Une artificialisation plus modérée qu’avant
Suite à la conférence donnée par Julien Fosse, président du centre Inrae Hauts-de-France, jeudi 29 février, au théâtre, jhm quotidien s’est intéressé à l’artificialisation des sols en cité bragarde. Après avoir été considérable, celle-ci semble aujourd’hui plus modérée. Décryptage.
Un mot bien barbare pour définir un phénomène devenu un dilemme des plus cornéliens. Voilà ce qu’est l’artificialisation des sols. S’il y a plusieurs décennies de ça, elle n’était pas remise en question, aujourd’hui, elle l’est de plus en plus. Dorénavant, aussi bien pour Saint-Dizier que pour le reste de l’Hexagone, « il faut s’adapter », selon Julien Fosse, président du centre Inrae Hauts-de-France, venu parler des défis de la lutte contre l’artificialisation des sols, jeudi 29 février, au théâtre. Mais qu’en est-il factuellement ? Comment l’artificialisation des sols a-t-elle évolué en une dizaine d’années ? C’est à ces questions que nous avons voulu répondre, et pour cela, un outil nous a été fort utile : Mondiagnostic artificialisation.
22,8 hectares consommés entre 2009 et 2021
Créée par le gouvernement, cette plateforme permet aux communes d’avoir une vision globale de leur consommation des espaces Naturels, agricoles et forestiers (Naf) sur plusieurs années. C’est ainsi qu’on peut constater qu’en la matière, Saint-Dizier a été bien gourmande au cours de la décennie passée. Selon les données collectées, entre 2009 et 2021, 22,8 hectares ont été consommés. Si en moyenne, cette consommation a tourné autour de plus ou moins un hectare par an, un pic a été observé en 2019 avec 6,7 hectares d’espaces Naf utilisés sur les douze mois. Des territoires bien souvent transformés en habitation, en lieu d’activité ou dans une moindre mesure en route. « Sur la consommation de terres, alors que la ville a perdu des habitants, elle témoigne d’une forme d’étalement urbain préoccupante », constate Julien Fosse après avoir reçu des chiffres plus détaillés sur la question.
Nous ne pouvions pas lui parler d’urbanisme sans évoquer les projets de la cité bragarde et donc de « Réveler Saint-Dizier ». « Puisqu’ils sont envisagés sur des parcelles déjà artificialisées, ils peuvent être considérés comme non impactants », observe le président du centre Inrae Hauts-de-France. Un choix pas initialement fait pour répondre à l’objectif zéro artificialisation nette (Zan) inscrit dans la loi Climat et résilience du 22 août 2021, comme le confie de manière argumentée Franck Raimbault, adjoint à l’Environnement. « C’est un objectif à 2050. Cette année-là, on devrait arriver à ne plus consommer d’espace ou si on en consomme, il devra y avoir autant d’espaces qui soit renaturés. Le faire là n’apporte pas de crédit pour l’avenir. Donc, on ne peut pas dire qu’on ait pris ça en compte pour « Révéler Saint-Dizier » », explique-t-il. « Mais, cela ne nous empêche pas de vouloir remettre de la nature en ville. »
Une gestion à l’échelle de l’Agglomération
Pour l’élu, la lutte contre l’artificialisation des sols et les objectifs qui lui sont liés est un dossier qui se gère à de plus grandes échelles : celle du territoire nord haut-marnais et de la région. L’Agglomération Grand Saint-Dizier, Der et Vallées, et la Communauté de Communes du Bassin de Joinville en Champagne sont par ailleurs en train de rédiger un schéma de cohérence territoriale. Un document visant à planifier les politiques publiques prenant en compte ce devoir de réduire la voilure sur l’artificialisation des sols. « À l’intérieur, la consommation foncière est prévue », précise Franck Raimbault. « La loi (Climat et résilience, ndlr) nous oblige à une limitation importante, mais le détail de la mise en œuvre de cette mesure n’est pas encore connu. C’est la Région qui fixe les modalités ». Pour ce qui est de la conciliation entre urbanisme et écologie, le défrichage est donc encore loin d’être terminé…
Dominique Lemoine
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