Le Camping-car du cœur, battre les campagnes
DANS LA VOITURE DE… Vendredi 1er mars, jhm quotidien s’est embarqué dans la fourgonnette de Prescillia et Frédéric Rosa, du Camping-car du cœur. Cet accueil de jour mobile, lancé en mars 2023, va à la rencontre des personnes précaires dans la ruralité. Un job à plein temps.
« C’est les gens en rose ! » Les membres du Camping-car du cœur, accueil de jour mobile lancé au printemps 2023, ont souvent entendu cette phrase. Il faut dire que lorsqu’ils se déplacent, avec leur gilet rose fluo, ils sont durs à manquer. Les bénéficiaires de l’association sont des personnes en grande détresse, sociale, économique, psychologique. Le plus souvent à la rue, ils trouvent auprès des cinq bénévoles un soutien complet, du dépannage alimentaire à l’aide administrative. Prescillia Rosa, 33 ans, est à l’origine de l’initiative, vite suivie par son mari Frédéric, 43 ans. En attendant de pouvoir financer leur camping-car, les deux Bragards nous embarquent dans leur fourgonnette, vendredi 1er mars, pour une tournée.
Précarité rurale
Quelque part à Planrupt, Abigaël*, 44 ans, nous attend. Elle rembobine : « J’avais mis sur Facebook que je cherchais à prendre une douche, nous nous sommes vus le jour même, on a passé au moins deux heures à discuter. » C’était en août 2023, et depuis, le contact ne s’est jamais rompu. Du plus insignifiant, comme quand Frédéric lui explique comment planter un rosier, au plus grave, à l’image de cette soirée où le Camping-car du cœur est allé aider Abigaël à rejoindre l’hôpital, l’assistance est permanente. « Sans eux, je ne serais sûrement plus là aujourd’hui », confie la quarantenaire, pendant qu’elle caresse Némo, son cheval.
Pour Prescillia Rosa, travailler auprès des plus démunis est apparu comme une évidence, au moment de la crise du Covid-19, synonyme pour elle de dépression. « En milieu rural, les gens ont encore plus besoin d’associations comme la nôtre. La précarité n’existe pas que dans les villes », assure-t-elle. Forcément, avec six bénéficiaires réguliers, et une douzaine de manière plus ponctuelle, l’investissement est total.
Dur de faire pause
S’ils parviennent à s’allouer un peu de temps, notamment pour leur fille de 14 ans, les deux responsables sont en permanence sur le qui-vive. Même les jours de repos – comprendre, sans tournée – sont rythmés par l’administratif, la recherche de sponsors et de donateurs, le maintien du contact téléphonique avec les bénéficiaires les plus fragiles. Prescillia Rosa le concède, elle dort peu. Il en va de même pour son mari. « Tout le monde me dit qu’il faut couper, faire des pauses, mais j’ai beaucoup de mal », confesse Prescillia, alors que nous faisons route vers Bettancourt-la-Ferrée, pour rejoindre une autre bénéficiaire.
« Prescillia a toujours été là pour moi », assure Prune*, ladite bénéficiaire. Ancienne toxicomane qui a rencontré le Camping-car du cœur alors qu’elle faisait la manche aux abords d’une grande surface, la trentenaire va bientôt emménager dans son appartement, pour se relancer dans la vie. Prescillia et Frédéric Rosa ne sont pas étrangers à ce renouveau. Soutiens moraux et aides précieuses dans les démarches pour trouver un logement, ils se sont dévoués. « Quelqu’un d’étranger qui nous soutient à ce point, ça fait bizarre, mais ça fait du bien », assure Prune.
En quête du camping-car
Pour encore améliorer le soutien proposé, mettre une douche à disposition des bénéficiaires – et que le nom de l’asso soit cohérent – il va falloir acheter un camping-car. C’est prévu, mais il faut réunir les fonds. « On peut en trouver autour de 30 000 € d’occasion, mais quand même en bon état », chiffre Frédéric. Les demandes de subventions ont été faites. En attendant, les bénévoles de l’association continuent de sillonner les routes haut-marnaises, au plus près des précaires.
Dorian Lacour
* Les prénoms ont été changés.
Vous pouvez contacter le Camping-car du cœur au 06.17.34.38.20 ou par mail à lecamping-carducoeur@sfr.fr
