Renault 5 E-Tech 100% électrique : aussi faite de pièces haut-marnaises
Une petite entreprise familiale sise à Brethenay a réalisé des pièces de la Renault 5 E-Tech 100% électrique. Autant la sortie du modèle du constructeur fait du bruit, autant, Thierry Picard et son fils Alexis sont discrets.
« Les demandes nous viennent par les bureaux d’études ». Autrement dit, CN Production, SAS sise à Brethenay, est sollicitée « avant le lancement d’une série ». Thierry Picard croyait dur comme fer à une activité de niche, qui consistait à fournir des pièces correspondant « exactement » aux besoins des clients en petite et moyenne série – en clair, des moutons à cinq pattes par-ci, par là. Bien vu, CN Production « livre des clients dans toute la France et dans toute l’Europe », sauf à ce que ceux-ci viennent eux-mêmes faire enlever leurs commandes. À chaque fois, les camions chargent du fil métallique. « Le fil, il y en a partout… Chez soi, dans les magasins… ». Pour faire des étagères à la maison, des broches pour poser les articles au supermarché du coin… et c’est ce qui assemble les ossatures en tôle d’un siège de voiture.
S’asseoir haut-marnais
« La commande est arrivée via un équipementier du Loiret, du groupe Forvia ». La requête « tombe » début janvier dernier. Si CN Production dit oui, c’est « tout de suite maintenant », probablement parce que le Salon de Genève, c’est en gros… demain. « On a livré 200 fils en 14 références le 18 janvier ». Le commanditaire n’avait plus qu’à « mousser » l’architecture du siège – « le panier »- pour que les occupants de la R 5 E-Tech 100% électrique puissent s’y asseoir. Les futurs acquéreurs de ce modèle lancé par le fabricant à grand renfort de clairons et de trompettes caleront leurs séants sur des réalisations haut-marnaises.
À côté de la notoriété locale
Qui sait si, exceptés Thierry Picard et son fils Alexis, les Haut-Marnais ne sont pas les seuls à tout ignorer de l’étendue et du prestige du carnet de clients de CN Production. Un père et son fiston réunis aussi au travail dans « une affaire de famille », un binôme qui suffit à répondre à la demande notablement exigeante de clients bien éloignés des frontières du département, et qui tourne… à côté de la notoriété locale. L’entreprise qui a élu domicile à Brethenay depuis le 1er mai 2023 avait rôdé pendant cinq ans la viabilité de son objet dans la zone Plein-Est. Une phase test qui s’est avérée si concluante qu’à une encablure de Chaumont, c’est sur 250 m2 qu’elle s’est déployée contre 137 auparavant. La discrétion dont la structure fait preuve ne lui empêche pas de « faire travailler des artisans locaux » -comme Appli Color à Bologne.
Sur la short list des succursales
« Toutes les succursales me consultent en premier ». C’est que, sur ce marché, les « pointures » cherchent plutôt à satisfaire le service auquel elles aspirent qu’à discuter les prix. Faire dans la réalisation de « fil » ne s’apprend pas dans les manuels, soutient Thierry, c’est l’expérience qui permet d’engranger les compétences pour assurer l’exercice du métier. Tout juste admet-il qu’il vaut mieux être « minutieux et manuel ». Pas un mot sur l’utilisation des machines à commande numérique de CN production. Ni sur la lecture, la reprise depuis zéro de plans d’une précision diabolique. C’est dans l’atelier que le père remet dans les mains du fils ses 25 ans d’expérience « dans le fil ». Pour, plus tard, lui donner les rênes.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr