Adieu veaux, vaches, cochons… le temps des fermes intra-muros
Nogent est plutôt urbaine mais il n’en reste pas moins qu’elle a un côté rural et que des agriculteurs vivaient à côté des ouvriers. Si beaucoup de fermes étaient situées en périphérie, Philippe Savouret revient sur celles qui étaient présentes intra-muros jusque dans les années 1960 comme celles des familles Goudin, Vernier, Coupas, Frenette.
Aujourd’hui même le hameau de la Perrière, qui était agricole, est devenu très résidentiel puisqu’il ne reste plus qu’une ferme. Tout comme au Vivier. Un seul éleveur d’ovins y est désormais installé, à l’écart à La Roche à brebis, la bien nommée, haut lieu de la luge quand il y avait de la neige.
Le Salon de l’agriculture venant de se terminer, nous allons évoquer ce passé agricole nogentais au milieu de l’industrie avec des agriculteurs qui sont maintenant à la retraite. Claude Vernier a refait un tour d’horizon pour repérer les fermes existant après 1945.
Tour des fermes
En venant de Chaumont, il y avait la ferme Martinot puis Pernet (aujourd’hui le garage Peugeot-Citroën). En remontant la rue de la Perrière, la ferme Vernier était la dernière maison entourée de prés et de champs. On se retrouvait au hameau de la Perrière où il n’y avait que des fermes : Roblin, Bernard et Bernard (deux familles distinctes) Tisserand, Maire, Farine, Lebrun, Henry en 1959, Simon dit “père pipe” venant de Choiseul en 1964.
En redescendant dans la ville basse ; dans la rue de l’Aya, on trouvait les Charonnot, Bresson, Gallois, Pérard, Charrière. Sans oublier les Chaffaut à la ferme de Marsois. En direction de Poinson, il y avait les Hanché au moulin de la forge. Au hameau du Vivier, on trouvait les Prauthoy.
Remontant sur la ville haute, on avait Paul Laurent (au niveau de chez Hausser aujourd’hui).
Les Coupas étaient rue Félix-Grélot (en face de la maison de retraite).
Rue Bernard-Dimey, la jolie ferme à cour fermée des Frenette est à vendre. Plus bas la ferme Thenance. Toutes deux avaient accès directement aux champs et prés derrière ; il n’y avait pas de zone industrielle.
Une ferme était vraiment en ville, rue de Lattre, on peut toujours la reconnaître à sa structure, c’est la maison Goudin.
A cette époque un peu comme à la campagne, certaines familles avaient un jardin, des volailles, deux vaches, tout en étant coutelier. Certains avaient des vignes avant le phylloxéra.
Du lait dans le petit chaudron
Les fermes précitées élevaient des vaches laitières. D’ailleurs les Nogentais allaient chercher du lait dans leur petit chaudron à la ferme la plus proche. C’est la laiterie de Thivet (village proche) qui ramassait le lait. Et de nombreux lavoirs abreuvoirs permettaient aux animaux de s’abreuver (lire notre rubrique du 1er novembre 2020). Il y avait les chevaux comme traction, avant que le tracteur s’implante définitivement. Donc ils n’étaient pas que dans les fermes. Ils tractaient les chariots de tonneaux chez les marchands de vin : Jobard, Princet.
Il y avait des coopérations, par exemple un taureau ou un verrat. Chez Vernier, c’était le taureau, chez Pernet le verrat. D’autres apportaient des services comme Frenette qui faisait corbillard et ramassait les poubelles.
Les agriculteurs élevaient des bovins, aussi pour la viande, qu’ils menaient à l’abattoir (Nogent dans le rétro du dimanche 17 février 2019) abattoir qui ferma en 1967 avant de devenir le centre de secours en 1971. Il y avait aussi de l’élevage ovin et porcin et bien sûr les volailles.
Parmi les cultures : le blé et l’avoine (pour chevaux et poules), le chanvre et le sarrazin.
Dans les années 1970, les agriculteurs s’arrêtaient à la retraite. Beaucoup de terrains furent bâtis. Ceux qui restaient trouvaient des terres à acheter plus loin.
Aujourd’hui, il ne reste plus que quatre fermes : Simon-Gillot à la Perrière. Au Vivier, il y a Corbelin qui a un gros élevage ovin, Goudin qui va bientôt prendre sa retraite et Vernier qui ne fait plus que des céréales e à mi-temps ; le fils de Claude a aussi un autre métier en complément.
Si l’on peut retrouver des anciennes fermes, celles-ci ont été transformées en logis. Et les fermes restantes se sont délocalisées dans de grands hangars au milieu des champs.