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Dépister une maladie rénale chronique, un enjeu de santé publique

Dépister une maladie rénale chronique, un enjeu de santé publique

Dépister une maladie rénale chronique, un enjeu de santé publique
L’insuffisance rénale est une maladie chronique qui impose trois séances de dialyse par semaine, chacune de trois à quatre heures (©JHM).

Pour la Semaine du rein, des dépistages d’une maladie rénale chronique sont praticables vendredi 22 mars, à la clinique de Chaumont. Néphrologue, le Dr Fouad Lebhour alerte : la prévalence de cette pathologie ne cesse d’augmenter. Or, diagnostiquée tardivement, elle mène les malades directement en dialyse…

La maladie rénale chronique comprend l’insuffisance rénale chronique, « la pathologie la plus importante », qui conduit les malades directement en dialyse. Un traitement de suppléance loin d’être anodin. Cette « épuration » du corps est chronophage, épuisante, et elle peut précéder une transplantation. Une séance de dialyse dure trois à quatre heures, et il en faut trois par semaine…

Maladie de plus en plus présente

Dépister une maladie rénale chronique, un enjeu de santé publique
Le Dr Fouad Lebhour, néphrologue, alerte : le dépistage est capital pour traiter des maladies chroniques du rein avant qu’elles n’imposent le recours à la dialyse (©JHM).

« La prévalence de la maladie rénale chronique ne cesse d’augmenter », prévient le Dr Fouad Lebhour, néphrologue à la clinique de Chaumont. Le spécialiste recense explique cette tendance haussière : la population vieillit, et on observe une recrudescence du diabète, de l’hypertension et des maladies cardio-vasculaires. « C’est une pathologie fréquente et grave ». En France, une personne sur dix en souffre, et la moitié des malades sont en dialyse. La Haute-Marne est, las, une terre d’accueil de la maladie rénale chronique : elle manque de médecins et la population y est âgée.

Maladie piégeuse

Or, les diagnostics sont tardifs. Si tardifs qu’ils sont trop souvent posés alors que la maladie a atteint le stade 4 ou 5 – soit les derniers échelons de gravité. « Chaque année en France, 10 000 patients arrivent au stade 5, qui nécessite un traitement de suppléance ». En effet, « la maladie rénale chronique est longtemps silencieuse, c’est un piège. D’où l’intérêt du dépistage ». Ses signes cliniques n’apparaissent qu’à partir du stade 4. « Un sentiment de fatigue, l’envie fréquente d’uriner, une hypertension artérielle, le manque d’appétit, un amaigrissement, une anémie, des œdèmes aux jambes… peuvent alerter ».

Sujets à risque identifiés

Quand la société internationale de néphrologie recommande le dépistage de l’ensemble de la population, en France, la Haute autorité de santé limite ses encouragements aux sujets à risque, rappelle le Dr Lebhour. Il s’agit des plus de 60 ans, des diabétiques, et des personnes qui souffrent d’hypertension et/ou de pathologies cardio-vasculaires. Auxquelles il faut ajouter celles qui sont desservies par un facteur familial (la prévalence des pathologies rénales est importante dans la lignée), et les malades du cancer qui ont été traités par chimiothérapie.

Simplicité du dépistage

Le dépistage consiste en un dosage de la créatinine et la recherche de sang, d’albumine, de leucocytes dans les urines. Toutefois, vendredi, c’est une photographie de celles-ci qui sera privilégiée, avec une prise de tension. Si les résultats méritent de l’attention, on recommandera aux personnes concernées de demander à leur médecin traitant de prescrire le dosage de la créatinine.

La dialyse, c’est très onéreux

Non seulement la maladie chronique rénale est invalidante à titre individuel, mais c’est, pour la collectivité, la plus onéreuse par patient des pathologies graves. « Devant le cancer du poumon, et l’AVC dans sa forme la plus grave ». Ainsi, un patient dialysé coûte 62 140 € par an à la sécurité sociale contre 12 025 € pour un patient atteint d’un cancer du poumon. Aujourd’hui, la dialyse pèse 2% du budget de l’assurance maladie.

Fin 2018, 89 692 patients étaient en dialyse ; en 2020, ils étaient 91 875.

Traitement connu

« L’intérêt du dépistage, c’est de détecter le plus tôt possible la maladie, de tenter de la traiter si c’est possible et de ralentir sa progression pour éviter qu’elle n’atteigne le stade 5 ». Pour lui couper la route vers son sommet, il s’agira de « bien équilibrer son diabète, sa tension artérielles, de suivre un régime alimentaire ». En prenant des médicaments « de plus néphroprotecteurs ». Un « arsenal thérapeutique et diététique » qui est en mesure d’éviter de fameux stade 5, d’autant que si la dialyse est contraignante, elle peut en outre entraîner des complications cardiovasculaires.

Soigner ses reins en Haute-Marne

« À Chaumont, on a la chance d’avoir un grand service de néphrologie et de dialyse. On est le seul centre lourd de ce type en Haute-Marne. Il assure des soins 24 h sur 24. Pour les transplantations, il travaille avec le CHU de Dijon surtout, et un petit peu avec celui de Nancy ». Aujourd’hui, 72 patients y vont en dialyse chaque jour (61% sont des hommes contre 39% de femmes). Le Dr Lebhour indique aussi qu’il assure des consultations en néphrologie au centre hospitalier de Chaumont et des consultations avancées au centre hospitalier de Langres tandis que son collègue fait de même à Joinville. 

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

Pratique : infos et dépistage gratuits vendredi 22 mars, hall de la clinique de Chaumont, de 9 h à 12 h et de 13 h30 à 16 h 30. Sans rendez-vous. Présence de l’association France rein, d’infirmiers du service de dialyse, d’une diététicienne. Cette opération se renouvellera dans le hall de la clinique de la Compassion, à Langres, vendredi 12 avril.

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