Le grand cirque – l’édito de Patrice Chabanet
Par ces temps de grande inquiétude, la présidentielle qui se déroule en Russie donne matière à rire. Dans cet exercice la palme revient au président du Conseil européen. Charles Michel a tenu en effet à « féliciter Vladimir Poutine pour sa victoire écrasante lors des élections qui commencent aujourd’hui…Pas d’opposition. Pas de liberté. Pas de choix ». Inutile d’attendre la fin du scrutin, demain, pour connaître le résultat. Les dés sont pipés. L’actuel président sera reconduit dans sa fonction avec un score qui aura été décidé par lui-même. Un grand cirque totalement assumé.
Pourquoi cette mascarade sans complexe ? Certainement pas pour convaincre les opinions publiques occidentales, excepté les Poutinophiles patentés. Mariani, pour citer le plus caricatural, voit dans cette élection l’expression normale de la démocratie… L’intention de Poutine est de faire croire que les Russes le soutiennent massivement. Et de fait, nombreux sont ceux qui y croient, faute d’une opposition visible sur les petits écrans.
Malgré toutes les contorsions du pouvoir il s’est trouvé quelques résistant(e)s pour contester la validité de cette élection : jet d’encre dans une urne, cocktail molotov à l’extérieur du bureau de vote etc. Des gestes rares mais héroïques, car il faut rappeler qu’ils exposent leurs auteurs à des années de prison. Dans la Russie de Poutine on ne plaisante pas avec la contestation. Ce faisant, il ne fait que renforcer la détermination des Occidentaux. Ainsi, Allemands, Français et Polonais ont décidé hier de créer une « coalition de capacités pour l’artillerie à longue portée ». Une décision apparemment technique mais qui pourrait changer le cours de la guerre, malgré les rodomontades du maître du Kremlin.