C’est raide – L’édito de Christophe Bonnefoy
Comme on dit, dans le langage (parfois fleuri) de tous les jours, populaire, de la rue : c’est raide. Plus précisément, ça va être encore un peu plus raide.
Les Français ont pas mal appris, depuis quelques années, à jongler avec les valeurs négatives de leur compte en banque. De plus en plus tôt dans le mois d’ailleurs. Plus ça va… moins ça va. Mais même si c’est compliqué à concevoir pour les ménages, ça aurait pourtant pu être pire. Le quoi qu’il en coûte est passé par là, il a pour le moins permis de limiter les dégâts. Il était nécessaire, il ne peut être éternel. C’est ce que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, nomme la nécessité de « refroidir la machine ». On voit bien l’image : nos finances – celles de l’Etat – sont en surchauffe. On est, en quelque sorte, désormais bien au-delà du raisonnable. Un peu comme si on maintenait une vieille auto à 130 km/h sans jamais ralentir et en omettant de remettre à niveau le liquide de refroidissement. Jusqu’à ce que ça explose.
Alors dix milliards… vingt milliards… les économies annoncées par l’exécutif ne veulent finalement pas dire grand-chose pour les Français. Une seule certitude, néanmoins : leur ceinture est déjà serrée plus que de raison, elle va désormais sans doute leur couper la respiration. Quand on ne peut plus, visiblement, on peut encore un peu, quitte à frôler la syncope. Même si, c’est promis, il n’y aura pas de hausse d’impôts. On nous l’annonce : ce sont les dépenses de l’Etat qui sont concernées. Mais si l’Etat économise, qui va devoir économiser, donc, finalement ? On le devine. Directement ou indirectement, des économies se traduisent très simplement : soit par des euros sonnants et trébuchants qui disparaissent du porte-monnaie (des ménages), soit par des services publics dont… le service s’avère un peu moins efficient (pour les mêmes ménages au bout du compte). Ou comment être dans l’obligation de réapprendre à compter… En tout cas encore un peu plus qu’avant.
c.bonnefoy@jhm.fr