A 91 ans, impossible d’utiliser seule sa nouvelle chaudière… et de payer pour que ça change
Un parent convainc Michelle, 91 ans, qui habite un village haut-marnais isolé de l’arrondissement de Chaumont, de changer sa chaudière à fuel pour un modèle à pellets. Il lui commande la même que la sienne. Sauf que ce modèle demande notamment d’avoir les muscles pour la charger.
« Tu vas avoir des subventions ». La chaudière à fuel fonctionne parfaitement, mais si ce proche parent conseille à Michelle de la changer sans trop de frais, pourquoi pas. Le conseilleur a acheté le même modèle à l’hiver 2022, précise-t’elle. Voilà comment, le 18 juillet 2023, une chaudière à pellets toute neuve entre chez cette villageoise haut-marnaise de 91 ans. Le même jour, elle règle 900 € par chèque, somme qui sera débitée de son compte le 3 août. Sa facture indique le prix de la nouvelle chaudière : 18 900 €, avec un « reste à payer » de 2 900 €, dont les 900 € dont elle s’est acquittée – elle suppose que la différence correspond à une aide de l’État. « On devait revenir pour la mettre en route ». Ce sera finalement un autre parent qui s’en chargera… le 17 octobre. Toujours sans certificat de conformité, Michelle le réclame par lettre recommandée avec accusé de réception, le 15 décembre 2023. « Aujourd’hui, je ne l’ai toujours pas reçu ». Elle s’en est inquiétée quand elle a voulu charger la chaudière pour la première fois. Elle a alors réalisé que c’était peine perdue. Il lui faut en effet porter des sacs de pellets de 15 kg pour les hisser dans la cuve d’alimentation située à environ un mètre de hauteur. « Ce modèle est inadapté », résume-elle pour indiquer qu’il manque une « vis sans fin ». « Je dois toujours faire appel à des voisins ». Sans compter que la chaudière neuve ne lui permet pas, comme la précédente, de chauffer partiellement sa maison : « c’est toutes les pièces ou bien aucune ».
Une « adaptation » à 5 000 €
« Quand, le soir de la pose, qui a pris une journée, j’ai donné mon chèque, on m’a fait signer un document dont j’ai demandé le double. On n’avait pas le temps, mais on allait me l’expédier… Je n’ai jamais rien réceptionné et j’ignore ce que j’ai signé ». Un technicien prestataire du fournisseur se déplace chez Michelle le 4 janvier et établit que pour « adapter » la chaudière, il en coûte 5 000 €. Une somme aussi astronomique qu’inattendue, Michelle téléphone au fournisseur le 16 janvier. C’est avec une hotline qu’elle est mise en relation. On lui assure qu’on la rappellera. Sans nouvelle, elle recompose le numéro de téléphone, le 29 janvier. Pour entendre la même réponse. Sachant que, conjointement, la nouvelle chaudière… ne fonctionne plus. Le parent qui lui a recommandé de l’acheter viendra à son secours, en expliquant qu’ « on (lui) a dit de venir la nettoyer ». Sur ce modèle, cette tâche doit en effet être effectuée souvent, et avec une régularité d’horloge. Dans l’impossibilité d’établir un contact avec le fournisseur, Michelle prévoit de se rapprocher du conciliateur de justice. En attendant, elle croise les doigts pour toujours trouver une âme serviable qui lui permette d’utiliser sa chaudière…
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Voie du conciliateur
Le conciliateur de justice peut « débloquer » la situation dans laquelle se retrouve Michelle, en la convoquant avec l’autre partie. Dans cette hypothèse, Michelle doit faire état de son préjudice financier. Si la concilation échouait, celle-ci pourrait éventuellement poursuivre l’entreprise. Prodiguer des conseils relève d’un seul juriste, vers lequel le conciliateur peut orienter Michelle.