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Violences conjugales à Langres

Tribunal correctionnel. Madame a porté un coup de couteau, heureusement sans conséquence, monsieur a porté une clé de bras à une conjointe avec qui il n’était plus censé entretenir le moindre contact… En état de récidive légal, le Langrois a été condamné à sept mois de prison ferme.

Monsieur avait bu. « Un litre de rosé ? » « Plus, trois, quatre ou cinq bouteilles ». Taux d’alcoolémie : 2,48 g. Madame avait bu aussi. Taux : 1,44 g. Les princes de la cuite ont le sourire et l’accolade facile, d’autres, le rosé, ça les énerve. Il est 1 h 15, dans la nuit du 4 au 5 mars 2024, à Langres, lorsqu’une femme, « nez en sang », se présente à la porte d’une voisine afin de lui demander d’alerter les gendarmes. A leur arrivée, les hommes en bleu découvrent une femme au visage tuméfié. « Nous nous sommes engueulés, nous nous sommes retrouvés dans la cuisine, elle a commencé à me bousculer, j’ai renversé une bouteille, elle a pris un couteau et elle m’a piqué derrière le crâne ». La suite ? Belle-mère et fille s’écharpent dans la salle à manger, Frédéric Lobjois intervient. « Je suis venu pour les séparer, j’ai fait une clé de bras à ma compagne, elle a glissé, elle est tombée pleine face ». Bilan : fracture du nez, fracture du plancher orbital, 15 jours d’Incapacité totale de travail (ITT).

Le prévenu est adepte de boxe thaïlandaise et de MMA. Me Aïdan profite d’une certaine connaissance des arts martiaux. Question de l’avocat de la partie civile : « On peut faire une clé de bras en emmenant la personne au sol. Ou en la projetant. Comment madame se casse-t-elle le nez ? » Le prévenu le répète, il en viendra à mimer un « simple geste de défense », sa compagne aurait glissé, monsieur a porté une clé de bras « pour se protéger ». Me Chaffaut s’en mêle. « Tomber sur du carrelage, ce n’est pas la même chose que chuter sur un tatami ! »

« Il faut arrêter… »

Attentive à ce débat entre experts des sports de combat, madame le procureur Pelletier renvoyait le prévenu à son passé judiciaire. Frédéric Lobjois a été condamné en 2022 sur à des violences commises à l’encontre de sa compagne. « Que c’était-il passé ? » « Elle avait un couteau, je lui ai donné un coup pour la désarmer ». Condamné suite à ces faits à une peine de prison intégralement assortie d’un sursis probatoire, le prévenu était ainsi visé par une interdiction de contact avec la victime. « Oui, je n’ai pas respecté cette obligation, elle est revenue. Elle me fait du mal, elle devient vite agressive, ce soir-là, j’ai voulu rompre, elle s’est énervée ». Et puis… « Elle boit ». Lui aussi. Condamné à cinq reprises pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique, le père de famille le reconnaît. « Je suis alcoolique, à 52 ans, il faut arrêter ». Entre deux questions du président Morelière, le juge Launoy s’enquérait du passé du prévenu. « Avez-vous des souvenirs de scènes de violence entre vos parents ? » « C’est arrivé, quand j’étais petit ». Deux anciennes compagnes du prévenu sont présentes, au soutien du prévenu, en salle d’audience. Me Chaffaut questionne à son tour. « Avez-vous été violent avec elles ? » Quitte à surprendre son conseil, le prévenu fit preuve d’une certaine honnêteté. « Une baffe, c’est arrivé… »

« Au final ? Deux fractures ! »

Me Aïdan renvoyait le prévenu à sa pleine responsabilité. « Monsieur a demandé à madame de revenir, malheureusement, quand on a été victime de violences conjugales, on y retourne, on observe ce réflexe psychologique dans de nombreux dossiers. (…) On n’est pas alcoolique par plaisir, mais au final, qu’avons-nous ? Deux fractures au visage ! » « Monsieur minimise et banalise ce qui constitue des gestes de violence », poursuivit madame le procureur Pelletier.

La suite ? Me Chaffaut plaida. « Madame a porté un coup de couteau, à quelques centimètres, un peu plus bas, à hauteur du cou, nous aurions peut-être un mort, mais aucune suite judiciaire n’a été donnée à ce coup de couteau. (…) Dans le contexte de la commission des faits, s’agit-il d’une faute pénale ? (…) Monsieur prend un coup de couteau, madame s’en prend à sa fille, oui, il n’allait pas se laisser faire ! Madame dit avoir été saisie par le cou avant d’avoir donné un cou de couteau, aucune constatation médicale n’en atteste, madame a par ailleurs été mise en cause par le passé pour violence sur conjoint, oui, c’est une femme, mais pas une tendre ! »

Décision ? Sept mois de prison ferme, avec maintien en détention. Me Chaffaut fut finalement entendu, le président Morelière déclarant Frédéric Lobjois partiellement responsable sur un plan civil. « La faute de la partie civile a participé à son dommage à hauteur de 66 % ».

T. Bo.

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