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Un « ange gardien » des soldats d’Afghanistan témoigne

Pierre-Yves Le Viavant (au centre, lors de la visite de la Première ministre) commande aujourd’hui le 61e RA de Chaumont. (Photo d’archives).

« Le premier récit d’une unité de drones de l’armée française » paraîtra vendredi 1er mars 2024. Son auteur : un Chaumontais, le colonel Pierre-Yves Le Viavant, chef de corps du 61e régiment d’artillerie.

On le sait depuis la parution des mémoires des témoins des guerres napoléoniennes – Marbot, d’Espinchal, Gonneville : les militaires excellent dans la relation de leurs campagnes. La différence notable entre ces glorieux auteurs du passé et Pierre-Yves Le Viavant, c’est que ce dernier n’a pas attendu la retraite pour coucher ses souvenirs sur le papier : il est toujours en activité. La parution, vendredi 1er mars 2024, aux éditions Les Belles lettres, de son livre retraçant six mois d’opérations en Afghanistan constitue donc un évènement remarquable.

« Pilote de drone » – le titre ce cet ouvrage -, c’est, explique l’éditeur, « le premier récit d’une unité de drones de l’armée française ». Un univers que l’auteur connaît particulièrement bien : le colonel Le Viavant commande aujourd’hui l’unique régiment de drones de l’armée de terre, le 61e régiment d’artillerie de Chaumont, où il a servi à plusieurs reprises.

Indispensables

En 2010-2011, il était capitaine au sein des Diables noirs, et c’est en sa qualité de commandant d’unité (la 4e batterie) qu’il a été amené à opérer en Afghanistan pendant six mois. Certes, avant cette projection, le 61e RA avait déjà eu l’occasion de déployer ses « avions sans pilote », particulièrement en ex-Yougoslavie. Mais c’est bien lors de cette guerre, l’une des plus meurtrières pour la France depuis l’Algérie – 90 victimes, entre 2002 et 2014 -, que les drones allaient démontrer combien ils étaient indispensables.

Renseignement

En Afghanistan, le détachement SDTI est en effet apparu comme un « veilleur du ciel », un « ange gardien pour nos frères d’armes ». Un « ange gardien » qui avait fait défaut quelques années plus tôt, lorsque la tragique embuscade d’Uzbin avait coûté la vie à onze soldats français dont un interprète, dans la nuit du 18 au 19 août 2008. Pendant toute sa mission, le 61e RA allait révéler toute l’importance que revêtait le renseignement d’origine image pour permettre aux fantassins de progresser, en territoire hostile, avec un maximum de sécurité. Avant l’Afghanistan, « il fallait convaincre nos chefs et les autres soldats de l’apport de nos machines », rappelle le colonel Le Viavant. Après cette projection, cela ne fut plus nécessaire. 

Sur la piste des otages

C’est cette importance, mais aussi et surtout le quotidien de soldats haut-marnais – confrontés, cinq jours après leur arrivée, à la mort d’un premier camarade appartenant à une autre unité -, que raconte, et plutôt bien, l’officier. Dans un style en effet agréable, Pierre-Yves Le Viavant rappelle ces missions inlassables dont l’une a permis, fortuitement, de recueillir des informations de la plus haute importance sur les deux otages français. Mais le militaire n’oublie pas que derrière ces machines, qui « ont leur immatriculation […], leurs surnoms, leurs caractères aussi », il y a d’abord et avant tout des Diables noirs qui, comme lui, ont « été grandement marqués par notre engagement ».

L. F.

Trois questions au colonel Le Viavant

Jhm quotidien : Comment est né ce projet éditorial ?

Pierre-Yves Le Viavant : J’avais tenu un journal pendant ma mission, sur l’activité opérationnelle, sur la vie du détachement. C’était une matière brute que j’ai fait lire à mon père, qui l’a trouvée intéressante. Je l’ai donc réécrite pour en faire un récit qui intéresserait les lecteurs. Et j’ai trouvé, en 2022, un éditeur qui avait déjà publié des ouvrages de ce genre.

Jhm quotidien : Pourquoi avoir voulu témoigner ?

P.-Y. Le V.  : Les livres que j’avais lus sur les drones étaient exclusivement anglo-saxons. Il y a beaucoup de fantasmes sur ces machines qui seraient des « drones tueurs », déshumanisés. Mon détachement se composait de 45 personnels, et à travers quelques exemples représentatis des spécialités, j’ai souhaité décrire, de l’intérieur, ce que fut la vie d’une unité.

Jhm quotidien : Vous êtes toujours en activité. Vous n’avez pas rencontré de difficulté auprès de votre hiérarchie pour écrire ce livre ?

P.-Y. Le V.  : Non, et au contraire : l’institution encourage ses officiers à témoigner de leurs expériences. Et notamment pour cette raison évidente : avec la fin du service national, l’armée n’est pas si connue que cela. Pour écrire ce livre, il a suffi de prévenir ma hiérarchie. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à avoir écrit sur une campagne et être toujours en activité. C’est le cas par exemple de Jean Michelin, qui commande le régiment de tirailleurs d’Epinal.

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