Catelle Mourgues, plus vieille que son âge
Aujourd’hui, Catelle Mourgues a 20 ans, ou plutôt, puisqu’elle est née un 29 février, 5 ans. Anniversaire bissextile oblige, la Bragarde exilée à Nancy pour ses études n’a pas l’occasion de souvent le fêter à la bonne date. Une particularité qu’elle a appris à chérir, dans une vie effrénée.
Il paraît déjà loin, le temps où elle avalait les kilomètres, à la nage, en courant ou à vélo. Catelle Mourgues, habituée des pages sports de jhm quotidien pour ses prouesses de triathlète, a mis sa carrière en pause, pour se concentrer, à l’orée de ses 20 ans, sur ses études. N’allez pas croire qu’elle s’est laissée appesantir par la vie étudiante, souvent synonyme de couchers tardifs et de fièvre alcoolisée. Parce qu’elle est en prépa scientifique, à Nancy, en vue d’intégrer une école d’ingénieurs. Un cursus exigeant, où avoir son passé de sportive n’a rien de superflu.
Savoir relativiser
« Ça m’a appris à me détacher du chrono, et des notes. Ce n’est pas parce qu’on échoue une fois que la Terre s’arrête de tourner », philosophe-t-elle lors de notre entretien en visio, mercredi 21 février. Soyons honnêtes, ses performances ne sont pas l’objet premier de l’appel. Ce qui démarque Catelle Mourgues de pas mal de personnes nées en 2004, c’est qu’elle a vu le jour le 29 février. « Elle est arrivée en avance, elle aurait dû naître le 12 mars », se souvient son père, Bertrand Mourgues.
Voilà qu’un premier désaccord émerge entre ses parents. La maman, prof de sport, milite pour célébrer l’anniversaire de son aînée le 28 février. Le papa, tout aussi prof de sport, préfère le 1er mars. Après des débats que l’on a du mal à envisager électriques, c’est décidé, la famille Mourgues le fêtera deux fois. « Mais quand il y a un 29, on marque le coup, c’est obligé », sourit l’étudiante, cheveux plaqués et veste bleu roi, dans une salle à la lumière sans âme de sa prépa nancéienne. On imagine le soulagement du couple quand la cadette, Soline – elle aussi régulière de nos pages sports – est arrivée un 3 avril.
« Quand j’étais petite, je prenais ça comme quelque chose de négatif, parce que je n’avais pas “mon jour à moi”. Mais maintenant j’en suis fière, les gens ne l’oublient pas, on m’associe à ma date de naissance », s’amuse Catelle. Chez ses camarades de prépa, l’indécision persiste. « J’aurais plutôt tendance à lui souhaiter le 1er mars, parce que le 28 février, c’est trop tôt… », tente Agathe, l’une d’elles.
Catelle, adulte avant l’heure
Le reste de l’année – bissextile ou non – Catelle Mourgues mène sa vie à vitesse grand V. La prépa, forcément. Le sport, aussi, dont elle a mis l’aspect compétitif de côté, mais qu’elle pratique toujours avec plaisir. Il faut dire qu’elle a pris sa vie en main très tôt, quittant le cocon familial pour aller en sport-étude à Reims, à peine sortie du collège. « Mes parents ont eu un peu de mal à comprendre, au début, mais ils m’ont soutenue », assure-t-elle. « Elle n’était pas non plus à l’autre bout de la France, elle rentrait tous les week-ends, donc ça allait, ce n’était pas un déracinement complet », prolonge son père.
Lève-tôt et couche-tôt, celle que son amie Agathe qualifie de « solaire et déterminée », passe beaucoup de temps dans les covoiturages, pour revenir sur ses terres natales de Saint-Dizier. Il faut dire que les grandes villes, ce n’est pas trop son truc. Le Lac du Der, par contre, elle adore.
Et dans dix ans – ou plutôt douze ans, pour que se présente un 29 février – elle se voit où ? « Je bosserai dur, peut-être dans une start-up, dans une ville comme Clermont-Ferrand pourquoi pas », anticipe Catelle, avec une maturité ébouriffante. Après notre entrevue, elle a un devoir surveillé d’informatique. « Je n’aime pas trop ça », concède la discrète sur les réseaux sociaux. Puis, elle s’accordera quelques jours de vacances, en famille, près de Montpellier. L’occasion de souffler… ses bougies.
Dorian Lacour