ville ». On ne saurait être plus clairs sur la menace sanitaire que fait planer le pigeon sur nos têtes, à l’instar du rat sous nos pieds. On devine que PAZ ne l’entendra pas de cette oreille, elle qui place les espèces animales un peu au-dessus des gens. La réponse municipale datée de septembre dernier n’a pas varié depuis.
Dans bien des quartiers chaumontais où existent de grands immeubles avec balcons, les nuisances causées par les colombins sont des difficultés incessantes : ceux qui les nourrissent sont pourtant passibles de lourdes sanctions. Les amendes peuvent aller jusqu’à 450 euros dans certaines villes, et laisser de la nourriture à disposition contrevient au règlement sanitaire départemental. Au centre-ville, la Caisse d’Epargne est parvenue à préserver sa façade monumentale avec un dispositif d’effarouchement électrique. Tendez l’oreille, vous percevrez les petits claquements émis par le système.
Renaud Busenhard