Tempête sur Kinlochleven, de Peter May
Une semaine, un livre
Fidèle aux éditions Rouergue qui lui ont déjà publié une trentaine d’ouvrages, le populaire auteur de polars, titulaire de nombreux prix, revient à ses origines avec un roman écossais. L’intrigue se situe en effet au cœur des West Highlands à Kinlochleven, dont le nom signifie “Au bord du Loch Leven”.
Mais, surprise ! Il nous conduit dans un futur proche, en 2051 juste après le “grand changement”, climatique bien entendu. L’élévation du niveau des mers a submergé dans le monde beaucoup d’îles, modifié les contours des côtes et englouti des villages entiers. L’Ecosse est un peu épargnée car elle connaît un climat polaire du fait de la disparition du Gulf Stream. Elle est devenue indépendante, a adhéré à l’Union européenne, et adopté une organisation et un système politiques proches de ceux de la France.
C’est dans cette région qu’il connait bien pour en avoir gravi tous les sommets que va intervenir l’inspecteur chevronné Cameron Brodie. On l’envoie récupérer un cadavre découvert dans un névé, ces immenses tunnels de glace qui ont fleuri avec le retour à un climat plus froid. Le cadavre s’avère être celui d’un éminent journaliste qui cherchait sur place les preuves d’un scandale écologique étouffé par les politiciens. L’autopsie révèle d’étranges lésions pulmonaires et des traces qui confirment que c’est bien d’un meurtre qu’il s’agit.
Double mission, double intérêt
Double mission pour Cameron Brodie : trouver le ou les meurtrier(s), le mobile et convaincre sa fille de lui parler. Elle vit dans ce village, y a fondé une famille mais a cessé tout contact avec son père depuis le décès de sa mère, il y a dix ans… Double intérêt pour le lecteur, double suspense… comme d’habitude dans les romans de Peter May, le héros risque plusieurs fois sa vie, les rebondissements se multiplient dans la deuxième partie, jusqu’au retournement spectaculaire des dernières pages…
Mais l’intérêt de ce roman est surtout dans le portrait qu’il dresse de Cameron Brodie, un homme malade, solitaire, amer, désabusé qui ne croit plus en rien : « Il détestait la politique. Les politiciens débitaient tous des mensonges… Quelle que soit la génération à laquelle tu appartiens, rien ne change. Ce sont toujours les mêmes qui abusent du même pouvoir et gagnent le même fric ». Seule sa fille le mobilise encore car il veut lui révéler tout ce qu’il lui a caché jusque-là. Le roman progresse alors par chapitres alternés avec des retours sur la vie amoureuse du grand enquêteur et la révélation de ses secrets.
Une lecture plaisante qui offre la certitude de passer un bon moment, avec des descriptions qui disent à quel point cette région d’Ecosse offre des paysages fabuleux.
De notre correspondante Francoise Ramillon