Mettre du bon sens dans ses projets avec le CAUE
Acheter un bien à rénover ou mener un projet dans sa maison peut devenir un vrai casse-tête pour les particuliers et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE) est une ressource que peu de gens connaissent et qui, pourtant, peut se révéler être une aide très précieuse.
Voilà un acronyme que l’on croise souvent lorsqu’il s’agit de projet mené par des collectivités, mais, ce qui est encore peu connu, c’est l’aide que le CAUE peut apporter aux particuliers. Ce service public peut effectivement être une bonne ressource lorsque l’on veut se lancer dans un projet de rénovation, d’aménagement, d’extension d’un bien ou d’un jardin, entre autres.
Des permanences gratuites
En effet, dans ce type de projet il y a ce dont on a envie et ce qui est réalisable. En Haute-Marne c’est une équipe de cinq personnes qui est là pour conseiller, informer, guider. « Nous sommes une petite équipe pour tout le département avec, pour certains, des spécialités bien distinctes. Nous avons trois architectes conseil : Carine Duplessis, qui est également notre coordinatrice opérationnelle ; Manon Torraille et Pascale Dubois, qui est prestataire sur la zone nord. Joana Da Cruz Amancio, est notre urbaniste, plus axée sur le dispositif “Petites villes de demain”, la rénovation énergétique et le Plan école et, enfin, Christophe Devin, qui est spécialiste biodiversité-environnement », détaille Anne Leduc, conseillère départementale et présidente du CAUE depuis 2021. Une petite équipe, certes, mais avant un grand champ d’expertises qu’elle met à la disposition des demandeurs. « Nous avons reçu 153 personnes en 2022 qui sont venues demander un conseil ou une sensibilisation. Tous nos conseils au bureau ou aux différentes permanences que nous tenons sont gratuits et si nous devons nous déplacer, nous demandons une adhésion à l’année de 35 € », souligne Carine Duplessis.
Une aide à la réflexion
Une participation symbolique lorsque l’on a un projet qui peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros. « Nous avons des demandes pour la construction, la rénovation, l’extension d’une maison ou d’un garage ou encore la pose de panneaux photovoltaïques. Les sujets sont très variés et nous sommes d’abord là pour proposer une écoute et apporter de la pédagogie car il y a une méconnaissance des constructions traditionnelles qui ont des règles techniques et de bon sens. Par exemple, dans la rénovation d’une ancienne ferme, bien souvent les gens souhaitent ajouter des ouvertures, mais s’il y a un mur aveugle c’est qu’il y a une raison. Bien souvent c’est parce qu’il est orienté au nord et on ne crée pas d’ouverture au nord pour des raisons thermiques. C’est du bon sens », appuie Carine Duplessis.
A cela s’ajoutent, bien souvent, les contraintes liées au secteur sauvegardé ou au périmètre “Monuments historiques” qui vient encore alourdir le parcours administratif (lire en encadré). On le voit, l’aide des professionnels du CAUE évite parfois les mauvaises surprises que de tels projets peuvent engendrer. « Nous avons deux types d’actions avec les particuliers : soit en amont, c’est-à-dire avant l’achat du bien ; soit sur un bien déjà acquis et pour lequel les propriétaires ont déjà des idées. Parfois je viens un peu casser le rêve mais on peut toujours rebondir et trouver des solutions, nous sommes là pour cela. Nous ne nous substituons jamais aux architectes auxquels les particuliers ont l’obligation de faire appel dès que le projet dépasse les 150 m2, mais nous pouvons faire des propositions qui éviteront les écueils en amont. Notre proximité avec l’ABF et nos connaissances permettent de faciliter un peu le cheminement administratif. »
Facilitateur essayé et approuvé
Parmi les personnes qui s’en sont remis au CAUE, Vincent Bardeau avait un projet à Langres. Ayant acquis un bâtiment en très mauvais état sous les remparts à Langres, il souhaitait le reconstruire à neuf. « J’avais beaucoup de questions notamment en raison du secteur sauvegardé et de l’ABF. Je suis allé au CAUE et leur conseil m’a fait gagner beaucoup de temps dans ce dossier et on le sait dans ce type de projet, le temps est une donnée importante. Je n’ai finalement pas mené celui-ci mais si je devais me relancer je repasserais par les services du CAUE. »
Eric Vigneron a, quant à lui, acheté un bien dans un quartier en secteur sauvegardé à Châteauvillain. « J’ai acheté cette maison avec un colombier du XVIIe siècle classé au titre des Monuments historiques, dans un village labellisé “Petites cités de caractère”, donc avec un cahier des charges assez conséquent. J’avais une partie de mur qui s’écroulait je suis allé en mairie et on m’a dit de faire une demande de travaux. Très vite l’ABF intervient et fait ses préconisations très onéreuses. J’ai appelé le CAUE et on m’a indiqué qu’il existait une aide via une opération façade et orienté vers Soliha qui gère toutes les demandes de subventions. Une aide qui m’a bien aidé dans ces travaux. A cela s’ajoutait un appentis, accolé au colombier, dont le toit commençait à se creuser et qui menaçait. J’ai également demandé à Carine Duplessis ce qu’il était possible de faire et elle a réalisé un avant-projet argumenté en tenant compte du caractère classé du colombier et j’ai obtenu l’autorisation de le réduire de moitié. Un véritable conseil pédagogue et pointu qui m’a permis de passer les obstacles administratifs plus facilement et surtout de mieux connaître l’histoire de ma maison. »
Patricia Charmelot