Émilie Bayzeck : la passion parmi les ingrédients de la recette

Désignée “Madame Artisanat” cette année, Émilie Bayzeck est l’archétype de l’artisane passionnée par son métier. Installée à Chatonrupt, près de Joinville, elle a ouvert “J’emporte la cuisine d’Émilie” il y a deux ans. Depuis, elle vit de sa passion et comble de plus en plus de clients.

Son suprême de pintade sauce aux morilles est une tuerie. Mais ne dire que cela – qui est rigoureusement avéré – c’est insulter les cuisses de grenouilles au vin blanc et crème fraiche ; et que dire, dès lors, de l’emblématique dinde marinée au vin blanc, aux champignons et au fromage de Chevillon ! Arrivé là dans notre récit, le lecteur a compris qu’un reportage au sein du labo d’Émilie Bayzeck est la plus délicieuse des tentations à laquelle on puisse soumettre le goût et l’odorat.

Ça n’est donc pas tout à fait un hasard si Émilie Bayzeck vient de décrocher le titre envié de Madame Artisanat attribué par la Chambre de Métiers. Au rang des nombreuses qualités qu’offrait sa candidature à l’observateur attentif, on retiendra en premier la passion.

Émilie n’est pas devenue le cordon bleu qu’elle est aujourd’hui par opportunisme et encore moins par hasard. Tout a démarré près des fourneaux de la grand-mère paternelle. Elle a transmis à l’enfant admirative qu’était Émilie, sa passion, son savoir-faire et… quelques recettes ! Le jour où Émilie est enfin devenue artisane, ce 1^er mars 2020 (juste avant le covid…) qui faisait d’elle sa propre patronne et une cheffe d’entreprise, elle a eu une pensée émue pour celle, absente, mais tellement présente, qui lui avait transmis le feu sacré.

C’était écrit. Cela dit, il fallait quand même le faire. Aujourd’hui, Émilie, radieuse, explique « qu’il faut oser se lancer pour réussir ». Cela peut prendre du temps. Il faut se former, il faut trouver de l’argent. Mais après, pour exercer le métier que l’on aime, c’est tout de même plus facile de se lever le matin.

Bon, Émilie, elle, c’est plutôt très, très tôt, bien avant le soleil, qu’elle se lève chaque jour. Elle s’enferme dans ce qui fut son garage, sacrifié pour la bonne cause, transformé de main de maître, par les proches, en laboratoire parfaitement aux normes. Sans aide, elle a investi 33 000 euros pour réaliser les travaux et acquérir l’équipement. On l’a deviné : les cinquante heures par semaine, c’est plutôt le tarif des petites semaines ; et comme les clients reviennent régulièrement plus nombreux, elle travaille énormément.

Depuis Chatonrupt, où elle vit et œuvre, Émilie ne saurait se contenter d’afficher sur sa porte les menus à venir. À dessein, elle utilise les réseaux sociaux ; sur sa page, elle annonce la couleur une semaine à l’avance, histoire de titiller les glandes salivaires de tous ses abonnés connaisseurs. Émilie fait beaucoup à emporter ; ou alors elle livre, pour les grosses entreprises, les collectivités, les associations, les groupes constitués…

Pénalisée au temps de la pandémie, son activité a commencé à décoller en juin 21, quand les gens ont commencé à se réunir. C’est à Noël de la même année qu’a eu lieu le vrai déclic, qui lui a donné raison d’être patiente. Depuis, ça marche.

Ça marche d’ailleurs tellement qu’il va lui falloir à nouveau investir. La double priorité va à un véhicule frigorifique – qu’elle loue actuellement – et un local plus vaste, plus spacieux, plus adapté à la demande réelle.

Émilie le répète : « c’est génial de faire ce que l’on aime ». Et nous, on aime ce qu’elle fait.