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heureux gagnants

“Heureux gagnants”, salaud de loto

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L’argent ne fait pas toujours le bonheur. (Crédit : YouTube – Warner Bros. France)

CRITIQUE. Montrant le tragique dans une situation en apparence idyllique, “Heureux gagnants”, comédie anti-feel good, est un grand bol d’air dans le paysage cinématographique français. À faire regretter d’avoir cru en sa bonne étoile.

heureux gagnants
« Heureux gagnants » de Maxime Govare et Romain Choay, avec Fabrice Éboué, Audrey Lamy, Pauline Clément, Anouk Grinberg… 1 h 43.

Foutue chance. Devenir multi-millionnaire, du jour au lendemain, sonne pour beaucoup comme une providence. Les fins de mois compliquées, surtout les 30 derniers jours comme dirait l’autre, c’est fini. Les vacances à bas frais, le sommeil agité par le compte en banque qui tend inexorablement vers le rouge, les heures à se casser le dos dans un boulot même pas épanouissant pour un salaire de misère… Tout ça, balayé, avec un simple ticket de loto. Pour les protagonistes de “Heureux gagnants”, nouveau film de Maxime Govare (il était derrière l’excellente duologie des “Crevettes pailletées”) et Romain Choay, c’est tout l’inverse.

Le film à sketches – une succession de petites histoires dont le seul point commun, ici, est que tous les personnages sont devenus riches grâce aux jeux – est une vraie antithèse de la comédie familiale. Le rire aura même du mal à s’y faire un chemin, tant la misère des personnes est montrée sans aucun filtre.

De la petite famille en proie à la précarité dont le père commettra l’irréparable pour faire valider son ticket à la jeune Parisienne qui tombe sur l’homme idéal en sortant de la société des jeux (bizarre…), en passant par le trio de terroristes remettant en cause leur projet funeste après avoir appris que l’un d’eux avait le ticket gagnant, chaque situation est plus amère que la précédente.

Les petites histoires des heureux gagnants

“Heureux gagnants” – titre trompeur, vous l’aurez compris – est un vaudeville des plus satiriques, battant en brèche un fantasme presque aussi vieux que le capitalisme : l’enrichissement immédiat. L’enchaînement de petites histoires ne dessert pas le récit, tant il est bien pensé, et lié par cette thématique commune. Ce film, c’est la fin de l’espoir, avec une morale de fable (contentez-vous de peu, c’est déjà assez) qui ne tombe pas dans le balourd ni le tire-larmes.

L’ensemble du casting de « Heureux gagnants » est au niveau. Fabrice Éboué, décidément à son aise dans ce genre de films (on pense à sa performance jouissive dans “Barbaque”), et Audrey Lamy, ahurie par l’argent et complètement à fleur de peau, livrent une belle performance. Pauline Clément est géniale, Anouk Grinberg parfaite double-face, Louise Coldefy irritante au possible. Même le jeune Sami Outalbali, malgré son temps d’écran relativement restreint, marque. De ce côté-là, c’est un sans-faute.

Trop absurde (ou pas assez)

Les plus avides d’absurde reprocheront sûrement à « Heureux gagnants » de manquer de grinçant. Il fallait un happy end, quand même, et forcément, ça plombe le récit nihiliste. La cruauté de l’être est désamorcée par quelques heureuses secondes. Pour nous, la chute se situait quelques instants plus tôt, dans le macabre d’une cellule de prison. Peut-être les distributeurs ont-ils été refroidis. La réalisation aussi, pas catastrophique du tout, reste scolaire. Champ – contrechamp pour les dialogues, un peu de plan-séquence par-ci par-là, une caméra un peu plus brouillonne lors des scènes d’action. Rien de neuf, rien de mal.

Il manque peut-être une once de dosage à ce film pour vraiment s’ériger au rang des plus grands. Aller plus loin dans l’ubuesque aurait été une idée, donner plus de cohérence au produit final – qui prend de francs airs de cartoon par instants – en aurait été une autre, comme pour lui insuffler plus de gravité. Un bon moment, qui aurait vraiment pu être merveilleux, avec un tantinet plus de parti pris, mais qui n’en reste pas moins très agréable. Et qui se fait chantre de la prévention contre les jeux de hasard. C’est peut-être ça, en fait, le message essentiel du film. Jouer tue.

Dorian Lacour

d.lacour@jhm.fr

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