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Aspergée d’huile bouillante

Tribunal correctionnel. Souffrant de graves troubles psychiatriques, assurant avoir été harcelée par la victime, une demandeuse d’asile a aspergé une de ses semblables d’huile bouillante, le 6 mai 2021, à Chaumont. Décision ? Six ans de prison ferme et interdiction définitive de séjour sur le territoire national.

Le visage obstrué par un masque chirurgical, sous bonne escorte, Fatou Keira prend place dans le box sécurisé réservé aux prévenus. Le président Morelière donne lecture du rappel des faits. Glaçant. Bouillant. Le 6 mai 2021, à Chaumont, des hurlements surgissent d’un appartement de la rue Lavoisier. Les policiers se présentent dans le logement. « Le sol est gras et glissant ». Les fonctionnaires découvrent une femme, son visage est brûlé, son tronc également, ses bras, aussi, « la peau se détache de son corps ». Les secours prennent en charge la victime, une femme rapidement transférée vers le Centre des grands brûlés de Metz. Une femme… Et une autre, enfermée dans sa chambre, résidant, elle aussi dans un appartement mis à disposition par l’association France Terre d’Asile. Née en Guinée, accueillie depuis quelques mois à Chaumont, Fatou Keira l’assure. « J’ai fait chauffer de l’huile pour me préparer une omelette, j’avais le récipient entre les mains, j’allais dans ma chambre, elle sortait de la salle de bain, je l’ai croisée dans le couloir en sortant de la cuisine, l’huile s’est déversée sur elle, c’est un accident ! » Recueillie par les enquêteurs, la version de la victime, décédée, enceinte, en décembre 2022, des suites d’un choc hémorragie suivi d’un arrêt cardio-respiratoire, décès étranger aux souffrances endurées suite à la projection d’huile bouillante, est toute autre. « Elle est arrivée avec la casserole, elle a tout jeté sur moi, elle m’a dit “Je t’avais dit que j’allais de tuer” et elle est partie dans sa chambre ». Fatou Keira n’a pas alerté les secours. Une femme hurlait de douleur à quelques mètres d’elle. « J’ai essayé d’appeler le 113 », affirme la mère de famille. Aucune trace du moindre appel ne figure au dossier.

« Cocotte-minute »

Soumise, en Guinée, à l’âge de 17 ans, à un mariage forcé avec un musulman au comportement primaire, animal, inhumain, Fatou Keira a quitté son pays en 2014, en avion. Après un séjour au Maroc, la mère de famille a gagné l’Espagne avant de trouver refuge « chez un cousin », à Nancy, en 2019 et d’échouer à Chaumont en mars 2021, deux mois avant le drame survenu rue Lavoisier. La prévenue assura avoir été menacée par la victime. L’origine du différend demeure obscure, « une histoire de meubles ». La victime avait alerté le Centre d’accueil des demandeurs d’asile (CADA) de Chaumont de difficultés relationnelles. Le matin du drame, Fatou Keira aurait par ailleurs été informée du refus de sa demande d’asile.

Au fil des débats, il fut question de cette « casserole » remplie d’huile bouillante, puis de « cocotte-minute ». Une femme prête à exploser, une bombe en puissance. Un expert-psychiatre a pointé la dangerosité de Fatou Keira, placée en détention provisoire depuis le 8 mai 2021. Il est question de schizophrénie, notamment. « La maladie mentale, la société a du mal avec ça, sa maladie mentale, madame n’en a même pas conscience comme l’indique un expert, ce psychiatre fait état d’hallucinations, d’un discours désorganisé, d’un sentiment de persécution accompagné d’idées de sorcellerie, cet expert a retenu une altération du discernement. Madame aurait pu être déclarée irresponsable pénalement, mais en France, on préfère juger des personnes comme madame, on demande à la justice de faire le travail que les instituions devraient faire. Je ne vais pas plaider la thèse accidentelle, madame sera condamnée avant, au regard du climat actuel, d’être rapidement reconduite dans son pays », tonna Me Alfonso au nom de la prévenue après avoir rappelé que la victime avait alerté le CADA du comportement particulier de Fatou Keira. « Que s’est-il passé ? Une simple conciliation, on a finalement laissé ces deux personnes dans le même appartement, tout le monde a fermé les yeux ! »

« Imaginez la douleur de cette femme… »

Me Tribolet émit également de sérieux doutes quant aux conditions d’accueil de personnes exposées, loin de la France, de son confort de vie, à des épisodes traumatiques (lire ci-dessous ou ci-contre). Accueillir les damnés de la Terre, c’est louable, c’est ça, la France, son honneur, ce qu’il en reste, mais encore faut-il réellement s’en donner les moyens.

Madame le procureur Pelletier ramena les débats à leur insoutenable cruauté. « Imaginez la douleur de cette femme, cette femme qui, face à la douleur, a failli se défenestrer. La thèse de l’accident ne tient pas ! Des traces d’huile ont été identifiées sur un mur à 1,5 m de hauteur, madame tenait la casserole remplie d’huile bouillante à un mètre de hauteur, au regard de la taille de madame, l’huile a clairement été projetée, il s’agit d’un geste volontaire ! Madame Keira s’est réfugiée dans sa chambre alors que la victime hurlait de douleur, trois ans plus tard, madame Keira est enfermée dans le déni, des incidents sont survenus en détention, madame est dangereuse dehors, dangereuse dedans, la société doit être protégée de cette femme ! »

Fatou Keira encourait dix ans de prison, une peine encourue limitée à six ans en raison d’une indéniable altération du discernement. Réquisitions ? Six ans de prison ferme, la peine maximale. Et interdiction de séjour définitive sur le territoire français. Un appel suivi par le tribunal.

T. Bo.

« Sans faire de politique… »

Appelé à substituer Me Secnazi Leiba (Barreau de Paris), Me Tribolet porta « pudiquement » la voix des membres d’une famille endeuillée. « On peut s’interroger, sans faire de politique, sur un dépistage, sur un plan psychiatrique, des personnes accueillies sur le sol français », souligna l’avocat de la partie civile avant de faire état de précédents. Le 7 juillet 2020, un réfugié afghan avait été, à Chaumont, rue Loucheur, tué de 43 coups de couteau par un de ses compagnons de misère. Un expert avait, là encore, pointé de graves troubles psychiatriques entraînant une altération du discernement. Sofian Abdul Kadir, également visé par un refus de sa demande d’asile avant son passage à l’acte, avait été condamné par la cour d’assises de Haute-Marne, en mai 2022, à 18 ans de réclusion criminelle.

Me Tribolet le répéta. « L’état de santé de madame Keira posait clairement question ! » Pour preuve… « Le mode opératoire retient l’attention, ce mode opératoire a laissé des traces irrémédiables, ce mode opératoire est extrêmement cruel. Nous avons devant nous une prévenue égocentrée, une femme se déclarant victime d’une machination, une femme affichant une absence totale d’introspection ».

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