Jeunes agriculteurs : un cru vif pour l’assemblée générale 2024
Vif, le cru 2024 de l’assemblée générale des Jeunes agriculteurs (JA). Pour cette année élective les JA ont choisi de la tenir vendredi 8 mars à Colombey-les-Deux-Églises, histoire de faire savoir que l’ambition revendicative du monde agricole est loin d’être retombée.
Vendredi 8 mars a eu des airs de journée des droits du monde agricole à Colombey-les-Deux-Églises, où les Jeunes agriculteurs (JA) se sont réunis en assemblée générale. Un mois après une mobilisation d’ampleur, au lendemain du Salon de l’Agriculture, les JA avaient choisi de placer la grand-messe annuelle sous la question de l’engagement, et d’en traiter au Mémorial.
Il est apparu que ce n’était pas demain que les 400 panneaux des noms des villages haut-marnais, « retournés en une semaine en novembre », seraient remis à l’endroit. En tapissant des photos de ces symboles à l’envers l’arrière du pupitre servant aux allocutions, les JA tenaient à souligner le contexte de cette AG, voire à incruster l’image d’un bras de fer qui dure avec l’État. En effet, si les tracteurs sont revenus dans les exploitations, les moteurs des engins restent chauds pour convoyer à tout moment leurs propriétaires bouillants. Même si l’animateur du rendez-vous Thomas Millot a d’emblée indiqué qu’il contiendrait ses mots, aucun ne serait cette fois « déplacé ».
Ecolos, OFB : petits paniers garnis
« Heureusement que, pour l’extension des zones Natura 2000, ça a été non ». Dans son dernier discours en qualité de président départemental des JA (depuis quatre ans), Steve Lahaye a martelé que ceux-ci « ne voulaient pas » voir la Haute-Marne devenir « un sanctuaire sans phyto ». Que « les écolos qui achètent des fermes » se le tiennent dit, et libre à eux d’ « introduire le loup » sur leurs terres à eux. Avant de proposer également que l’animal niche dans les zones Natura 2000. « L’Office français de la biodiversité pourra s’amuser à l’y suivre » – après le petit panier des écologistes, c’est celui de l’OFB que Steve Lahaye a garni. Autre désastre : « les dégâts de gibier ». L’encore président du syndicat a invité ses adhérents à « passer le permis de chasse », histoire de concourir aux battues administratives. Si la Région a dégainé une aide pour les exploitants victimes des grues, elle « ne contrebalance pas » une facture de « 700 000 € ». Seule éclaircie : l’étude sur l’irrigation pour les grandes cultures en Haute-Marne », qui répond à une succession d’années sèches.
Steve Lahaye quitte ses fonctions avec le sentiment que son engagement a été utile, y compris à titre personnel. Selon le président de la FDSEA 52 Sébastien Riottot, Thomas Millot devrait lui succéder dans quelques jours.
« 300 manifestants, zéro dégradation »
De la réunion des JA, Fédération des producteurs laitiers (FDPL) et FDSEA lors de la récente mobilisation, Steve Lahaye a retenu « 300 personnes, 150 tracteurs et zéro dégradation ». L’encore président avait insisté sur l’importance de la transmission des exploitations, le président Grand Est des JA Xavier Bailly, l’administrateur national Maxime Buizard, le président de la FDPL 52 Florent Cressot et son homologue de FDSEA 52 Sébastien Riottot ont tour à tour listé les tourments du monde agricole, dont le départ à la retraite imminent de la moitié des exploitants. « Oui, le Premier ministre est venu s’asseoir sur un ballot de paille avec un agriculteur qui ne représente que lui-même ». Maxime Buizard a dit bien vouloir qu’ « on (lui) explique les prix planchers », en dénonçant la lenteur de la mise en place de « la simplification ». Puis de réclamer que passe sous la tutelle des préfets l’OFB qui « ne rend de compte à personne » et dont les agents « portent une arme ». Les JA se sont exprimés sans rondeur, vendredi 8 mars. « Jusque-là, ça s’est bien passé, mais si ça ne bouge pas… », a même grondé Maxime Buizard.
L’« accessibilité » de la préfète saluée
« Le Département sera toujours à vos côtés ». Son président Nicolas Lacroix a annoncé le projet d’évolution des statuts du GIP pour qu’il englobe l’agriculture dans les secteurs qu’il soutient. « Il y a peu de jeunes, le lycée agricole est vieillissant… ».
Après avoir rappelé à Florent Cressot, qui s’était décrit « du signe Poisson et piquant », qu’elle était elle aussi « Poisson » et qu’il faudrait bien cohabiter « dans le même bocal », la préfète Régine Pam a rafraîchi la mémoire des JA. « Pour Natura 2000, dans les deux heures, j’ai apporté des solutions ».
À l’envers du protocole, Thomas Millot a pris la parole… après Régine Pam pour acter l’ « accessibilité » de celle-ci, et il a convoqué le souvenir apprécié de sa présence au « blocage » de Beauchemin.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
« Ce serait dommage de devoir séquestrer le maire »
La 70e fête de l’agriculture, qui verra notamment le retour du concours de labour, aura lieu à Pierrefontaines dimanche 25 août. Il a été fait état de « problèmes » des JA avec le premier magistrat de la commune. Rien n’a été dit de leur nature, mais tout de leur perception par les JA : « ce serait dommage de devoir le séquestrer. On a su bloquer l’autoroute, c’est dire qu’un maire… ». Grinçant, le trésorier des JA Rémi Cauret…
Parlementaires taclés
La sénatrice Anne-Marie Nédélec est la seule des quatre parlementaires de la Haute-Marne à avoir assisté à l’AG des JA. Haro sur les absents, « rendez-vous dans deux ans » – bref, aux prochaines élections. Pourtant, le député Christophe Bentz était représenté par un de ses assistants, une mission qui entre dans les fonctions de ce dernier.
Sur le même sujet...
